Une dixième bougie de soufflée pour ce qui est peut-être le plus grand disque hip-hop de notre époque. Troisième album de Kendrick Lamar, “To Pimp a Butterfly” est devenu culte presque instantanément. Certifié de platine, le chef-d’œuvre de l’originaire de Compton remporte l’aval des critiques du monde entier. “To Pimp a Butterfly” se pose en référence absolue du genre, et en chronique de la condition afro-américaine.
L’inspiration est venue à Kendrick Lamar d’un voyage. Un pèlerinage quasi initiatique en Afrique du Sud, au cours duquel le rappeur de Compton s’imprègne de l’histoire d’un pays marqué au fer rouge par le racisme pur et dur. C’est en visitant des sites historiques tels que la cellule de Nelson Mandela à Robben Island que K-Dot conceptualise ce qui deviendra un chef-d’œuvre absolu : To Pimp a Butterfly.
La culture musicale afro-américaine en héritage musical
Troisième album de Kendrick Lamar, To Pimp a Butterfly a été publié il y a 10 ans (presque) pile, le 15 mars 2015. Œuvre protéiforme, le disque puise dans le grand héritage de la culture musicale afro-américaine. Celui que Forbes surnomme le “nouveau roi du hip-hop” explore tout, en arpentant les chemins de traverse du jazz, du funk, de la soul et de la poésie, accompagné par la production exécutive du mentor Dr. Dre et de son acolyte Anthony « Top Dawg » Tiffit.
Une métaphore de la mue artistique et intellectuelle
Le titre original de l’album, To Pimp a Caterpillar, était destiné au départ à être un hommage à Tupac (à travers un jeu de mot : To.P.A.C., acronyme en allusion au rappeur légendaire). Le “Caterpillar” s’est finalement transformé en “Butterfly”, symbole de la mue artistique et intellectuelle du rappeur, qui s’érige en psychanalyste de la rue, de sa douleur et de sa beauté, en explorant les thèmes de la culture afro-américaine, des inégalités raciales, mais aussi ceux, plus intimes, de la dépression et du matérialisme. Interviewé par Rolling Stone, Kendrick Lamar raconte le processus : “Le seul fait d’associer le mot ‘Pimp’ à celui de ‘Butterfly’… C’est un trip. C’est une punchline intemporelle. La phrase sera enseignée à l’université – J’en suis convaincu.”
Kendrick Lamar construit cette métaphore de la mue artistique et intellectuelle à travers la poésie, omniprésente sur l’album, fonctionnant comme la colonne vertébrale du projet. Au fil des morceaux, le rappeur invoque des figures mythiques, de l’apparition de Dieu lui-même, sous les traits d’un SDF (“How Much a Dollar Cost”) à une rencontre hallucinée avec le fantôme de Tupac (“Mortal Man”).
Un chef d’oeuvre à l’influence politique décisive
To Pimp a Butterfly réunit une pléthore d’invités prestigieux, en la personne de Flying Lotus, Pharrell Williams, Knxwledge, Rapsody, Soundwave, George Clinton, Snoop Dogg… Ainsi que des musiciens confirmés de jazz, comme le pianiste Robert Glasper, le saxophoniste Terrace Martin and le virtuose de la basse Thundercat. À sa sortie, le disque atteint presque instantanément un statut culte. Certifié de platine, le disque bat le record du plus grand nombre de nominations aux Grammy Awards pour un rappeur, et devient le premier de ses cinq albums consécutifs à se classer numéro 1 des charts aux États-Unis.
Cinq ans plus tard, en 2020, l’album prendra une importance nouvelle, à la lumière de son titre phare, “Alright”, qui est devenu un hymne du mouvement Black Lives Matter. Aujourd’hui, Kendrick Lamar est en tournée, après avoir publié son génial GNX, et passera par Paris La Défense Arena les 15 et 16 juillet.