Le sort de l’autoroute A69 se joue le 27 février, entre les murs du tribunal administratif de Toulouse. Les militant⸱es qui ont participé à faire rayonner l’affaire sont naturellement au rendez-vous. Sauf qu’au lieu de rester planté⸱es là avec leurs pancartes, ces écureuils écologistes sont monté⸱es se percher sur des platanes. Mais qui a eu pour la première fois l’idée saugrenue de grimper aux arbres pour protester ? Spoiler : ce n’est pas la France.
Couper ou ne pas couper ? Au tribunal administratif de Toulouse, le temps de l’audience décisive sur l’A69 est venu : les recours des opposants au projet d’autoroute, sont examinés, avec une réponse attendue le 27 février. La juridiction administrative pourrait donc stopper (ou ne pas stopper) ce chantier extrêmement contesté en annulant l’autorisation environnementale. Évidemment, des rassemblements sont prévus tout au long de la semaine… Et depuis le 17 février déjà, Thomas Brail, accompagné d’autres militant⸱es, sont perché⸱es dans les platanes, devant le tribunal. C’est leur méthode de choix pour protester… Sauf qu’elle n’est pas nouvelle du tout !
Le « tree-sitting », c’est pas née de la dernière pluie
Les anglophones ont baptisé cette méthode d’action le « tree-sitting« , qui consiste, comme son nom l’indique, à aller se percher sur un arbre, en bon Maître Corbeau écologiste. Le tout premier « tree-sitting » aurait été organisé en 1969, au campus de l’université d’Austin, par des étudiant⸱es texan⸱es. Les protestations n’ont pas vraiment fait long feu : la police a délogé tout le monde, et les arbres ont été abattus… Attardons-nous plutôt sur les manifestations de la Pureora Forest, deuxième « tree-sitting » de l’histoire, également le premier à avoir été couronné de succès. L’affaire remonte au 18 janvier 1978, en Nouvelle-Zélande. Le Thomas Brail de l’époque s’appelait Steven King (accompagné de Shirley Guildford, et bien d’autres).
Non, ce n’était pas un romancier à succès, mais un botaniste pied-nus, inquiet d’entendre les tronçonneuses rugir dans cette forêt aux arbres millénaires… Le « tree-sit » n’a duré que 6 jours (contre 28 jours pour Thomas Brail) mais a donné raison aux militant⸱es, qui ont obtenu la suspension de l’exploitation, puis son bannissement trois ans plus tard. Aujourd’hui, la Pureora Forest est un parc naturel protégé. Et paf !
Le phénomène Thomas Brail, le visage du « tree-sitting »
Des « tree-sittings« , il y en a eu des dizaines d’autres à travers le monde. C’est dans cette longue tradition de protestation que s’inscrit le Groupe national de surveillance des arbres, ce mouvement créé par les actions de Thomas Brail en 2019. À l’origine, ce grimpeur-arboriste de 48 ans s’était d’abord perché dans des platanes menacés de destruction, dans son village de Mazamet, avant de s’accrocher pendant 28 jours sur le platane (encore un) situé devant le Ministère de la Transition écologique. Rebelote en 2023, quand le militant écologiste a occupé des platanes le long du tracé de l’A69, puis à Toulouse, mais aussi à Paris, toujours en face du ministère situé boulevard Saint-Germain.
Le GNSA et les écureuils-militants modernes
Une multitude de militant⸱es sont né⸱es dans le sillage des actions du GNSA formé par Thomas Brail. La GNSA compte aujourd’hui une soixantaine de groupes locaux, comprenant des professionnels, des cordistes, des grimpeur⸱euses, mais aussi des amateur⸱ices rallié⸱es à la cause et « formé⸱es à la grimpe« … Parce que si le « tree-sitting » est une action non-violente, ça n’en est pas moins dangereux ! Depuis leur formation, ces activistes des arbres ont organisé des actions sur la Montagne de Lure, en Haute-Provence, pour protester contre l’installation de parcs photovoltaïques qui détruisent les forêts, mais aussi dans les Pyrénées, pour empêcher la construction d’une usine de biocarburants, ou encore dans la forêt d’Hossegor, dont les arbres sont menacés par la construction d’une ligne à haute tension.