Tous les jours, Alex Masson vous écrit son journal de bord du Festival de Cannes. Aujourd’hui, le film d’ouverture du festival, « Partir un jour » d’Amélie Bonnin
À peine arrivé au 78e festival de Cannes que l’on est déjà invité à Partir un jour. La faute au titre du film désigné par Thierry Frémaux pour en faire l’ouverture. Un choix audacieux, quand sans dénigrer les qualités de feel-good movie du premier long-métrage d’Amélie Bonnin, ses particularités de comédie musicale mezzo-voce (les chansons populaires patrimoniales y sont utilisés comme reflets des états d’âme des personnages) ou son identité de comédie romantique très franco-française laissent perplexe quant au potentiel anecdotique de caisse de résonance internationale pour un film charmant, mais qui aura du mal à franchir les frontières.
Sans compter la position périlleuse, dans le contexte du festival le plus glamour et paillettes du monde, d’un récit vantant les mérites d’un quotidien prolo via le ressentiment d’une chef de cuisine montée à Paris après avoir gagné Top Chef. Autant il faut saluer le choix de Frémaux de mettre en avant la chronique d’une transfuge de classe, autant il n’est pas certain qu’offrir cette opportunité à un film plaisant, entre autres par les tourtereaux ultra-choupinous qu’y forment Juliette Armanet et Bastien Bouillon, servent vraiment un film somme tout poids léger dans le cadre d’un festival à la fois médiatiquement vitrine du luxe et territoire chéri par la bourgeoisie du cinéma.
Plus discret, les festivals levaient un second rideau, celui de Cannes Classics avec un film poids lourd, La Ruée vers l‘or, titre de gloire de Charlie Chaplin, désormais centenaire, mais sans aucune ride, grâce à une mirifique restauration. Un choix moins questionnant, mais plus facétieux, quand son titre fait forcément écho à une compétition qui démarre ce jeudi, avec enjeu pour les cinéastes participants de décrocher une Palme faite du même métal précieux…