« Toute la musique que j’ai faite… maintenant… elle m’appartient ». Taylor Swift a annoncé vendredi 30 mai avoir acheté les droits de ses 6 premiers albums après des années de labeur. Une victoire musicale et politique.
Taylor Swift vient de racheter les droits de ses six premiers albums. Vous avez bien lu, elle ne les possédait pas. La bataille de la chanteuse pop pour récupérer les droits sur ses propres musiques remonte à 6 ans, en 2019. À ce moment-là, l’investisseur/agent/producteur Scooter Braun (le manager entre autres de Justin Bieber et Ariana Grande) achète son label Big Machine pour 300 millions de dollars. Avec le label, viennent les masters, donc les enregistrements des 6 albums de Taylor Swift.
Comme presque tous·tes les jeunes artistes, Taylor Swift avait signé un contrat qui ne lui donnait pas la propriété de ses enregistrements, seulement les royalties sur les ventes.
Six albums : six ans de réenregistrement, au nom de la liberté
Face au Goliath de l’industrie musicale, il a fallu être ingénieuse pour récupérer son dû. À partir de 2019 et pendant six ans, Taylor Swift réenregistre chacun de ses 6 albums en ajoutant au titre “Taylor’s Version”. Le coup de maîtresse commerciale a à la fois dévalorisé les originaux et créé l’évènement pour la tournée Eras – qui sera la tournée de concerts la plus rentable de tous les temps et le film de concert le plus vendu de l’histoire.
C’est assez fou de penser que l’artiste qui enchaine les victoires flamboyantes, empile les grammy’s et représente 3 % des revenus mondiaux du label Universal, était, comme tant d’autres, esclave de l’industrie musicale.
L’Effet Taylor, des vibrations musicales et politiques à l’international
Cette victoire, elle compte, parce que tout ce que fait Taylor Swift a des retombées internationales. Par exemple, lorsqu’elle a appelé à aller voter pour Kamala Harris en 2024 (contre Donald Trump), 400 000 personnes se sont inscrites sur des listes électorales étasuniennes dans les 24 heures qui ont suivi.
D’ailleurs, Taylor Swift avait aussi fait céder Apple en 2015, qui ne versait aucune commission aux artistes sur les trois premiers mois qui sont gratuits pour les utilisateur·ices. Apple a dû céder, et tous·tes les artistes en ont profité.
Pour sa longue bataille des droits, on espère donc qu’il y aura aussi des retombées ici. Taylor affirme déjà recevoir des témoignages de jeunes artistes qui disent qu’elle les a motivé·es à être plus durs sur les contrats d’exclusivité.
Taylor Swift n’est pas la première chanteuse guerrière en quête de liberté. Dans les années 1990, Prince a gravé dans le marbre la citation « If you don’t own your masters, your masters own you« , quand il a voulu récupérer une partie des droits de ses morceaux détenus par la maison Warner Music Group. Le chanteur pop culte écrivait slave sur sa joue en concert, puis a changé son nom en un symbole imprononçable et s’est présenté comme “l’artiste anciennement connu sous le nom de Prince” pour protester.
Il est ensuite devenu indépendant, comme Frank Ocean, plus récemment, qui a sorti un album pour terminer son contrat, et a publié le lendemain ce qui reste son plus gros succès, Blond, en indé’ !