Hier soir, le 13 mai, notre Président s’est fait interviewer à la télévision par Tibo Inshape, Robert Ménard et (mieux,) par Salomé Saqué et Sophie Binet. Des prises de positions aux stratégies des intervieweurs, qu’on vous débriefe à la sauce Nova.
“Tibo InShape l’a très bien dit” était le genre de sottises qu’on a pu entendre hier soir, sur TF1, de la bouche d’Emmanuel Macron. Lors d’un entretien public de plus de deux heures, notre président a ainsi discuté avec le youtubeur fitness, égérie de l’extrême droite française et de ses masculinistes. L’influenceur à fait partie de toute une ribambelle d’interviewers, qui se sont suivis sur plus de deux heures.
Notre analyse (amplement subjective) doit d’abord se porter sur le titre de l’émission – la forme, c’est important. L’émission s’appelait “Emmanuel Macron, les défis de la France”, écrit avec une police de caractère sérieuse et solennelle, type Times New Roman, qui exprime une certaine tradition. Plutôt stable que moderne donc, ça donne le ton. Pourtant, on nous avait teasé avec un format moderne. Quelle fut notre surprise lorsque l’émission a commencé avec trois hommes blanc de 62, 58 et 47 ans respectivement – E. Macron s’érigeant ainsi comme le plus jeune (il n’est pas bête le boug). Pour la parité et la diversité à l’antenne, il fallait regarder dans le public, derrière nos trois vieux mâles blancs, même si c’est un peu flou.
Un Président paternaliste bien préparé
Un détail nous a particulièrement frappé : E. Macron s’est présenté sur le plateau avec plusieurs graphiques, qu’il a brandi au fil de l’émission pendant qu’ils étaient projetés en même temps sur l’écran. L’Élysée a donc fait les choses bien, en envoyant les éléments en avance et en sachant exactement sur quel sujet le Président allait. On a aussi grillé la spéciale d’E. Macron quand ce n’est pas le cas : lorsqu’il comprend qu’une question est trop offensive, il prend son stylo et la note. Ce geste évite un plan télévisé sur un président gêné ou bousculé.
En plateau, on a noté le ton offensif et pertinent de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, et les bonnes questions de Salomé Saqué. Mais on a déjà oublié les réponses d’E. Macron, trop paternalistes et technocrates.
On a aussi aperçu des personnalités aux antipodes des deux femmes, comme l’ancien RN Robert Ménard, convié pour les questions de sécurité et d’identité. Pas de surprise (à part ses lunettes rondes orangées), il a agité la peur liée aux étrangers.
Puis, on a pu voir Féris Barkat, jeune activiste fondateur de Banlieue Climat. Ce fut bref et pixelisé, puisque ce militant de parents algérien et marocain n’a pas eu la chance d’être invité en plateau. On lui a demandé d’envoyer un petit duplex enregistré, filmé avec son téléphone.
Une prise de position surprenante sur le génocide en Palestine
On a même eu le droit à une prise de position du président sur le génocide en Palestine. Il n’a pas souhaité le qualifier comme tel, expliquant que le massacre en cours à Gaza était plutôt un “drame humanitaire”. Pour le reste, pas grand-chose de concret. Un référendum sur la fin de vie, des phrases de principes sur la guerre en Ukraine, la défense de son bilan présidentiel, les sujets habituels d’E. Macron donc.
L’émission était ainsi construite comme un vrai film, et ce n’est pas une surprise : presque tout était dans la bande-annonce.