Depuis quelques jours, on observe un mouvement inédit des employé·es de la Société Générale : une grève contre la direction, qui menace de réduire, voire supprimer le télétravail.
C’est l’histoire d’une trahison. Pire qu’une rupture amoureuse. Je vais vous parler de l’un de mes meilleurs amis. Il s’appelle Sébastien. Samedi, c’était son anniversaire. Pourtant, il était Chafouin. Je lui demande ce qu’il ne va pas, il me répond d’un ton très grave : « Le télétravail, c’est fini ! »
Il m’a annoncé cela comme un deuil. Il bosse à la Société générale, il a un bon poste. Il est consultant, il a passé la quarantaine, il a fait une grande école d’ingénieur et le voilà que pour la première fois de sa vie… Il se met en grève.
C’est fou. À la SG, dans le milieu de la finance, c’est un mouvement inédit qui grossit jour après jour. Des banquier·es de la Défense qui, au passage, râlent souvent quand le RER est en grève, et qui là débrayent comme des cheminots en colère. J’adore.
120 000 salariés menacés par une « évolution de la politique de télétravail » surprise
Pour être précis, la direction de l’une des plus grandes banques françaises a fixé une règle : c’est un jour max de télétravail. Ce sont les responsables et chefs de service qui décideront s’ils leur octroient cette possibilité. Ça peut donc être aucun jour.
Alors ce qui a rendu fous, les 120 000 salariés de la Société Générale, c’est premièrement la méthode. Elle a été ressentie comme brutale. Le DG de la Société générale en personne, Slawomir Krupa, a envoyé un mail jeudi 19 à 10 h 15, sans sommation. Objet : évolution de la politique de télétravail du groupe.
Deuxième point : c’est vu comme une trahison. Beaucoup de salariés ont organisé leurs vies ainsi, parfois choisissant de s’éloigner physiquement de leurs bureaux.
Enfin, aucune étude ne démontre une baisse de productivité avec le télétravail. C’est même l’inverse : plusieurs études affirment qu’on est plus efficaces avec le télétravail.
Et ce que je préfère dans cette histoire, c’est la chute. Jeudi, nos banquier·es, dont mon ami Sébastien, préparent une nouvelle journée de mobilisation.
Pour faire la grève, les banquier·es viennent bosser au bureau
Pour montrer que revenir au bureau, ce n’est pas bon pour l’efficacité, nos Loups de Wall de Street de la Défense vont venir justement sur site. Eux, lorsqu’ils font grève, ils viennent bosser, c’est drôle. Pourquoi ? Ben par ce qu’ils veulent démontrer que les bureaux ne sont plus adaptés.
Au moment de la covid, donc lors de la mise en place du télétravail, la Société Générale, comme d’autres grandes boites, avaient vendu des mètres carrés. Ainsi, la direction s’était gavée en quelque sorte, grâce au télétravail : selon Immostat, 5,6 millions de m2 de bureaux sont vides en 2025, deux fois plus qu’en 2020.
Un frein général du télétravail post-Covid qui n’enchante pas les syndicats
Mais depuis deux ans, une vague d’entreprises freinant le télétravail submerge intensément les métiers de bureaux, selon la Dares. Plusieurs entreprises se trouvent ainsi dans une polémique syndicale, avec une forte mobilisation salariale. C’est le cas en ce moment de l’entreprise Free et d’Ubisoft, une boîte française de jeux vidéos.
Que vous soyez chez vous, en télétravail, ou avec un seum immense dans le métro pour un retour forcé au bureau, on espère que la lecture de nos articles vous égaye, et que notre programmation musicale vous donne de la force !