Aujourd’hui dans le journal de bord du Festival de Cannes d’Alex Masson, une journée chargée de films. Cannes : temps réel ou ressenti ?
Longtemps les festivaliers cannois se sont levés de bonne heure. Condition sine qua non pour avoir accès, quatre jours à l’avance, aux tickets pour la moindre séance via une billetterie en ligne prise d’assaut dès l’aube. Depuis hier, on peut désormais passer un peu plus de temps sur l’oreiller, sursis nécessaire pour survivre au rythme toujours intensif du festival. Ou pour plancher un peu plus sur le casse-tête, pour composer un planning truffé de projections aux horaires se chevauchant. Vaut-il mieux aller voir Dangerous Animals, film de requins ET de serial killer qui ne dure qu’1h38 ou Gael Garcia Bernal voguer sur les mers durant 2h45 dans Magellan, le nouveau Lav Diaz aux airs de court métrage pour un cinéaste habitué à des opus durant jusqu’à plus de 10 h ?
S’ajoute à ce dilemme la question d’un temps réel ou ressenti. Autant les 2 h 50 de L’agent secret, gros favori actuel de la presse pour la Palme passent en un éclair, autant l’une heure 41 de Phoenician Scheme, le nouveau Wes Anderson semble enfermer à vie dans les boîtes à chaussures qui lui servent d’étapes narratives. Cette dilution temporelle se fait encombrante quand la structure d’Alpha, l’aussi attendu que décevant film de Julia Ducourneau s’empêtre dans des allers-retours entre flash-back et présent, épaississant l’opacité de son scénario. Plus gênante encore, la part de tape-à-l’œil de la mise en scène de Sons of the neon night, mauvaise pioche dans les blockbusters d’action asiatique, qui en fait un film particulièrement ronflant. Chose forcément agaçante pour une mollassonne séance de minuit qu’on aurait donc préféré passer… dans son lit.