Comme beaucoup de bars musicaux, “L’international” espère depuis 1 an des subventions (inexistantes) de l’État pour survivre. Mais ce n’est pas trop le moment (si ça l’est parfois) pour dépendre des aides de l’État.
La musique, c’est comme une forêt : un écosystème, interdépendant. Tout fonctionne comme une chaine alimentaire, dont le réseau est interconnecté : Pour qu’il y ait de brillants albums, il faut le business, les calendriers, les instruments, les studios, et surtout les rencontres et les collectifs. Si on enlève les lieux, on enlève les musiciens. C’est pour ça que la crise du bar parisien “L’international” inquiète : si on enlève le lieu où le guitariste fait un pogo avec la future bassiste de ce groupe qui jouera un peu ici puis vendra les cassettes de ce concert avant de percer et de faire de grosses scènes ; si les lieux plus petits que les arènes et stades disparaissent, c’est tous les nœuds de l’écosystème musical qu’on laisse partir.
Le sous-sol mythique
“C’est la lutte finale” : ces mots pèsent lourd pour ce bar mythique qu’est L’international. Ouvert depuis 2008 au 5/7 rue Moret à Paris, il s’apprête à baisser définitivement le rideau, après des mois de combat. On y joue aux fléchettes, regarde des films ou des stands up, et on y danse aussi, au rythme des DJ sets. Mais le bar est plutôt connu pour sa cave mythique : depuis une quinzaine d’années y ont lieu un tas de concerts de rock, de post-punk, de shoegaze, de indie pop comme de techno. Les artistes viennent du coin de la rue comme de l’autre bout du monde pour faire trembler le sous-sol.
C’est dans ce sous-sol que se sont tenues les premières dates parisiennes des artistes Model/Actriz, Geese, Wednesday, The Cool Greenhouse ou encore English Teacher, lauréats du Mercury Prize 2024 (et on en passe).
Les concerts étaient diffusés en direct depuis la cave sur un écran dans la salle du dessus, ce qui permettait d’aller se prendre une binouze au bar en continuant de profiter du concert. Une merveilleuse idée, comme celle de bosser avec le label Idiot Tapes depuis 2022 pour pouvoir enregistrer les concerts sur cassette !
Mais 2024 a porté le coup fatal : un défaut de construction dans la fameuse cave menace le plafond de s’effondrer. Les travaux sont chiffrés à 800 000 euros. Le bar n’a alors pas les fonds, mais ne baisse les bras et procède à organiser 27 concerts hors des murs de L’international. Ainsi, des spectacles se sont par exemple tenus au Supersonic, au Point Éphémère, ou encore au Sample, et s’ajoutaient à des demandes de subventions au CNM (Centre Nationale de Musique) et à la Ville de Paris.
L’international, un martyr des politiques culturelles avares
Subventions refusées, et pas d’aides de l’État pour L’international. L’État n’a pas l’air méga chaud pour financer la culture ces temps-ci, visiblement : l’enquête publiée en début de semaine par le SMA (Syndicat des Musiques Actuelles) indique que neuf régions sur treize, (9/13 pour visualiser l’énormité) ont prévu des coupes dans leur budget culture pour l’année 2025. Les bars live sont ici parmi les derniers subventionnés, défendant une culture plus underground.
Un par un, les rideaux des clubs et des petites salles se baissent. C’est pourtant dans ces lieux qu’on découvre des groupes qui se font la main, sur des petites scènes où tout est permis, des lieux qui deviennent les camps de base de moult collectifs, labels, etc. En bref, on ferme des lieux clé de la musique.
Pendant que les messages nostalgiques et de soutien s’empilent sous les publications web de L’international, le lieu continue les événements jusqu’à l’ultime bamboche, qui vient d’être annoncée. Elle se tiendra le samedi 26 avril ! Il sera question de dé-fêter L’inter’, l’équipe promet aux témoins des concerts et de la fête jusqu’au bout de la nuit…