Il y a généralement deux types de réaction face à la vision du monde de Donald Trump : l’approbation ou la panique. Si le président américain vous terrifie, mieux vaut rire de ses outrances à répétition plutôt que de céder à la peur. À Hong Kong, l’humour prévaut avec un opéra-comique qui fait salle comble. Baptisé « L’Opéra Trump », ce spectacle burlesque et satirique met en scène… Donald Trump lui-même.
L’Opéra Trump est un gigantesque succès. Burlesque, satirique, et bourré d’humour noir, ce spectacle s’inscrit dans la tradition de l’opéra cantonnais, une forme d’opéra originaire du sud de la Chine et véritable pilier de la vie culturelle du Hong-Kong d’après-guerre. La popularité du genre a pourtant culminé autour des années 60, avant de drastiquement perdre en vitesse… Comment expliquer un tel succès dans le Hong-Kong d’aujourd’hui ?
Donald Trump et la recherche du jumeau chinois perdu
Pas grand-chose ne prédestinait L’Opéra Trump au succès. Lancé en 2019, le spectacle explose finalement les compteurs depuis l’année dernière. Son succès tient en fait à la double tentative d’assassinat dont Donald Trump a été victime pendant la campagne électorale américaine, entre juillet et septembre 2024. L’Opéra Trump a été actualisé à deux reprises pour intégrer ces événements à son récit, et c’est cette modernisation qui a attiré les foules. Mis en scène par Edward Li, cet opéra cantonais dure près de 4 heures et débute avec la rencontre entre l’ex-Président américain Richard Nixon et l’ancien dirigeant chinois Mao Zedong en 1972. L’intrigue se concentre ensuite sur un certain Donald Trump, qui part à la recherche d’un supposé jumeau chinois perdu de vue. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un fait également une apparition…
L’opéra cantonais : un art en voie de disparition
L’Opéra Trump fait le plein de spectateurs, mais ça n’empêchera pas l’emblématique théâtre Sunbeam, qui l’accueille, de fermer ses portes le 3 mars. La salle est en grande difficulté financière depuis que l’opéra cantonais soit tombé en désuétude. Le genre, qui met d’ordinaire en scène des histoires et des légendes chinoises, a été supplanté ces dernières décennies par des formes musicales plus modernes. En fait, le Sunbeam aurait même dû fermer depuis longtemps. Le théâtre avait failli mettre la clé sous la porte en 2012, avant qu’Edward Li ne le reprenne. Malheureusement, le succès de L’Opéra Trump ne sera pas suffisant pour sauver le Sunbeam, qui a déjà trouvé des nouveaux propriétaires. Il parait que ces derniers prévoient de le transformer en église évangélique…