Après un premier album, Delâshena (Buda Music) paru en 2018, Shadi Fathi et Bijan Chemirani prolongent leur rencontre sur scène avant l’enregistrement prochain d’un nouvel opus. Leur rencontre est une histoire qui s’inscrit dans le temps – à plusieurs niveaux – et dans l’espace aussi – ici et en Iran.
En effet, ces deux virtuoses des musiques persanes sont des héritiers, des héritiers d’une tradition, héritiers d’un répertoire, celui des musiques savantes persanes qui se transmet de maître à élève et où la part d’interprétation est très importante.
Shadi Fathi est née à Téhéran en dans une famille kurde et a été formée pour ce qui est du setâr, cet instrument à cordes qui est devenu son instrument de prédilection, par Dariush Tala’ï, un des grands maitres du radif, le répertoire canonique.
Bijan Chémirani, lui, est né ici. Son père, Djamchid Chémirani, est un des maîtres des percussions iraniennes (daf, tombak…) qui créent la richesse rythmique du radif et, c’est naturellement à ses côtés qu’il a développé son art, maitrisant ces rythmiques complexes, tout en développant un jeu très personnel.
Leur rencontre, ici, quelques temps après l’arrivée en France de Shadi, prolonge à quelques décennies d’écart celle de leurs maîtres respectifs. En effet, Dariush Tala’ï et Djamchid Chémirani ont été un des duos, si ce n’est le duo qui, a travers le monde diffusait ces musiques savantes persanes dans les années 70. Comme ces derniers qui n’ont jamais hésité à frotter leur art à ceux des musiciens venus d’autres univers que le leur, qu’ils soient savant ou populaire, Shadi et Bijan racontent à leur façon ces épopées musicales. C’est aussi, cette envie de liberté, ce besoin de trouver sa propre voix sur le chemin de la perfection qui a conduit Shadi à venir en France. Leur rencontre n’est définitivement pas un hasard, mais une nécessité, comme si à force de désirer quelque chose fortement, de lui donner corps spirituellement, la chose finissait par se concrétiser. Vous êtes prévenus Shadi et Bijan sont deux musiciens, deux magiciens dont la conversation au sommet des musiques persanes vous fera le plus grand bien. Pourquoi refuser ce cadeau d’autant plus quand il vous est proposé dans cette chaleureuse cave voutée toute en pierre où la musique est reine et l’écoute d’une rare proximité, dans cette Eolienne qui fête depuis quelques jours son retour à Noailles ?
Shadi Fathi et Bijan Chemirani à l’Eolienne (5, rue Méolan et du Père Blaize – 13001), jeudi 6 février à 20h30 – 8 € et 13 € (+2 € d’adhésion obligatoire).