Ça fait désormais partie des traditions bien ancrées dans les moeurs bordelaises, au même titre que se faire un kebab chez Coluche après un film à l’Utopia, débusquer un « Mimil » au coin d’une rue et subir les pannes du réseau TBM : le mois de janvier venu, à peine les sapins rangés, l’association Bordeaux Rock met les petits plats dans les grands pour donner le la de l’année musicale made in 33.
Histoire de planter le décor d’emblée, c’est l’une des principales têtes d’affiche de cette 15e édition qui enverra du dB dès le mercredi. Dorénavant à son compte, Pierre Crochet, pardon, Peter Hook, le bougon bassiste de Joy Division et New Order, ouvrira les festivités. Nul doute que les fans de post-punk de tous âges seront au pit ; d’ailleurs, la date affiche déjà complet.
Le lendemain, il sera l’heure de faire un petit tour dans le quartier Saint-Michel pour le « Rock en ville ». Une soirée itinérante qui mettra en valeur une vingtaine de jeunes pousses locales dans les petites salles et les troquets du bled ; l’occasion, aussi, de se jeter un ou deux godets derrière le cache-col tout à fait impunément (on signera les billets d’absence au besoin).
Après une jolie soirée folk (Tender Forever, Milos Asian) et une nuit EBM un peu plus brutale (Fixmer/McCarthy, Patrick Codenys de Front 242) du côté de l’IBoat le vendredi, suivra une très belle soirée à prix libre le samedi, avec Louder Than Death, supercombo punk emmené par l’intenable King Khan avec un backing band 100% bordelais (les Magnetix + Fredovitch) ; les énergumènes d’Astaffort Mods, lancés comme une parodie lot-et-garonnaise des Sleaford Mods mais dont les fendardes diatribes à l’AK47 ne doivent aujourd’hui plus rien à personne ; le stoner-rock de Mars Red Sky ; et enfin la power-pop du power-trio Gordon, sous influence Big Star. On a connu des quatre (groupes) à la suite moins stimulants, nom d’un Julien Lepers.
Mais venons-en à la soirée où on vous invite …
Ça se passe dimanche soir au Grand Parc, point névralgique de cette édition 2019. En headliner, le retour en ville de Thurston Moore, cette fois accompagné de son Group en configuration « New Noise Guitar Explorations ». Un projet tout neuf, tout frais où on retrouve un peu de Sonic Youth (Thurston Moore oblige), un peu de My Bloody Valentine (coucou Debbie Googe !) mais surtout de la gratte et du mediator à foison.
Parce que, bon, trois guitaristes sur scène, et avec des 12-cordes qui plus est, a priori ça va pas être pour faire une réunion Tupperware. Et on peut compter sur l’auteur des coups de griffe de « Teenage Riot » ou « Kool Thing » pour envoyer quelques châtaignes électriques au milieu des boucles expérimentales renouant avec l’esprit de Glenn Branca et de la scène no wave, auprès desquels Thurston Moore a fait ses premières armes, il y a bientôt quatre décennies.
Et pour ouvrir la soirée, ce ne sera pas du menu fretin qui sera de la partie, mais tout simplement TH da Freak, le slacker hyperactif à la tignasse bleue, sans doute l’un des meilleurs représentants de la jeune garde du rock bordelais/français/ensemble géographique de votre choix.
Juste avant de dégainer son nouveau disque, Freakenstein (chez Howlin’ Banana et Bordeaux Rock, tiens donc), un album que les collègues des Inrocks décrivent déjà « comme un puissant trip entre guitares défoncées, pulls trop longs et posters de Nirvana », le Thoineau et ses camarades ne manqueront pas de lâcher quelques morceaux en avant-première, au milieu d’autres compos garage, grunge et noisy-pop d’une solidité à toute épreuve, transpirant l’indie-rock façon Amérique des 90s.
Un concert de clôture en forme de bouquet final auquel, on vous le disait plus haut, Nova Bordeaux vous offre vos places. Ça se joue ci-dessous, avec un mot de passe assez facile à deviner (et si vous avez besoin d’un indice, on dira juste que « cette machine tue les fascistes »).
Festival Bordeaux Rock #15, du mercredi 23 au dimanche 27 janvier, à Bordeaux.
Thurston Moore Group + TH da Freak, le dimanche 27 janvier à la Salle des Fêtes du Grand Parc à 20h.