Politique des sentiments ou tout court, il n’est jamais simple de faire bouger ses lignes.
L’amour c’est surcoté, rom-com juste et moderne
La comédie romantique est un des genres les plus cuisinés du cinéma, sans doute celui qui s’est le plus adapté au gré des époques, à leurs mœurs, pour préserver sa modernité. Mais qu’est-ce qui fait une bonne rom-com ? Évidemment, un rythme qui permette de maintenir les atermoiements entre tourtereaux au-dessus du vaudeville basique. Et surtout cette adéquation, cette capacité à être en phase avec les questionnements de ses spectateurs. Dès son titre, L’amour c’est surcoté embrasse le bordel qu’est devenu le mode relationnel de l’époque, entre approche par la tchatche, crainte de l’engagement ou simplement d’entrer dans l’âge adulte en se mettant en couple. Anis bloque sur les deux, figé par le traumatisme de la mort d’un pote d’enfance. Madeleine, plus campée, va le pousser à l’introspection. L’amour c’est surcoté organise des échanges façon ping-pong entre ces deux-là pour mettre à plat toutes les interrogations du moment, et façonner le portrait-robot d’une génération qui n’a plus trop les codes de la rencontre, entre facilités de Tinder et méfiance envers les sentiments. Mourad Winter reformule joliment la rom-com comme la thérapie d’un trentenaire pour se débarrasser des atavismes de la masculinité. Et si L’amour c’est surcoté fera forcément penser à la saison 2 de Bref, ce n’est pas uniquement par la présence de Laura Felpin décidément épatante dans des rôles de jeunes femmes recadrant un homme, mais par cette même envie de dessiner avec justesse une carte du tendre contemporaine et ses cahots.
J.D Vance, le baratineur d’Une ode américaine trumpiste
S’il y en a un qui a fait lui aussi bouger ses lignes, c’est bien J.D Vance. L’actuel vice-président américain devenu thuriféraire de Donald Trump fut, avant l’accession à la Maison-Blanche, un farouche opposant au candidat autobronzé. Son histoire personnelle avait de quoi le laisser dans ce camp. Vance avait raconté dans une autobiographie son parcours de transfuge de classe, issu du milieu redneck le plus profond, pour devenir un diplômé de Yale et grimper les échelons du monde politique. Le bouquin avait donné lieu à un discret biopic, bien que signé par le cador Ron Howard et rempli de stars hollywoodiennes, qui réapparait ces jours-ci en tête de gondole de Netflix. Une ode américaine raconte pourtant différemment la transition vers le conservatisme. La fuite de Vance pour s’échapper de son milieu mue en nouveau Roman national pour faire de la complainte d’une Amérique rurale paupérisée le socle du trumpisme. Quelques mois après le début du second mandat de Trump, mais dans moins de deux ans avant nos prochaines élections présidentielles, Une ode américaine, résonne étonnamment avec le pli narratif d’une droite française jurant la main sur le cœur être aux côtés des prolos. Et quelque part avertit du funeste baratin que pourrait être un éventuel biopic d’un Jordan Bardella.
L’amour c’est surcoté en salles le 23 avril. Une ode américaine déjà disponible sur Netflix.