Hypotension orthostatique. Pour tou.te.s celles et ceux qui n’ont pas usé leurs fonds de futals sur les bancs de la fac de médecine, ces deux mots ont tout du langage abscons. Alors, précisons : l’expression désigne une chute de la pression artérielle qui survient parfois lorsqu’on se lève trop vite, occasionnant une sensation de vertige, de désorientation, de perte d’équilibre. Un phénomène qui, en anglais – devinez quoi ? – se dit « head rush ».
Head Rush, donc, c’est aussi le titre de la dernière création de la chorégraphe réunionnaise Soraya Thomas. Un spectacle qui, non, ne met la focale sur les personnes qui s’extirpent trop précipitamment de leur lit (oui, il paraît qu’il y a des gens à qui ça arrive !) mais se consacre à d’autres personnes pas non plus très à l’aise avec leur équilibrioception. Pour d’autres raisons, disons plus en rapport (dans certains cas) avec ce morceau de Gil Scott-Heron et Brian Jackson – et si vous n’avez pas envie de cliquer sur le lien, on parle des vertiges engendrés par l’alcoolisme.
Deux ans durant, Soraya Thomas a travaillé sur les addictions, sur la dépendance – au C2H6O ou à d’autres substances oeuvrant tout aussi efficacement à faire glisser le circuit de la récompense vers des pentes fatales à long terme. Un boulot de terrain pour lequel elle s’est glissé dans la peau d’une journaliste, d’une ethnologue, d’une enquêtrice ; tout une approche préparatoire qu’elle intègre aujourd’hui dans la mise en danse de ce spectacle multimédia.
Ainsi, des rencontres avec des patients, des témoignages recueillis, des photos et des vidéos viennent ponctuer et renforcer la suggestion dansée des sensations et des émotions que produit les drogues – quelles qu’elles soient – sur les corps. Des corps sublimés, exaltés, abîmés, transformés, déséquilibrés ; des réceptacles travaillés avec plus ou moins de conscience et de constance par les vacillations du monde.
Pour entrer dans cette drôle de danse sur les boulevards bordelais, le mot de passe Nova Aime est à utiliser, sans modération ni peur du vide, juste ci-dessous.