Ungersheim, l’exemple d’une ville qui a réussi sa transition énergétique.
Qu’est-ce qu’on attend ? C’est Marie-Monique Robin qui vous le demande, dans le titre de son nouveau documentaire. Aujourd’hui dans les salles obscures, Qu’est-ce qu’on attend ? dépeint le quotidien d’un petit village alsacien en pleine transition énergétique.
La question mérite d’être posée. Qu’est-ce qu’on attend, au fait, pour reproduire le modèle d’Ungersheim ? 2 200 habitants, 13 kilomètres carrés et la première place du classement mondial des villes en transition. Ungersheim a entamé la sienne sans rien demander à personne, il y a sept ans déjà, sous l’impulsion d’un maire qui s’est refusé à rester les bras croisés face au changement climatique.
En 2009, la commune, située à une vingtaine de kilomètres au Nord de Mulhouse met en place un programme de démocratie participative intitulé “21 actions pour le 21ème siècle”. Éducation, alimentation, travail, habitat, monnaie… La vie quotidienne des habitants a été totalement chamboulée par ces propositions. Cette transition poursuit plusieurs buts: l’autonomie intellectuelle et énergétique, et la souveraineté alimentaire. En clair, vivre mieux, produire localement, préparer l’avenir, “l’après-pétrole”.
Aujourd’hui, Ungersheim se chauffe et s’éclaire avec une énergie qu’elle génère elle-même à l’aide de panneaux solaires et d’éoliennes. Elle produit et consomme localement ses aliments, et les enfants vont à l’école en calèche. Avec un cheval.
Dans la lignée des Transition Towns
Cette initiative s’inspire du mouvement des Transition towns initié au Royaume-Uni. Totnes, une ville du Sud de l’Angleterre, est la première transition town a avoir vu le jour en Europe, dès 2005. Le mouvement se développe depuis lors sous la houlette bienveillante de Rob Hopkins, un enseignant en permaculture. Il qualifie la transformation d’Ungersheim d’“unique au monde”, comme le rapporte transitionfrance.fr.
Pour observer ces évolutions, Marie-Monique Robin a passé l’année 2015 aux côtés des habitants d’Ungersheim. Dans la lignée du Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion (2015), elle en a fait un film qui met en valeur les solutions, plutôt que les problèmes. Sans culpabiliser son public, elle l’encourage, lui propose des alternatives. Comme le rapporte FranceTVinfo, le documentaire était initialement destiné à la télévision. France 3 Alsace le diffusait en mai dernier. Mais devant la richesse des témoignages, Marie-Monique Robin a décidé d’en faire un long métrage pour le cinéma, entièrement narré par les habitants de la commune.
Un docu autoproduit et citoyen
La réalisatrice a une quarantaine de documentaires à son actif, produits pour la télévision. Elle a longtemps travaillé sur des sujets polémiques tels que les violences faites aux femmes, la pédophilie, la torture aux États-Unis, ou le trafic d’organes. Elle se considère volontiers comme une lanceuse d’alerte et revendique un journalisme indépendant.
En 2012, elle fonde M2R Films, pour produire ses créations. Une “maison de production citoyenne”, comme elle l’appelle. Par ce biais, elle entend “développer une relation différente avec le public, en l’associant à la genèse et au développement” de ses films, “pour que ceux-ci jouent pleinement leur rôle d’outil d’information et d’éveilleur de conscience”.
(Photo: Wikipedia/Fhalken)