Hier soir, c’était la 67ᵉ cérémonie des Grammy Awards, qu’on ne présente plus. Comme d’habitude, des stars se sont pointé‧es de tous les côtés et une ribambelle de prix a été décernée. Parmi les nominé‧es… les Beatles. Dissous en 1970, le groupe est revenu d’entre les morts avec “Now and Then”, un morceau fabriqué avec l’aide de l’IA.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, plus de 55 ans après leur séparation et des décennies après le décès de la moitié de ses membres, les Beatles ont bien participé à la 67ᵉ cérémonie des Grammy Awards, organisée hier soir à Los Angeles. Les originaires de Liverpool ont été nominés dans la catégorie « Chanson de l’Année » et « Enregistrement de l’Année« , deux des quatre récompenses les plus prestigieuses des Grammy Awards, et ont remporté le Grammy de la « Meilleure Performance Rock« .
« Now and Then » : la maquette ressuscitée de John Lennon
Cet exploit a été rendu possible par « Now and Then« , un single signé par le groupe et publié en novembre 2023… Mais qui date en réalité de 1978. C’est John Lennon qui avait enregistré la fameuse maquette chez lui, deux ans avant de se faire assassiner par Mark David Chapman à New-York. Le Los Angeles Time raconte : « Pendant des décennies, la ballade a fait figure de Saint-Graal pour les fans des Fab Four : leur toute dernière chanson ensemble.” En 1995, le groupe avait déjà envisagé la démo du titre comme point de départ pour l’un des trois volumes de la Beatles Anthology, mais sa restauration a été rapidement abandonnée, faute d’une technologie plus avancée…
Le retour des Beates… Grâce à l’Intelligence Artificielle
La nouvelle version de « Now and Then » a nécessité un travail d’orfèvre de la part des techniciens. Paul McCartney et Ringo Starr, les deux membres encore en vie du quatuor, ont participé au projet, ainsi que Giles Martin, le fils de George Martin, producteur historique du groupe et parfois qualifié de « 5ᵉ Beatles« . La maquette initiale du titre était connue pour être brouillée par quantité de bruits parasites (bruits de télévision en fond…), il a donc fallu faire appel à l’Intelligence Artificielle, non pas pour composer, mais pour isoler tous les instruments. Une prouesse technique, rendue possible par l’utilisation d’une technologie de restauration audio assistée par apprentissage automatique commandée par Peter Jackson pour The Beatles: Get Back, une docusérie-fleuve sortie en 2021. Le réalisateur s’est d’ailleurs chargé de la réalisation du clip de « Now and Then« , là aussi en utilisant l’IA, pour un résultat… plutôt bizarroïde.
« Je crois que l’IA est un peu comme le nucléaire »
Le recours aux Intelligences Artificielles génératives dans le champ musical suscite néanmoins de nombreux débats. Interrogé sur ce point par le Los Angeles Time, Giles Martin explique : « Je crois que l’IA est un peu comme le nucléaire. Nous maîtrisons la scission de l’atome, mais est-ce une bonne chose ? Oui, si c’est pour produire de l’énergie, non si c’est pour confectionner une bombe. Pour ma part, quand j’ai entendu la voix de John [soudain mise à nu sur l’enregistrement d’origine, grâce au travail de nettoyage mené], j’ai eu l’impression qu’il était dans la pièce. C’est presque l’inverse de ce qui est proposé d’habitude avec les IA.” Le quotidien américain précise en tout cas que la Record Academy, en charge des Grammy Awards, s’est dotée de règles explicites sur le sujet. “Seuls des créateurs humains” peuvent remporter des trophées, et “la paternité artistique de l’humain doit être significative dans l’œuvre soumise à candidature”. En outre, “une œuvre qui ne présente aucun auteur humain n’est éligible dans aucune catégorie”.