Métal Hurlant et le 7ème art, ça reste une histoire de fusion.
En mai 1977 sort le premier numéro de Cine Fantastic. On y causait de Massacre à la tronçonneuse, Barbara Steele ou de films d’insectes géants. Il n’y aura jamais de numéro 2. Cette revue était pourtant initiée par l’équipe de Métal Hurlant, Jean-Pierre Dionnet en tête et aurait dû être une extension, consacrée au cinéma, du magazine mythique. Elle était logique car « Métal » aura toujours entretenu des liens avec le 7ᵉ art.
Que ce soit comme réceptacle – se souvenir d’un copieux numéro hors-série consacré au Conan le barbare de John Milius, ou d’un article aussi légendaire qu’incendiaire sur Blade Runner – mais peut-être plus encore comme influence : sans Métal Hurlant, Mœbius n’aurait sans doute jamais travaillé aux designs d’Alien, Tron ou même Abyss. Encore moins sur le dantesque Dune que n’aura jamais achevé Jodorowsky, qui avait convié plusieurs membres éminents de l’équipe du journal pour les phases préparatoires. Les allers-retours entre cinéma et Métal Hurlant sont incessants (d’Outland, le western spatial qui devient une bd publiée dans la version américaine à Enki Bilal qui signera les décors de La vie est un roman d’Alain Resnais ou Philippe Druillet qui dessinera les affiches des films érotico-fantastiques de Jean Rollin quelques années avant de participer à la création du magazine).
Mad Max ou… Métal Hurlant ?
Une relation parfois tumultueuse – Jean-Pierre Dionnet, regrette encore d’avoir refusé à George Miller que ce qui deviendra Mad Max s’intitule Métal Hurlant… – qui culminera en 1981 avec Métal Hurlant, le film, fabuleux dessin animé omnibus, et parfaite collaboration transatlantique, trouvant racines chez des récits d’auteurs maison : Mœbius encore, Bernie Wrightson ou Richard Corben. L’empreinte de Métal Hurlant aura donc fait d’entre autres Ridley Scott et James Cameron ses enfants putatifs. Une transmission passée à la génération suivante : en 2008, David Fincher planchait sur un nouveau film à sketches inspiré de Métal Hurlant. Le projet avortera, mais il en restera des traces dans Love, death & Robots, série d’animation qui perpétue par son avant-gardisme ou ses audaces de ton l’héritage « Métal ». Le lien entre 7ᵉ art et Métal Hurlant perdure encore… et devrait renaître prochainement : Taïka Waïtiti prépare pour 2029 un long-métrage tiré de L’Incal, une des bd historiques parues dans la revue…