Immersion à la remise de prix 2025 des Mlle Pitch Awards, qui s’apparente au Festival de Cannes en version spots et campagnes publicitaires pensés par de jeunes communicant-es chaque année pour une ONG différente. Cette année, le Samu Social de Paris est à l’honneur.
Une ordonnance qui prescrit « le droit à un logement salubre à vie », signée d’un certain Médecin…s du Monde, des slogans malins comme “La vie ne fait pas de cadeaux mais vous pouvez faire un don”, le + de la Croix Rouge utilisé pour écrire « + on est de fous, + on rit » ou bien « On n’a pas vécu la Coupe du Monde 98 mais on vivra la fin du sida ». Voilà, en bazar, des affiches de campagnes pour des projets sociaux et solidaires, des appels au don pour WWF, La fondation Abbé Pierre, La Croix Rouge française , Aides ou Médecins du Monde que vous avez pu voir dans les couloirs du métro, dans les gares, au cinéma ou la tv ou entendre à la radio, et qui sont passées par les Mlle Pitch Awards, concours de publicité grande cause dans lequel Nova vous emmène aujourd’hui. Cette année, toutes les campagnes ont été pensées pour le Samu Social de Paris.
La pub a le chic pour taper dans le mille, convoquer la bonne image, faire le bon jeu de mot subtil. L’idée des Mlle Pitch Awards, c’est d’appliquer ce talent de com’ à des causes sociales, solidaires. « Ce concours c’est vraiment les lettres de noblesse de la publicité utile » résume Magali Farget, à la tête des Mlle Pitch Awards, qu’elle a initiés il y a 5 ans. Les candidat-es sont de jeunes étudiant-es en communication et des freelance qui espèrent voir leur campagne dans l’espace public, à la TV mais aussi au cinéma, au Musée de la publicité, dans des livres… « Le concours donne une part de voix inédite qu’aucune ONG ne peut s’offrir dans la vraie vie » sourit Magali et permet de repérer des talents.
La pub qui vend du rêve
Cette année, il s’agit de parler du Samu Social de Paris. Le but : lutter contre les clichés sur le sans-abrisme et appeler aux dons. Le Grand Prix du Jury est décerné au film « La pub qui vend du rêve », une autocritique qui part de l’idée que la publicité est parfois qualifiée de mensongère. « Encore une pub qui vend du rêve », ce qu’on lit sur l’écran après avoir observé les images d’une douche pas luxueuse, d’une petite cuisine de studio, d’une horloge de micro-ondes.
Des choses banales, un quotidien monotone qui est pourtant un rêve pour les personnes sans-abris. Malin, signé de Léa Alves, Camille Rouchon, Maxime Auber, Nicolas Pharé et Maxime Drillaud, étudiant-es à l’école LE QUATRE BY ISCOM, qui ont utilisé le twist surprenant, la chute, l’un des ressorts de la publicité. « Utiliser la pub comme un outil pour lutter pour les causes comme celle du Samu Social de Paris nous c’est notre moyen de nous exprimer, de pouvoir faire avancer la cause et récolter des dons » explique Camille. « Avant de la traduire, il fallait la comprendre, cette cause« , renchérit Maxime, et le projet leur a « évidemment » donné envie de recommencer « ça donne beaucoup de sens à notre métier qui, parfois, peut en manquer ». La pub qui vend du rêve sera diffusée dans les cinémas parisiens au format 45 secondes, en TV au format 30 secondes, sur les chaînes de France TV Publicité pendant deux semaines, et sur Euronews pendant 4 mois. Le parrain de la catégorie film du concours Mlle Pitch Awards, Bruno Aveillan a réalisé le film récompensé « La pub qui vend du rêve » pour optimiser l’impact de sa diffusion.
Des avis Google insolites : « On a voulu inverser les rôles »
Parmi les 17 autres lauréats, ce détournement des avis Google, des affiches sur lesquelles on lit l’avis d’un sans-abris sur le parking dans lequel il a passé la nuit, sur un parc, une rue… Élue grand prix affichage MEDIATRANSPORTS, la campagne s’appelle « l’avis de la rue ». « L’idée est née d’un constat simple : tout le monde donne son avis sur tout, tout le temps que ce soit dans la vie ou sur internet. Mais ceux qu’on n’entend jamais, ce sont les sans-abris, explique l’équipe de l’école Efet Créa. Alors on a voulu inverser les rôles, leur donner la parole, leur laisser l’espace de donner leur avis, sur leur réalité à eux. De manière originale, mais toujours juste. » L’équipe de Sup de Pub Paris, elle, a détourné le concept des formules d’abonnements (à la box internet, à la salle, aux paniers repas, etc) avec des slogans comme “19,99 par mois pour capter la 5g, 2 euros de plus pour les aider à se connecter aux autres” , “24,99 pour le summer body, et 3 euros de plus pour lui éviter un hiver dehors” ou bien “5,99 par mois en cas de petit creux, 2 euros de plus pour remplir un grand vide”. Ce qui rend instantanément le don raisonnable. Une autre équipe, celle de l’école EFET CREA de Paris, a repris le concept du ghosting, les messages laissés en « Vu », sans réponse, pour plaquer le slogan « Personne n’aime être ignoré ».
L’ingénieux prix radio
Nous nous arrêtons aussi sur le prix radio, signé de Romane COLLEU, Julie GELBCKE Ambre BOYER, Fanny DA SILVA, et Kim DOWON étudiants à l’Efap Paris, un spot de 30 secondes qui confronte les sons d’un foyer au quotidien (un sifflotement tranquille sous la douche, une machine à café…) avec les sons de la rue, le foyer quotidien des sans abris, ses ronrons de voiture, sa foule constante, son intranquilité. Un spot radio qui sera diffusé du 11 au 24 aout sur les ondes France Info, France Inter et du réseau de radios ICI. Toutes ces campagnes, ces idées ont impressionné Marion Thierry, l’une des membres du jury. Elle souligne le caractère unique de ce concours, rien que par le fait que « les campagnes primées sortent, alors que normalement on prime les campagnes déjà sorties ». Elle raconte un jury nombreux, divers, qui débat beaucoup mais une diversité qui fait que l’unanimité est galvanisante. « Il faut que ce concours continue, c’est une super initiative qui permet de rendre visible des causes et de futurs grand-es créatifs et créatives… »
Après le Samu Social de Paris, SOS Villages d’Enfants
Les 18 campagnes primées repartent avec leur dotation et la promesse d’une diffusion, le Samu Social de Paris, on l’espère, recrutera des donateurs, vous verrez les campagnes bientôt sous toutes leurs formes et l’année prochaine, les jeunes communicant-es plancheront pour SOS Villages d’Enfants. L’association de protection de l’enfance offre à des frères et sœurs privés de protection parentale un cadre de vie familial, un accompagnement sur le long terme, ainsi que l’assurance de relations affectives et éducatives stables auprès d’un parent SOS, entourés d’une équipe de pros!