La Femme, Tiken Jah Fakoly, Sababa 5… les albums immanquables de la semaine

La Femme, Teatro Lucido

Le meilleur groupe de pop (ajoutez les termes “punk”, “yéyé”, “new-wave”, “psyché”…) chantée en française sort un album chanté… en espagnol ! Teatro Lucido est le résultat de voyages passés en territoires hispaniques (Espagne, Mexique…), de rencontres avec le reggaeton, les cultures mariachis, le flamenco, la movida des années 80. Un peu de bossa, aussi (c’est au Brésil où l’on parle portugais et pas espagnol, effectivement) et une certitude, toujours : La Femme, malgré une carrière qui commence à durer (leur tout premier EP sortait en 2010 et Psycho Tropical Berlin, leur premier album, en 2013), reste la formation la plus audacieuse et la plus créative des groupes de pop à la française.

Phoenix, Alpha Zulu

Autre meilleur groupe français du monde qui sort aujourd’hui son nouvel album (le septième) : Phoenix ! Enregistré au Musée des Arts décoratifs et non pas dans l’avion qui survolait le Belize au moment où Thomas Mars a trouvé le nom de ce nouveau disque (“Alpha Zulu, Alpha Zulu, perte d’altitude”, entendait-on alors…), le disque des Versaillais invite Ezra Koenig de Vampire Weekend (premier featuring de leur carrière !), se la jouent pop-tribale sur un morceau souvent joué sur Radio Nova (“Alpha Zulu”, pareil que l’album), font danser en rêvant (une spécialité maison) sur “Winter Solstice” ou “Season 2” et prouve, puisque ces mecs-là étaient déjà présents au moment de l’émergence de la grande Passion French Touch en France, que la pop n’a pas d’âge.

Tiken Jah Fakoly, Braquage de Pouvoir

Le reggae non plus, d’ailleurs. En atteste le nouvel album de l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly qui, à 54 ans, propose avec Braquage de Pouvoir un disque humaniste qui regarde vers l’autre, pense aux enfants des rues que l’on ne regarde plus, aux humains qui embarquent sur des bateaux sans avoir conscience qu’ils deviendront bientôt des migrants (“Où est-ce que tu vas ?”), le beau continent qui a tout pour réussir, mais qui se fait gangréner de l’intérieur ?

O.B.F, Lava

Le reggae. Mais aussi le dub, le hip-hop, le ska, la bass music, le tout fusionné au sein d’un soundsystem qui tape fort dans la poitrine, qui lève le poing très haut, qui pointe le doigt sur les failles du système et regarde ses spoliateurs droit dans les yeux. Avec O.B.F., Belén Natalí (Argentine), Charlie P (UK), Sr Wilson (Espagne), Junior Roy (France) et le regretté jamaïcain Nazamba soufflent le feu dans un micro plus que jamais affuté l’année, excusez du peu, des 20 ans du collectif. Percutants en live (souvenirs des Électropicales par ici), hyper efficaces en studio (“Trees”, “Contrôle la Danse”, et le follement addictif “Vampire Dance”, brûlants dans l’intention. Floor is lava ? Tout le monde saute.

Sababa 5, Sababa 5

Poursuivons notre tour du monde du côté de Tel-Aviv, d’où le groupe Sababa 5 exprime, sans mots et en mode totalement instrumental, un groove totalement international mélangeant les idées d’afro-disco, de reggae, de soul, de jazz, de funk, de folks du Moyen-Orient, d’intentions globalement psychédéliques. Ça groove, ça voyage, ça exprime depuis Israël une idée d’un monde où les frontières seraient débarbelées et les esprits ouverts vers un horizon qui n’aurait pas de limite.

DjeuhDjoah & Lieutenant Nicholson, 2+

Frontières, jamais ! Cocktail, plutôt ! Avec des saveurs des Caraïbes, d’Afrique, du Brésil, d’Océan Indien, de tout ce qui peut permettre à ce duo d’exprimer un funk groovy, forcément, ultra-solaire. Ultra amoureux, aussi. De la vie, des voyages, de la vaillance des espoirs d’un monde qui se danse.

Quasi Qui, Downloading a New Operating System

Terminons par la pop cosmique, underground, synthétique, discoïde, solaire (couchante) et très cool de Quasi Qui, duo signé sur Microqlima (L’Impératrice, Isaac Delusion, Pépite…) et qu’on placera, sur la grande carte des influences musicales, entre les États de Dire Strait, de MGMT, de Roxy Music, de Paradis. Tout ça mais en mode reeboot.