Jeudi dernier, un ministre algérien a utilisé ce plat comme exemple pour parler des tensions entre l’Algérie et le Maroc. Une relance de la guerre diplomatique qui entoure le plat, pourtant inoffensif…
Un bon sujet polémique, c’est une recette bien précise. Il doit être un peu épicé, il faut envoyer la sauce, mais un seul grain et ça part en merguez. La guerre du couscous. Ne riez pas, on avait déjà la guerre du Kebab. Là, c’est une nouvelle crise diplomatique qui empoisonne les relations des pays du Maghreb : qui est à l’origine du couscous ? Attention, sujet clivant. Cette guerre du couscous s’inscrit dans un contexte général de tension : depuis quelques mois, les relations entre Alger et Rabat sont glaciales.
À l’origine de cette grave crise diplomatique, la question du Sahara Occidental, un territoire dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc. À l’inverse, l’Algérie soutient le mouvement indépendantiste du Front Polisario. Cette tension s’est accrue lorsque Emmanuel Macron l’année dernière s’est positionné en faveur du Maroc.
Le Maroc accusé de “voler tout ce qui est algérien”
Voici que jeudi dernier, le ministre algérien de la communication s’est exprimé devant le Conseil de la Nation – équivalent de notre Sénat. Il a dégainé l’exemple du couscous pour illustrer les querelles actuelles. “Tous les anciens historiens disent que le couscous et ses ustensiles se trouvent en Algérie. Et récemment, ce voisin s’attribue ce plat algérien”.
Il poursuit que le Maroc aurait “exploité, sans scrupules moraux, la situation difficile que l’Algérie a traversée dans les années 1990 pour poursuivre un projet visant à voler tout ce qui est algérien”. Cette guerre culinaire est en réalité une vraie bataille de soft power autour d’un des plats préférés en France.
Le couscous à l’UNESCO, une réconciliation tombée à l’eau
Le Maroc avait lancé les hostilités. En 2018, le porte-parole du gouvernement marocain avait déclaré le couscous “plat national” lors d’une conférence de presse. “Il y a un pays frère et voisin qui pense que le couscous n’existe nulle part ailleurs sur la planète que chez lui, prouvons-lui le contraire !”. Une paix semblait pourtant avoir été trouvée en 2020, avec l’inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO du couscous, émanant d’une candidature commune de tous les pays du Maghreb. Maroc et Algérie, main dans la main dans ce projet de réconciliation.
Dans ce bras de fer de leadership du Maghreb, il y en a qui se frottent les mains : les médias d’extrême-droite française. Les articles relatent ce sujet avec une certaine moquerie, notamment contre l’Algérie. C’est dur, de voir deux pays proches, culturellement et géographiquement, se déchirer sur la scène internationale.