Hier a eu lieu une saisie douanière de 9,7 tonnes de marchandise, pour un coût total de près de 500 000 euros. Ni drogue, ni arme, mais une friandise
La nouvelle est passée complètement inaperçue, et pourtant, elle soulève bien des crispations diplomatiques. La France et l’Algérie ont depuis plusieurs mois une relation froide et tendue. Une transaction douanière inattendue peut ainsi facilement devenir un symbole économique aux enjeux politiques insoupçonnés…
El Mordjene, une pâte à tartiner instagrammable
La pâte à tartiner El Mordjene n’avait connu qu’un succès local, en Algérie. Sauf qu’en septembre dernier, des influenceurs ont vanté son goût et mis en avant, un brin chauvin, ce Nutella DZ. En France, les commandes ont à l’époque explosée. Conséquences : ruptures de stock, marché clandestin et difficulté à s’en procurer. Comme ce qui est rare est cher, les pots pouvaient s’arracher jusqu’à 30 euros pièce sous le manteau !
Une friandise montée en symbole politique
Sortie de l’anonymat, l’importation de cette marchandise a été décrétée interdite en France et dans l’Union européenne au motif que Cebon, le groupe qui la commercialise, ne respecterait pas « les exigences européennes en matière de santé animale et de sécurité sanitaire des aliments ». Suite à cette interdiction, l’Algérie accuse la France de jalousie et jure que tout cela est fait pour nuire aux intérêts de la marque algérienne.
Preuve de l’ampleur qu’a prise cette affaire : le service de presse de la douane française, a donné hier des détails aux journalistes, comme elle le fait pour des grosses saisies de cocaïne ou des produits de luxe contrefaits. Voici ses mots : « Les douanes ont également mis la main sur 296 colis de nappage pesant 1800 kilos et 1560 cartons de biscuits pour un poids net de près de 7 tonnes ». C’est du sérieux.
Une affaire économique, judiciaire et politique
Cette affaire traîne depuis des mois et personne ne semble vouloir céder : ni le fabricant d’El Mordjene, ni les consommateurs, ni les institutions politiques françaises et européennes. Mais en vue des dernières prises de position belliqueuses et hostiles de Bruno Retailleau envers l’Algérie, l’avenir de cette crise commerciale ne promet pas de faiblir.
Dans les archives, on a même trouvé un article d’un site d’actualité d’extrême droite (Boulevard Voltaire) sur le sujet. Il qualifiait l’affaire El Mordjene de nouvelle guerre d’Algérie.