Fatma Hassona n’est pas à Cannes, mais vit à travers les hommages publics et documentaires
Fatma Hassona n’est pas présente à Cannes. Le 16 avril dernier, au lendemain de l’annonce de la sélection dans le cadre de l’ACID de Put your soul on your hand and walk, documentaire qui lui est consacré, une bombe israélienne a enlevé la vie à cette photographe palestinienne. Désormais, Fatma est pourtant partout au festival. De l’hommage que lui a rendu Juliette Binoche lors de la cérémonie d’ouverture à des portraits d’elle apparut ici et là sur la Croisette, elle est devenue un symbole. De toute façon, on ne voit qu’elle dans le documentaire de Sepideh Farsi, composé quasi-exclusivement de conversations en face time, enregistrés au long d’une année.
Qu’importe que le dispositif formel de Put your soul on your hand and walk soit ultra-statique jusqu’à l’agacement, la puissance de témoignage qu’il incarne en donnant enfin longuement une parole palestinienne absente des médias européens est fondamentale. Plus encore quand, au-delà du visage rayonnant de Fatma, c’est sa voix qui porte, devenant celle des gazaouis et d’une volonté de vivre malgré tout. Et lorsque les pannes de réseau interrompent de plus en plus ce dialogue, l’image se figeant avant que l’écran de téléphone n’affiche un problème de connexion. Put your soul on your hand and walk rappelle à quel point le monde est en train de terriblement se déconnecter de ce qui se passe là-bas. Fatma Hassona est morte, mais sa présence hante maintenant au-delà du festival.