Pendant qu’un certain milliardaire cherche à envoyer les humains vivre sur Mars lorsqu’ils auront définitivement détruit la Terre, un autre voit bien l’humanité vivre sous l’eau. C’est l’objectif de Deep, un projet complètement dingue qui a pour objectif de construire une cité à 200 mètres de profondeur sous la mer. Un scénario à la Subnautica, le rêve de Jacques-Yves Cousteau, 60 ans après.
Le 19 avril 1971, l’URSS réussit à placer sur orbite station Saliout 1, la première station spatiale de l’humanité. C’est, simultanément, la première fois que des êtres humains passent un séjour entier dans l’espace. En 2027, soit près de 56 ans plus tard, l’humanité s’apprête à mettre en place la première station aquatique, qui accueillera tout un groupe de personne pour un séjour de plusieurs mois sous l’eau, sans remonter à la surface.
« Notre but est de rendre l’océan habitable en permanence »
C’est l’idée dingue d’un investisseur milliardaire anonyme, qui aurait voulu voir l’Atlantide exister, et qui se rêve comme celui qui aura rendu possible la colonisation d’un nouveau territoire : les océans du monde entier. Le chef de ce projet baptisé Deep est clair : « Notre but est de rendre l’océan habitable en permanence [et] d’établir des colonies humaines dans toutes les mers du monde. » Pour l’heure, le camp de base est monté au Pays de Galles. Près de Chepstow, le long de l’A48, il est donc possible d’apercevoir des préfabriqués et un parking, qui cachent, derrière, le site de cette incroyable construction de modules d’habitat sous-marins. La zone choisie serait une ancienne carrière, inondée dans les années 90, qui aurait servi à une école de plongée. Aujourd’hui, c’est ici qu’une équipe d’expert.es réalise des batteries de tests.
Les profondeurs marines : des territoires encore inexplorées
Concrètement, l’objectif est d’effectuer sous les mers le déménagement de petites maisons sous-marines, baptisées « Sentinelle » (ça ajoute au côté science-fiction). Ces petites constructions sont des modules submersibles. Les tests effectués dans la carrière se font d’abord à 80 mètre de profondeur, mais l’objectif est d’installer ces habitats sous-marins à 200 mètres sous l’eau. C’est la limite à laquelle se termine la zone de lumière solaire et là que commence la zone crépusculaire de l’océan. C’est là aussi que se trouve l’importance de Deep : encore aujourd’hui, peu est réellement connu de la vie marine à ce niveau de profondeur. L’idée de complexe habitable sous la surface de la mer a pourtant été popularisée dans les années 60. L’explorateur océanographique Jacques-Yves Cousteau a été un pionnier en la matière, en ayant développé de multiples versions de cylindres en acier habitables installées au niveau de plusieurs sites à travers le monde. Bien que Cousteau ait fini par abandonner ces projets pour se consacrer à la préservation des océans, les habitats sous-marins ont continué à susciter de l’intérêt pendant plusieurs années. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que l’enthousiasme pour la vie sous-marine a commencé à s’estomper.
« Il est assez facile d’atteindre le fond, mais une fois que vous y êtes, tout veut vous tuer »
Pour l’instant, la station aquatique est prévu d’être utilisée en tant que laboratoire scientifique. Une fois entraîné⸱es pendant 12 à 18 mois, les chercheur⸱euses seront envoyé.es là-dessous pour mener des études sur la biodiversité marine. Mike Shackleford, le directeur de l’exploitation de Deep, s’amuse un peu de la difficulté de la tâche : « L’espace est difficile d’accès, mais une fois que vous y êtes, c’est un environnement relativement bénin. […] L’océan est tout le contraire : il est assez facile d’atteindre le fond, mais une fois que vous y êtes, tout veut vous tuer« . L’équipe de Deep dispose d’un simulateur de vie sous-marine pour évaluer psychologiquement les habitants potentiels de la « Sentinelle« . Phil Short, responsable de recherche et de formation du projet, précise les choses au Guardian : « Nous pouvons couvrir l’aspect psychologique de la situation : comment se sent-on coincé dans un environnement de la taille d’une petite maison familiale avec cinq autres personnes pendant 28 jours ? Nous pouvons tester cela de manière approfondie. »
Une gastronomie de circonstance
Heureusement, les résident.es de la « Sentinelle » auront a priori la belle vie : chambres spacieuses, salles de bains, toilettes et petite douche sous l’eau inclus. Le projet Deep a même embauché un chef cuisinier, Joe Costa, pour développer un menu de circonstance, puisque l’environnement sous-marin altèrerait drastiquement le goût. Parmi les plats conçus spécifiquement pour les profondeurs : soupe à l’oignon gratiné, bœuf braisé au vin rouge, polenta à la truffe et pudding aux épices.