Certaines victoires nous touchent particulièrement. Celles par exemple de David contre Goliath, du Petit Poucet ou plus récemment de la tenniswoman Loïs Boisson. Cet amour pour des combattant·es inconnu·es est complètement logique, même scientifique.
Il y a trois jours, une grande partie des Français·ses a été submergée par une euphorie totale avec la victoire du PSG à la Ligue des champions. Quelques jours après, nous revoilà avec cette même vague de fierté face à la nouvelle pépite du tennis mondial, une française inconnue classée 361ᵉ, Loïs Boisson. Il y a quand même une différence : on prend ici notre pied, car on vit ce qu’on appelle l’effet outsider.
L’euphorie des victoires qu’on ne voit pas venir
Cet effet décuple notre joie et rend l’exploit encore plus salvateur. On a envie d’être, auprès de cette sportive dijonnaise, aux premières loges de chacun de ses exploits. Elle qui a été blessée et qui revient de nulle part.
C’est aussi ce qu’on ressent lorsqu’on soutient une petite Nation en coupe du monde et qu’elle crée la surprise. Même si on n’a aucune attache avec ce pays, on s’emballe comme si on avait une nouvelle nationalité.
L’effet Loïs Boisson, un phénomène théorisé par la science
On peut baptiser le phénomène, le temps de Roland Garros, l’effet Loïs Boisson. Il y a des travaux très sérieux qui ont mis en avant cet attrait pour les outsiders.
Les recherches les plus emblématiques sur le sujet ont été menées par Joseph Vandello, professeur en psychologie sociale et ses collègues de l’Université de Floride du Sud. Au milieu des années 2000, le chercheur et son équipe ont convoqué des étudiants américains pour leur poser des questions sur les Jeux Olympiques de 2004. Ils ont dû se prononcer sur leurs préférences de victoires lors de différentes compétitions. 75 % des étudiants ont choisi le pays le moins titré en médaille. Autre conclusion de cette expérience : les outsiders étaient systématiquement perçus comme plus acharnés, plus courageux et plus méritants.
Le rare, le beau, le précieux Petit Poucet
Il y a aussi une explication presque de bon sens : notre émotion est liée à notre mémoire. Celle-ci a tendance à stocker les moments les plus marquants, donc plus rares.
La victoire de l’outsider, du Petit Poucet par exemple, en fait partie.
C’est pour ça qu’au football, une des compétitions les plus populaires est la coupe de France. C’est la seule où des amateurs jouent contre des professionnels. Et chaque année, une équipe composée d’un boulanger, un étudiant et un employé de mairie bat une team de professionnels aux salaires à six chiffres.
Alors, on veut bien continuer à vibrer à Roland Garros. On propose d’ailleurs de féminiser l’expression David contre Goliath. On pourrait dire « faire une Loïs Boisson« , non ?