Marie Misset vous conte une histoire flippante ce mardi.
L’Histoire Vraie vous est contée tous les jours dans la Grasse Matinale d’Armel Hemme sur Nova, et en podcast, ici.
Surveillance, censure, les Chinois sont plus que jamais suivis à la trace, dans tous les aspects de leur vie. Le recours à l’intelligence artificielle et au Big Data a permis la mise en place d’un Internet « fermé » permettant un cyber-contrôle par le pouvoir, digne d’une série de science-fiction. Nombreux sont d’ailleurs les parallèles avec des oeuvres du genre, de Black Mirror à 1984. Le 13 février 2019, les preuves de cette surveillance de masse ont pris une nouvelle dimension, qui rappelle plutôt, pour le coup, la série The Handmaid’s Tale.
Ceci est une véritable histoire vraie aux sources sourcées. Elle commence le 13 février 2019 avec Victor Gevers, chercheur professionnel sur internet et spécialiste de la cybersécurité, qui travaille pour une ONG luttant contre la surveillance généralisée. Ce jour là, Victor trouve une faille de sécurité qui lui permet d’accéder à une base de données géante du gouvernement chinois. Il n’en revient pas à quel point c’est facile de consulter cette base de donnée qui permettra, à terme, au gouvernement, de mener son programme de reconnaissance faciale basé sur l’intelligence artificielle.
Devant ses yeux s’étalent des informations confidentielles sur des millions de citoyens chinois. Il peut lire leurs conversations privées sur des tchats en ligne, leur suivi de localisation, tout est à disposition. Et peu à peu, il découvre à côté de nombreux noms un mot étrange et un peu glaçant. Tous les noms sont féminins et le mot en question ne laisse pas beaucoup de place au doute. À coté du nom d’1,8 millions de femmes qui ont entre 18 et 39 ans, figure la mention : BreedReady. Traduisible en français par « Prête à se reproduire ». Autre information contenu dans la base de donnée : ces femmes sont soit célibataires, soit veuves, soit divorcées.
Bienvenue dans le futur
1,8 millions de femmes à priori fertiles sont donc listées dans cette base de données. Victor Gevers se fait un devoir d’en informer le monde entier, tout en se demandant s’il a bien sous les yeux ce qu’il croit avoir sous les yeux. Dans une Chine dont la population va commencer à décroître et où les femmes ne sont pas assez nombreuses, cette liste laisse à penser que le gouvernement chinois va prendre le problème à bras le corps. À bras les corps des femmes qui sont prêtes à se reproduire.
Victor Gevers précise qu’il trouve ces données extrêmement facilement, en piochant au hasard dans des bases de données laissées ouvertes. Selon lui, il y en a 29 808 en Chine. Les USA en ont plus de 45 000. Viennent ensuite l’Allemagne, les Pays-Bas… et La France.
Visuel © The Handmaid’s Tale