“Madleen”, le mot est dans tous les titres de presse depuis que le bateau humanitaire a quitté les côtes siciliennes le 1er juin, rempli de nourriture, en direction de Gaza. On connait le nom par le bateau et son voyage, mais par celle qui l’a inspirée. Madleen, avant d’être un bateau, c’est une pêcheuse.
On l’appelle la Flotille de la Liberté, le “bateau de Rima Hassan et Greta Thunberg” ou encore, de son vrai nom, “Madleen”. Madleen a un nom de famille, Madleen Kullab, la première pêcheuse professionnelle palestinienne à Gaza. Elle est née en 1995, dans le camp de réfugiés d’Al-Shati. Elle découvre la mer sur le bateau de son papa, un tout petit bateau qui va à 1 km des côtes gazaouies, l’unique source de revenus de la famille, la mer devient une passion pour Madleen et très bientôt une obligation puisque lorsqu’elle a 13 ans, son père tombe malade et elle doit reprendre la besogne.
Physiquement, c’est difficile, et personne ne croit à l’arrivée d’une ado dans cette industrie d’homme. Madleen Kullab a appris par cœur les différents types de poissons locaux, les meilleurs moments pour lancer ses filets, quel type de cannes et d’hameçons utiliser, ainsi que les poissons les plus abordables pour les familles palestiniennes : “Les sardines, sans aucun doute.”
Madleen Kullab, symbole des femmes de la pêche
Avant l’aube, Madleen descend sur la plage. Elle travaille malgré les interventions de l’armée israélienne, malgré les patrouilles armées qui menacent sa vie. Son seul objectif : faire vivre sa famille. En 2014, elle est propulsée par une interview d’un média suédois, dans laquelle elle affirme “Je ne partirai pas d’ici. Parce qu’ici, c’est ma maison. Ici, c’est ma mer.” Elle devient un symbole et crée même un club, le Madleen Club, qui rassemble et donne du pouvoir aux femmes pêcheuses et aux épouses de pêcheurs : elles font des formations pour apprendre aux gazaouies à pêcher et à fabriquer des filets.
Son bateau a été complètement détruit lors d’attaques israéliennes, sa maison a été gravement endommagée, mais Madleen Kullab a survécu. Elle vit toujours dans un camp de réfugié.es avec ses 4 enfants. Évidemment, elle a suivi l’épopée du bateau qui porte son nom, elle a dit aux médias locaux
“Mon nom sur un bateau… Ce n’est pas ma voix, c’est celle de Gaza. Ce bateau porte l’espoir de Gaza.” encore hier, elle a remercié l’équipage, au micro de France 24, disant qu’elle « attendait depuis plusieurs jours » cette flottille. Elle « remercie l’équipage » qui leur a « donné de la force et de la patience« .