Dans le journal le Monde, un collectif d’acteur·ice inquiets alerte sur l’ampleur du phénomène de revente de livre. Celui-ci soulève en effet de nouveaux enjeux : celui de nouvelles plateformes, d’un nouveau marché et de nouveaux types de droits.
Le phénomène des reventes de livres fait de plus en plus de vagues. Sur les plateformes d’achat en lignes, les gens en vendent et en achètent beaucoup. On pensait au début que c’était une bonne nouvelle : pour un objet dont on imaginait la mort avec l’arrivée des livres numériques, on trouvait que le marché des livres d’occasion était cool, rassurant, presque frais ! En réalité, son explosion est une vraie plaie pour les auteurs. Il y a même péril en la demeure, pour les maisons d’édition.
Une tribune du Monde sensibilise et alerte sur les plateformes qui tuent la « chaîne du livre ».
Dans le journal Le Monde, au milieu d’une actualité dense, un collectif d’auteur·ices signe une tribune en se disant extrêmement inquiet. Sorj Chalandon, Marie Desplechin, Étienne Davodeau, Catherine Meurisse, ou Olivier Adam sentent que “Le livre d’occasion est en train de cannibaliser en silence toute la chaîne du livre”, “Toutes et tous, nous avons déjà vu notre dernier livre vendu d’occasion sur une plateforme le jour même de sa parution en librairie. La moindre nouveauté existe aussitôt en seconde main à prix cassé, dans le pays du monde le plus attaché au prix unique du livre.”, estiment-ils.
On a donc mené notre petite enquête en surfant sur les plateformes de revente de livre. Prenons en exemple les meilleures ventes actuelles. Elles sont toutes en vente en occasion. Le gros succès du moment, “La très catastrophique visite du zoo de Joël Dicker”, est vendu 19 euros, neuf. En occasion, on peut le trouver à 5,99. C’est moins du tiers de son prix.
Le marché du livre de seconde main, un danger capitaliste
Aujourd’hui, il existe des plateformes françaises spécialisées comme Recycle Livre ou La Bourse aux Livres. Le gouvernement pourrait s’attaquer à elles, en demandant aux plateformes de rémunérer les auteur·ices sur ces achats de seconde main. Problème, ce “ nouveau droit d’auteur”, pourrait largement être esquivé par les énormes plateformes étrangères (pensée particulière à Amazon), qui savent bien esquiver au FISC.
Il faut savoir que 75 % des personnes qui achètent des livres d’occasion ont plus de 35 ans et sont les “CSP +” (les plus hautes catégories socio-professionnelles). Ce sont donc bien les classes sociales les plus aisées qui achètent de l’occasion. Dans le milieu de l’édition, des professionnel·les de la filière du livre rêvent de tout casser et de créer un nouveau modèle, une révolution qu’on suivra de près dans T’as vu l’heure !