En 2000, Ghostface Killah négociait l’entrée dans le nouveau millénaire avec son chef-d’œuvre : « Supreme Clientele ». Le membre fondateur du légendaire Wu-Tang Clan renoue avec le génie fulgurant du groupe en s’associant à la production d’un RZA au sommet de son art. En solo, Ghostface Killah entre définitivement dans la cour des grands.
Avant l’an 2000, à New-York, le hip-hop, c’était le Wu-Tang Clan. Ok, pas que, il y avait aussi Nas, A Tribe Called Quest, Mobb Deep, Mos Def, mais tout de même. Depuis la sortie du légendaire Enter the Wu-Tang (36 Chambers), en 1993, les originaires des quartiers de Staten Island et de Brooklyn régnaient en maître sur les charts. Le groupe a été l’architecte d’un retour au premier plan du rap East Coast, face à la domination de la West Coast, en imposant un style de production virtuose, piloté par RZA, et des personnalités hyper-fortes qui inspireront à peu près toute la scène hip-hop à venir. Parmi elles, GZA, Raekwon, Ol’ Dirty Bastard, et… Ghostface Killah. L’un des plus incroyables membres du Wu-Tang, qui trône tout en haut du podium des pseudos qui déchirent le plus.
« Supreme Clientele » : Ghostface Killah, maître de l’an 2000
Ghostface Killah avait déjà largement posé les bases de sa carrière solo avec le hip-hop incisif et sombre de Iron Man, paru en 1996, sur lequel il est largement accompagné de ses potes du Wu-Tang et de la production de RZA. Le rappeur renouvelle l’exercice quatre ans plus tard, pour accoucher d’un véritable classique : Supreme Clientele. C’est avec ce disque essentiel que Ghostface Killah négociait le nouveau millénaire avec RZA aux commandes d’une bonne partie de la production. Y’a pas à dire, c’était une sacrée belle négociation…
Porté par le single « Apollo Kids« , Supreme Clientele, est un long-format de 21 titres parfaitement maîtrisés dont seul Ghostface Killah avait le secret. C’est la preuve enregistrée de l’aisance et de la volonté du rappeur à créer sa propre carrière tout en gardant un œil dans le rétro, sans renier son passé au sein du Wu-Tang. Bien au contraire, comme ils avaient l’habitude pour chacun de leur projet solo, la plupart des autres membres du groupe new-yorkais sont présents en featuring sur l’album.
Un classique du hip-hop aussi divers que cohérent
Comparé à Iron Man, plus épuré, plus froid, la production de ce deuxième disque solo est sophistiquée. Les instrumentaux sont classieux, clinquants, l’ensemble est extrêmement peaufiné. Surtout, Supreme Clientele réussit à réunir des morceaux très différents dans un tout cohérent et fluide. Des hits minimalistes pour les clubs (« Cherchez La Ghost« ), se retrouvent complètement aux côtés d’exercices de rap à cinq sur le micro. (« Wu Banga 101« ).
Tout culte qu’il est, le chef-d’œuvre de Ghostface Killah n’est pas forcément facile d’accès. Si vous ne le connaissez pas, mais que vous êtes curieux‧euses (ce qui ne fait aucun doute), il vous faudra peut-être plusieurs écoutes pour l’apprivoiser complètement. Le truc, c’est qu’une fois que vous aurez glissé un pied dans le porte, il y a de fortes chances que vous y mettiez le deuxième : c’est là que vous serez un‧e client‧es ou très satisfait‧e…