L’acteur Pete Davidson ôtait il y a un mois 200 000 $ de son porte-monnaie et 200 tatouages de sa peau : depuis quelque temps, la mode est à la peau intacte.
En France, près d’un adulte sur cinq est tatoué. Avec la popularité croissante de cet art corporel, les tendances de dessins et styles de tatouages évoluent rapidement, influencées par les réseaux sociaux et les innovations techniques. Les modes vont si vite que celle du détatouage (le fait d’enlever tous ses tatouages) a émergé il y a quelque temps. On voit ainsi sur nos algorithmes les vidéos de certain·es influenceur·euses montrer leurs séances de détatouage au laser, d’autres prôner une peau sans tatouage. Si vous êtes tatoué, vous êtes probablement en train de souffler du nez : vous avez encore plein de projets de tatoos à venir, et l’impression de ne pas être un énorme ringard. Mettons-nous d’accord : le détatouage total, c’est une mode parmi les modes, et notamment en vogue chez celles et ceux qui peuvent se le permettre.
Un tatouage est permanent, pas son intention !
La revue Dazed a récemment publié un article sur le sujet, parlant du tatouage comme un “marqueur de génération”. On ne va pas se mentir : à partir de tatouages tribaux, de dauphins ou d’ailes d’anges sur le dos, on sait à peu près de quelle génération est la personne tatouée. Les modes se renouvellent, et ça peut être consolant et conciliant de se faire laseriser le bras plutôt d’y garder infiniment quelque chose de démodé. D’autant que beaucoup de tatoué.es admettent volontiers que certains dessins ne leur ressemblent plus, et qu’à choisir ils les enlèveraient bien. Les modes et les gens évoluent, et les avancées technologiques qui rendent accessibles le détatouage participent donc à cette trend.
Une mode élitiste
Le laser, ça coute cher : en moyenne minimum 280€ la séance. Il faut compter un minimum de 8 séances pour effacer au maximum l’encre, ce qui fait un total minimum de 2 300 euros pour retirer votre petit oiseau sur le bras. Une opération réservée aux riches, donc. Or, le tatouage a toujours été associé en Occident à quelque chose de décadent, de marginal. On peut y voir un lien avec la montée des looks « Old Money » cette mode d’une apparence qui sent l’argent, qui se diffuse en ce moment sur les réseaux ? Ne pas avoir de tatouages, ça sent aussi l’argent générationnel. Il y a en tout cas l’idée d’une forme de « pureté » qui revient avec la mise en avant de corps dépourvus de tatouages.
Ces enjeux ont peut-être (ou pas) des fondements misogynes : depuis quelques années émerge la mode du “clean girl aesthetic”, ou “l’esthétique de la fille propre”, s’ancrant dans le mouvement d’un retour au naturel, avec le retrait du botox ou encore celui du maquillage naturel. Dans cette trend, on peut voir des jeunes femmes se maquiller, s’habiller, montrer leur chambre, leur fond de sac à main (censé être crade), ou encore l’intérieur de leur voiture comme ayant l’air naturellement propre, les rendant naturellement “pures”. La mode est donc à la fille “pure”, « délicate », « demure« , et le tatouage fait tache. Sous les vidéos de critiques de tatouages, on peut par exemple lire des descriptions citant la Kim Kardashian d’il y a 10 ans, expliquant pourquoi elle n’avait pas de tatouage : “Chérie, tu mettrais un autocollant sur une Bentley ?”.
Le tatouage, c’est de l’argent. Ou le tatouage, c’est du temps ? Ou l’argent, c’est du temps ? Zut…
Les modes bougent vite, très vite à l’ère des réseaux sociaux et influenceur·euses. Dans une large partie des vidéos de détatouage, les concerné·es expliquent ainsi qu’ils subissent l’opération pour se faire tatouer par-dessus, manquant de place ou d’emplacement attrayant. Mais l’opération coûte cher. Être à la mode, encore un truc de riches, qui peuvent même maintenant modifier ou renouveler le permanent à coup de bifton.
Certains se retrouvent à réserver des séances de détatouages, épris de regrets d’avoir pris part au mouvement d’auto-tatouage à partir des petits kits tattoo en vogue durant les confinements de 2020. Que ce soit dans votre canap’ pendant un virus international ou sous l’aiguille de François Damiens, si vous êtes riche il n’y a pas de risque : vous êtes libéré·e de l’immortel.