L’album culte de cette semaine est drôlement bien habillé, avec son armure robe métallique argentée et sa couronne dorée, posée sur la tête de l’alter égo (ou Androïde) de Janelle Monáe.
Sur Nova, vous fredonnez encore le très cool Lipstick Lover, célébration sensuelle de l’amour lesbien sur un reggae-pop qui reste en tête, qui a plus de deux ans, maintenant. Janelle Monáe n’a pourtant pas attendu 2023 pour faire de la bonne musique qui marche. On fête cette semaine la sortie de son tout premier album, ArchAndroid, le 18 mai 2010. À l’époque, la track « Tightrope » en featuring avec Big Boi, avait mis toute la rédac d’accord.
L’album ArchAndroid est une épopée de 70 minutes en 18 morceaux. Le disque est construit en deux suites, chacune commence par une ouverture orchestrale bien classe, et raconte une histoire futuriste, dont l’héroïne est une Androïde : Cindi Mayweather.
Cindi Mayweather, l’androïde qui lutte contre l’oppression à Metropolis
Elle habite la cité de Metropolis (tiens, comme le nom du premier EP de Janelle Monae) dans laquelle les humains controlent et oppriment les androïds. Cindi est envoyée dans le passé pour libérer la société de Metropolis du Great Divide, une société secrète qui utilise le voyage dans le temps pour supprimer la liberté et l’amour. Son coeur à elle bat pour un humain : Anthony Greendown.
Une aventure en 70 minutes
Ainsi, Cindi chante le pouvoir de résistance de la musique dans « Dance or die », la frustration et l’isolement des opprimé.es dans « Locked Inside », parle d’identité et d’acceptation dans « Cold War » et du difficile équilibre entre ses ambitions, ses missions, et ses désirs et doutes intimes dans « Tightrope » ou « Faster« .
Puis, avec « Mushrooms and Roses », c’est la conscience collective qui s’éveille pour se lancer dans la partie 2 du disque où Cindi fuit les autorités et les chasseurs de primes, pour trouver un sanctuaire utopique où les opprimé.es se réfugient.
L’androïd pour représenter « l’autre »
Pour Janelle Monáe, ces Androïdes sont un nouvel “autre”. Elle dit qu’on peut “les comparer au fait d’être lesbienne, gay, être une femme noire…”. Sortir un disque aussi conceptuel est audacieux, puisqu’à ce moment-là, la chanteuse est plutôt vue comme un buzz qui repartira surement comme il est arrivé. Certain.es l’avaient repéré sur deux des morceaux de l’album/soundtrack d’Outkast IdleWilde, puis avaient écouté son EP, Metropolis, en 2007, et attendaient un premier disque pour jauger.
Magistrale, Janelle Monáe redonne au R&B ses lettres de noblesse (alors que le genre passait de mode dans les années 2010). Elle le mélange à du rock psyché, du rap, de la disco, du cabaret… Sans jamais que le projet ne perde de sa contenance. C’est un véritable album aux allures de spectacle.
À l’époque, le quotidien britannique The Guardian se risque à qualifier Monáe de “nouvelle Bowie”, quand d’autres voient une « nouvelle Kate Bush » ou même une « nouvelle Prince ». Des comparaisons pour tenter de trouver les mots qui manquent à l’avènement d’une nouvelle personnalité musicale forte qui semble vouée à durer.
ArchAndroid version BD en 2025
15 ans après, ArchAndroid continue de vivre : Janelle Monáe a annoncé en mars la sortie d’un roman graphique ArchAndroïd.
Une écoute immersive de l’album le 4 juillet
Et comme un signe envoyé des étoiles, l’album sera diffusé en écoute immersive à Paris le 4 juillet prochain. Et pas n’importe où : l’expérience auditive se fera au coeur de la géniale exposition Chaosmos au Maif Social Club. Si ça vous dit quelque chose, c’est parce qu’on vous a fait faire la visite, par les oreilles, dans notre Nova Y Va.