Rike voulait se vider la tête. Quoi de mieux pour ça quand on est médecin urgentiste de partir pour une traversée en solitaire, direction l’île de l’Ascension ? Le rythme de croisière tourne court quand elle doit faire face à un orage. Qui n’est rien face à la tempête morale qui l’attend lorsqu’elle tombe au milieu de l’océan sur un chalutier en train de couler sous le poids des dizaines de migrants à bord…
Que faire ? Les accueillir à bord quitte à mettre en péril à son tour son embarcadère ? Les laisser attendre que les garde-côtes viennent les secourir ? Sauver un migrant ou tous ? Styx pose habilement ses imposantes questions en reposant dès sa première minute sur une base de suspense. Ou en profitant d’un cadre loin de tout filtre médiatique (Wolfgang Fischer a réellement tourné son film en pleine mer, au milieu de nulle part) pour les poser différemment.
Car Styx fait se croiser deux fuites, celles de migrants partant du Sud vers le Nord et celle d’une européenne faisant le chemin inverse, loin de ses responsabilités. Et puisque ce titre (pour ceux qui n’ont pas fait grec antique en option au lycée, le Styx était la rivière qui séparait le mondes des vivants de celui des morts) est lié à une mythologie, on peut raisonnablement en voir ici une autre mise à l’épreuve, celle d’un occident convaincu qu’il peut résoudre d’inextricables situations à coups de lois.
Plus que par son intensité, quand Styx force à ouvrir des tractations – entre Rike et les équipages d’autres bateaux dans des conversations radio, puis avec un enfant migrant – pour envisager autrement, y compris par l’humilité d’ un aveu de faiblesse, une sortie pour la crise migratoire, il s’avère un film fort en refusant de continuer à naviguer à vue.
A.M
En salles le mercredi 27 mars.
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Styx | Paris | à partir du mercredi 27 mars