Le fondateur historique de Sea Shepherd est sorti en décembre de sa prison danoise et est depuis réfugié en France. Aujourd’hui libre de voyager, Paul Watson était toujours dans notre pays ce week-end pour l’Ocean Fest à Biarritz (le festival pour les océans).
Le 31 mars, Emmanuel Macron avait organisé à Paris un sommet, SOS Océan, sans doute pour préparer la grande COP de l’océan (UNOC 3) qui se tiendra en juin à Nice. Sur la même période, à l’autre bout du monde, avait lieu des négociations pour établir un “code minier” (une sorte de règlement pour pouvoir exploiter en toute tranquilité les fonds marins). Les pays s’étaient réunis en Jamaïque pour débattre, et les avis ont suffisamment divergé pour qu’aucun “code” ne soit finalement établi. Mais quels sont les enjeux concrets de toutes ces grandes discussions politiques ?
Ce week-end, à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, avait lieu un festival qui parlait justement des enjeux écologiques actuels des océans, en musique. L’Ocean Fest, monté par le journaliste Hugo Clément et le musicien Worakls, présentait pour sa deuxième édition une suite de conférences sur la protection des océans. Un pirate bien connu a fait le déplacement : Paul Watson, partenaire historique du festival.
Paul Watson, le canadien qui a décidé de vouer sa vie aux baleines
Figure célèbre de la lutte contre les baleiniers (pêcheurs de baleine), Paul Watson commence son combat dans les années 1970’s, en s’interposant pacifiquement entre des harpons et des baleines.
Rapidement, il fonde l’ONG Sea Shepherd, avec une centaine d’antennes nationales. Avec son bateau, le John Paul DeJoria (en honneur au soutien du milliardaire à l’ONG), il sillonne depuis les mers et les océans avec comme mission “plus de chasse à la baleine durant mon temps de vie”. La philosophie de sa méthode d’action : la non-violence agressive. Il l’explique comme ça : “c’est intervenir agressivement, sans causer aucune blessure”, et ainsi n’a jamais été condamné.
Dans sa dernière célèbre aventure, Paul Watson avait par exemple employé une méthode en accord avec sa philosophie, en jetant une boule puante sur un baleinier japonais. Il a fini en prison au Groenland, avec une notice rouge d’Interpol. Après quelques mois de prison, le militant s’est réfugié en France, l’un de ses pays de cœur, et y réside toujours malgré la levée temporaire de sa notice rouge.
“If the ocean die, we die” – Si l’océan meurt, on meurt
Depuis son refuge, il se tient toujours bien informé des actualités. La dernière en date, c’est celle de (suspens ?) Donald Trump. Il y a une semaine, le président des États-Unis a signé le décret pour permettre l’exploitation minière des fonds marins, contre toutes les lois internationales qui l’interdisent. Paul Watson nous explique les dangers : “Pour extraire ces nodules du fond marin, il faut les aspirer, ce qui va détruire la vie benthique du fond marin, mais surtout, cela va faire remonter tout cela à la surface”, ce qui va provoquer notamment “de grandes hécatombes de poissons, provoquant une diminution des populations de phytoplancton et tout, c’est donc un processus extrêmement polluant”.
Parce que si Paul Watson se bat contre les baleiniers, il souligne bien que la menace est globale. La pollution sonore par exemple est aussi un danger : “Le son est un élément essentiel de l’océan. Il affecte toute la vie marine, perturbant leurs schémas migratoires et leurs processus de reproduction, causant ainsi de nombreux problèmes. Or, toute la vie marine évolue dans un monde où le son est un facteur crucial de survie.”
Des solutions à petite échelle
Loin d’être défaitiste, Paul Watson continue la lutte. Quand on lui demande ce qu’on peut faire à notre échelle pour faire avancer la lutte, il répond que “Tout mouvement est une diversité d’approches, qu’il s’agisse d’éducation, de contentieux, de législation ou d’activisme. Tout le monde doit donc collaborer. Les avocats, les enseignants et les militants doivent contribuer. Espérons-le, les responsables politiques apporteront également leur contribution sur le plan législatif, et ensemble, nous pourrons opposer une résistance redoutable à ce projet”.
Le bateau de Paul Watson est parti de l’Utah hier pour l’Islande, pour surveiller un potentiel départ de baleinier, qui « aime simplement tuer des baleines”. Le John Paul DeJoria ira ensuite au port de Nice, où se tient la conférence de l’ONU sur les océans, du 9 au 13 juin. Une opportunité par ce que “vous savez, c’est une occasion de réseauter. Ces conférences ne donnent pas grand-chose. En fait, les conférences sur le changement climatique sont largement récupérées par l’industrie des combustibles fossiles”. Mais il continue “J’ai toujours constaté que l‘action politique se déroule davantage au niveau municipal qu’au niveau des États ou au niveau fédéral. C’est là que davantage de personnes sont impliquées, que davantage d’actions sont entreprises et que davantage de mesures sont concrètement mises en œuvre”. Un autre moyen d’agir, cette fois politique, est donc d’interpeller, ou de collaborer avec les institutions locales.
Niçoises, niçois, ouvrez l’œil et saluez le pirate si vous l’apercevez en juin !