Demain, ça fera 35 ans tout pile que le premier disque du groupe A Tribe Called Quest est sorti : People’s Instinctive Travels and the Paths of Rhythm. Le rappeur et producteur Q-Tip, l’artiste MC Phife Dawg et le DJ et producteur Ali Shaheed Muhammad ont trouvé la recette pour des sons cultes et engagés, un rap conscient, technique et carrément décontracté.
1990 fut une belle année de débuts : premier épisode de Seinfeld, des Simpson, premier album studio de Mariah Carey, mais aussi d’Ice Cube et… Cette même année, il y a 35 ans donc, le 17 avril 1990 précisément, une introduction très étrange retentissait dans les enceintes de celles et ceux qui s’étaient procuré le disque… Très vite, les pleurs du bébé sont calmés par un petit beat qui vient apaiser l’inquiétude et fait immédiatement bouger la tête en rythme. Quelques secondes plus tard, Q Tip débarque avec un couplet et inaugure ainsi le tout premier album de A Tribe Called Quest.
Le morceau inaugural, « Push it along », qui dure plus de 7 minutes, est une belle présentation : « Q-Tip c’est mon titre, je pense pas que ce soit vital pour moi d’être ton idole, mais je kiffe ce récital. » La posture du groupe est posée dès la phrase suivante : « Si tu peux pas considérer un frère qui ne parle pas mal, moi je balance ceci et cela, parce que ceci et cela manquait ».
C’est un album engagé, de rap conscient, technique et pourtant carrément décontracté. C’est notamment parce que Q Tip, Ali Shaheed Muhammad, Phife Dawg et Jarobi White avaient déjà des outils musicaux : ils avaient déjà bien taffé avec leur collectif Native Tongues. Avec les De La Soul, Queen Latifah et les Jungles Brothers, ils mélangeaient du jazz avec du rap, ou s’entraînaient à sampler.
Le disque a beau être un premier album, il n’est donc pas un coup d’essai. Il ne marche pas tout de suite au niveau commercial, mais les critiques savent déjà reconnaître un opus d’anthologie.
Le groupe trouve sa recette : un flow tranquille, une posture qui penche pour la philosophie et la paix, un peu d’egotrip sur leurs talents d’écriture et leurs looks afro-centriques, et de petites histoires, une aventure de porte monnaie égaré sur “I left my wallet in el Segundo”, l’arrivée d’un français à New-York dans « Lucky Lucien »…
On ne peut qu’admirer les merveilleux choix de samples, empruntés dans les discographies d’Idris Muhammad, Stevie Wonder, Grace Jones, Roy Ayers, The Isley Brothers, Cannonball Adderley, ou encore Earth, Wind & Fire.
Depuis cet album, on compte 5 disques, des séparations et reformations, un documentaire et surtout un splendide héritage.