Des vidéos extraites de commissions parlementaires cumulent ces derniers mois des milliers de vues sur les réseaux sociaux. Mais comment les commissions sont devenues trendy ?
Vous avez sûrement vu les images des commissions parlementaires qui auditionnait des influenceurs TikTok accusés de misogynie et de masculinisme, comme AD Laurent ou Nasdas.
Les chiffres sont similaires pour les précédentes commissions d’enquête, celle sur les violences dans les écoles dans laquelle était interrogé François Bayrou sur Bétharram, celle sur les violences sexuelles dans le milieu culturel, sur la concentration dans les médias…
Les commissions d’enquête semblent tout à coup devenues cool, sexy, dignes d’être données en spectacle dans le paysage médiatique, alors qu’avant, personne ne savait même vraiment qu’elles existaient, ni à quoi elles servaient. Mais qu’est-ce qui a bien pu les rendre tendance ?
L’affaire Benalla puis le scandale ORPEA : début de la tendance
C’est difficile de réellement dater cette tendance. On a remonté tout le fil d’actu de la chaine LCP Assemblée Nationale, et on atteste que le premier extrait de commission d’enquête posté dessus, c’est au moment du scandale ORPEA, avec une commission sur les violences en EPHAD. C’était en février 2022.
Sur la popularité générale, c’est peut-être l’affaire Benalla qui avait propulsé le concept des commissions d’enquête et de leur utilité dans le débat public, comme des éclairages sur des dysfonctionnements d’actualité, souvent sur des sujets de société.
Certains reprochent aux commissions de jouer à la justice, au tribunal. Là où la justice vise à établir des responsabilités individuelles, le Parlement lui fait un rapport, un genre de diagnostic avec souvent des préconisations. Mais parfois, les sujets se chevauchent avec le calendrier judiciaire, comme l’affaire Benalla en 2019, dont l’enquête judiciaire était encore en cours lors de son audition parlementaire. Des éléments qui devaient être gardés secrets avaient alors été rendus publics, donnant une exclusivité d’info aux commissions parlementaires, en pleine heure de gloire. Autre bizarrerie, il n’est pas interdit de mentir devant la justice, or, c’est considéré comme un délit devant une commission.
Commissions parlementaire : une popularité et un rythme multipliés par 10
Des journaux questionnent l’aspect spectaculaire. En fait, on en parle de plus en plus, mais il y en a de fait, de plus en plus : on est passé de 1 par an dans les années 1990 à 10 depuis 2022.
Chaque groupe politique a le droit d’en créer une par an. Dans une Assemblée Nationale sans majorité, où le travail législatif peut être lent et galère, les commissions d’enquête peuvent être une occasion pour les parlementaires de mettre en lumière un sujet.
Le regard médiatique aide à mettre le sujet à l’agenda, en tout cas, c’est une attention du public qui rend les commissions redoutables. Par exemple, le 20 mai, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin a refusé de venir à sa convocation, parlant de ne pas vouloir “faire l’imbécile devant les caméras”. Le petit doigt de Ségo nous dit qu’il avait peut-être peur que quelque chose ne lui échappe ?