Sarah Smout, une artiste et journaliste, a embarqué comme chaque année sur un bateau direction le Pôle Nord, un voyage en résidence artistique pour sensibiliser à l’impact de la crise climatique sur la biodiversité.
Imaginez le vent arctique, qui siffle contre les cordes du violoncelle en fibre de carbone, qu’une certaine Sarah Smout joue debout sur la banquise du Svalbard, la banquise reliée au Pôle Nord. C’est le bruit d’une nature qui crie, retranscrit par des musiciens, des poètes du monde entier dans un équipage de 30 personnes, embarquées sur un grand voilier comme dans Pirates des Caraïbes. Le bateau a navigué 16 jours dans le Svalbard, dans l’Arctique norvégien, à -15 degrés. Là-bas, Sarah Smout a enregistré les sons de l’arctique, qu’elle mettra en musique dans son premier album.
Une nouvelle alarme de la crise climatique : ses sons
L’idée des enregistrements, c’est de sensibiliser au changement climatique qu’elle a vu de près. Sarah Smout raconte les fissures qu’elle a vu se former sur la glace, sous ses pieds, puis le morceau de glace se détacher, avec eux dessus, à la dérive…
Avec un hydrophone, Sarah a pu enregistrer fissures, craquements, sous l’eau. Elle dit à la BBC “Nous sommes témoins des changements climatiques tout autour de nous, mais aucun n’est aussi spectaculaire et rapide que dans l’Arctique.”
Cette expédition est organisée tous les ans depuis 2009. Elle s’appelle simplement Arctic Circle et invite sur le bateau artistes, scientifiques, architectes, éducateurs. Cette année, aux côtés de Sarah par exemple, il y avait une cosmologiste qui cherche des ondes gravitationnelles primordiales laissées par le Big Bang, mais aussi une architecte, urbaniste, activiste.
Sarah Smout, son violoncelle et l’équipage sont rentrés depuis, et préparent leurs projets respectifs.
La musique des murmures de la nature : le Field Recording
Pour Sarah, ce n’est pas nouveau de faire de la musique avec les bruits de la nature. Elle enregistrait déjà dans les étangs, les forêts ou les mers.
La technique d’enregistrement naturelle s’appelle du “Field Recording”, en français, de l’enregistrement de terrain. C’est par exemple ce qu’a fait le musicien français Molécule, avec son documentaire -22.7°C.
Il y a quelques années, l’artiste était parti de Saint-Malo pour aller passer 5 semaines sur un chalutier, égaré dans les mers de l’Atlantique Nord.
Là, le navigateur et producteur a enregistré l’orage, les tempêtes maritimes, la houle et les murmures, qui ont abouti sur un album : 60° 43 Nord.
Molécule est rapidement reparti, cette fois pour la banquise du Groenland et du territoire arctique. En 2017, il passe trente-six jours au milieu des glaciers, à chercher les sons du silence polaire, les cris des 300 chiens de traîneau qui vivent avec les 80 chasseurs du petit village qui l’a abrité, avec à peu près quatre heures de lumière du soleil par jour.
Si vous souhaitez vous exercer, mais que vous n’avez pas encore le temps d’aller jusqu’au Groenland, on vous a trouvé plusieurs banques de sons enregistrés par des scientifiques : sur la BBC, ou sur le site de Artic Noise.