Sans surprise, « Le Comte de Monte-Cristo », « L’Amour ouf » et « Emilia Pérez » étaient sur toutes les lèvres hier soir, à l’occasion de la révélation des nommé‧es aux Césars 2025. Nous, on retient surtout les 4 nominations de Louise Courvoisier pour « Vingt Dieux », un premier film à l’histoire dingue, qui (et c’est tellement rare) regarde la campagne sans le misérabilisme habituel. Évidemment, la réalisatrice a une histoire aussi intéressante que celle qu’elle a créée.
Qui est Louise Courvoisier ? La réalisatrice débarque de (presque) nulle part avec Vingt Dieux, un premier film qui fait un giga-carton et qui vient de récolter 4 nominations aux Césars 2025. Sorti le 11 décembre 2024, Vingt Dieux, c’est l’histoire de Totone, un glandeur de 18 ans qui se retrouve soudain à devoir s’occuper de sa petite sœur et se met en tête de fabriquer le meilleur comté de la région pour gagner la médaille d’or du concours agricole, avec 30 000 euros à la clef.
Louise Courvoisier, c’est un peu la Ken Loach du Jura
Comme pour l’ensemble de la distribution de son long-métrage, Louise Courvoisier a travaillé avec des acteurs non-professionnels : l’un (Clément Faveau) est apprenti éleveur de volaille, l’autre (Maïwene Barthelemy) étudie en BTS agricole. La réalisatrice les a recruté‧es en casting sauvage, à force d’écumer les bals agricoles et concours motocross de son village natal, dans le Jura. De sa sœur couturière à son frère maréchal-ferrant, jusqu’à ses voisins, Louise Courvoisier a impliqué tout le monde dans la réalisation. Une méthode de travail authentique, pour un Vingt Dieux tout aussi cru que tendre, qui évite le sentimentalisme gênant si souvent retrouvé dans les fictions sur les milieux ruraux et populaires. D’ailleurs, il paraît qu’on appelle Louise Courvoisier la Ken Loach du Jura…
De la ferme familiale à la CinéFabrique de Lyon, jusqu’aux Césars
Née à Genève, la réalisatrice a grandi à la ferme, à côté de la commune de Cressia. Ses parents, anciens musiciens baroques professionnels, cultivent des céréales pour produire leur pain, sans tracteur. Les cinémas sont tous trop loin, la petite Louise se regarde donc Pirates des Caraïbes en DVD et s’invente des histoires… À 15 ans, direction l’internat de Besançon, avec une option cinéma – art « auquel elle ne connaît rien« , en tout cas pour le moment. Elle part ensuite à Lyon faire ses armes à la CinéFabrique, qui et à la recherche de profils nouveaux pour faire sortir le cinéma d’un certain entre-soi.
« Vingt Dieux » : une œuvre qui détonne, à voir absolument !
Refuser l’élitisme du milieu : c’est un pari réussi pour Vingt Dieux et Louise Courvoisier. C’est à en croire ce journaliste de Libération, obligé à se farcir toute la sélection cannoise d’Un certain regard : « Après plusieurs projections à subir du poids lourd auteuriste en plein ego trip d’avant-gardisme chic, ‘Vingt Dieux’ faisait l’effet d’un coup de frais, comme si tout à coup on reprenait pied dans une expérience un tant soit peu compréhensible ou partageable plutôt que de voler en drone au-dessus d’imaginaires en état de décomposition avancée. » Vingt Dieux, c’est donc une méthode et un regard uniques. Nommé aux Césars 2025 pour Meilleur premier film, Meilleure musique originale (signée Charlie et Linda Courvoisier), Meilleur scénario original, et Meilleure révélation féminine (pour Maïwène Barthelemy), Vingt Dieux est toujours en salle. Foncez le voir tant qu’il est encore temps !