En ce retour de week-end que beaucoup ont passé « au vert », voici l’histoire d’une rencontre de la vie sauvage. « Ce que ton regard promet » est le premier livre de Chloé Dalton, elle raconte comment un levraut sauvage a changé sa vie.
Cette histoire commence avec une conseillère politique anglaise, Chloé Dalton, qui travaille au ministère des Affaires Étrangères de Londres. Comme d’autres privilégié·es, lorsqu’est déclaré le confinement général en 2020, elle se réfugie dans sa résidence secondaire. Chloé Dalton n’a pas de villa piscine mais une grange rénovée dans la campagne du nord de l’Angleterre. Un matin, sur un chemin boueux proche de la grange, elle trouve un bébé lièvre, abandonné par sa mère. Elle l’enveloppe d’herbes sèches et le ramène chez elle.
L’adoption d’un levraut par une humaine : apprendre à vivre avec cette espèce incomprise
Elle ne le savait pas, mais il est déjà trop tard pour ce lièvre : en le portant chez elle, Chloé Dalton lui a transmis son odeur humaine. L’animal ne sera donc plus approché par des camarades de son espèce si elle le relâche, si petit et vulnérable, dans la nature. La jeune femme garde ainsi le levraut chez elle le temps qu’il grandisse, et va au fur et à mesure découvrir comment s’adapter à cette espèce jamais domestiquée. Par exemple, elle renonce à porter son parfum habituel, qui dérange l’odorat sensible de l’animal qu’elle a accueilli. Elle se lève la nuit pour lui donner le biberon, comme une mère, respecte ses horaires de siestes sans le réveiller. Elle le voit grandir et s’habitue à sa présence dans son quotidien. Chloé Dalton apprend ainsi à connaître une espèce méconnue et peu considérée, voire, selon elle, qui a plutôt mauvaise réputation. Les lièvres sauvages sont souvent décrits comme une version moins mignonne des lapins, plus belliqueux, inquiétants. Ils ont inspiré Jean de la Fontaine et autres Lewis Caroll mais aucune description ne correspond au lièvre que Chloé Dalton héberge chez elle.
Le levraut n’a pas de prénom. Chloé ne lui en a pas donné pour ne pas trop le domestiquer, faire de lui un “animal de compagnie”. Elle affirme que c’est le lièvre qui lui apporte beaucoup, et pas l’inverse. La “sérénité” et “constance” du lapin viennent en effet trancher complètement avec l’”imprévisibilité” et le “stress” de sa vie à elle, dans le rythme effréné des bureaux du gouvernement britannique. Le lièvre bouleverse ainsi la vie de l’écrivaine en pleine pandémie.
Mais qu’advient-il de cette relation post-covid ? On ne va pas vous spoiler, mais pour savoir si le lièvre restera dans la vie de Chloé ou en partira, on vous laisse lire le livre, qui vient d’être traduit en français aux éditions Fayard : “Ce que ton regard promet”.
Un livre qui sensibilise : en un siècle, les lièvres ont perdu 80 % de leur population au Royaume-Uni
Le livre est un archétype des “nature-writings”. C’est comme ça que les britanniques définissent ces livres sur la nature, avec des descriptions merveilleuses de la nature de cette campagne anglaise. Le livre donne aussi à voir comme “prêter attention est contagieux” : en s’intéressant à son levraut, Chloé Dalton prête tout à coup attention à toute la vie sauvage. Sensibilisée à ses enjeux de conservation et de protection, elle en parle depuis régulièrement sur son compte Instagram, sur lequel on trouve surtout des photos de lièvres et d’autres animaux sauvages en liberté.
Les citadins aussi peuvent donc s’éveiller pour défendre la nature et ses habitant·es ! Par exemple, Chloé Dalton a, en parallèle de son livre, créé une pétition pour lutter contre la chasse aux lièvres lors de leur période de reproduction (de février à septembre). Elle interpelle le gouvernement sur un chiffre alertant : en un siècle, les lièvres ont perdu 80 % de leur population au Royaume-Uni.
Sélectionné pour le Women’s Prize for Non-Fiction 2025 et élu livre de l’année par le Times, le Spectator et le Financial Times, le livre Ce que ton regard promet est déjà un succès mondial.