Aujourd’hui dans le journal de bord du Festival de Cannes d’Alex Masson, l’évolution historique, sociale et artistique des Femmes à Cannes
Cannes et les femmes, ça n’a jamais été une histoire simple. Il a même longtemps été reproché au plus important festival de cinéma au monde de négliger leur place. Les temps changent. Il y a quatorze ans, Cannes voyait son retentissement médiatique détourné par l’irruption de l’affaire DSK, prémices d’un #MeToo déclenché autour du comportement d’Harvey Weinstein, longtemps un des rois du tapis rouge.
Peu à peu, le festival a fait son aggiornamento jusqu’à cette édition 2025 aux teintes particulièrement féminines, de Juliette Binoche, présidente du jury succédant à Greta Gerwig ou à une présence record de sept réalisatrices en compétition. Mais plus encore, de très nombreux films, toutes sections confondues, ont fait du féminin leur sujet.
Du poids de la violence patriarcale sur quatre générations de femmes allemande dans Sound of Falling, en passant par en passant par l’apprentissage d’une maitresse SM dans Kika ou l’immersion dans un post-partum avec Die, my love, Cannes se fait dense cahier de doléances. Mais c’est surtout le motif du désir féminin au sens très large du terme qui s’y propage. Rencontres qui aident une jeune lesbienne à s’émanciper dans La petite dernière, parcours d’une PMA dans Des preuves d’amour, besoin de reconnaissance dans Que ma volonté sa faite ou éloge de la jouissance dans L’engloutie ne sont qu’un aperçu d’un impressionnant memorandum de revendications portées avec des audaces d’écriture ou de mise en scène qui contribuent à l’indéniable force de cette édition. Jusqu’à la libido d’une thaïlandaise réincarnée en aspirateur dans l’étonnant Useful ghost, qui confirme que désormais la place des femmes à Cannes n’est plus une question, encore moins un objet.