Sur internet, les conseils de vie pullulent en développement personnel de comptoir. Plutôt que de vouloir tous les appliquer en même temps, il faut se foutre la paix ! C’est pas un conseil, c’est scientifique, sociologique et illustré.
La fameuse FOMO. C’est la Fear Of Missing Out, la peur de louper un truc. Vous la ressentez peut-être quand on vous invite à deux soirées, mais que vous n’allez qu’à l’une d’entre elles. Ça peut aussi être la raison pour laquelle vous allez au bar un mardi soir alors que vous aviez juste envie de dormir.
Ça, c’est donc la définition qu’on voit un peu partout de la FOMO. Mais le petit doigt de Ségo lui en a glissé une autre, qu’elle a trouvé dans la dernière BD de Liv Stromquist, une autrice sociologue vraiment géniale.
Les conseils virtuels infiniment vicieux : toujours mieux, toujours plus sain.
Liv Stromquist parle d’une FOMO appliquée au développement personnel, à tous les trucs qu’on nous conseille de faire pour avoir une meilleure vie, être en bonne santé, être plus heureux·se. Bref, tous ces conseils qui pullulent sur internet. Cette autrice dit que par exemple le soir en rentrant du boulot si on raffermit son visage avec l’appareil à micro courant pendant 20 min comme a dit la dame sur Instagram, on n’a pas le temps de lire un roman, mais que si on lit un roman, on n’a pas le temps de rattraper les infos du jour, mais que si on regarde l’actu, on n’aura pas le temps de faire les 15 pompes et abdos quotidiens pour être en superforme, mais que si on fait ça on n’aura pas le temps de préparer un super repas équilibré, etc., à l’infini.
Chaque possibilité réalisée implique un nombre de possibilités pas réalisées plus grandes, immenses à l’heure où les possibles nous arrivent par vagues sur les réseaux.
La BD de Liv Stromquist ne parle pas de soirées, mais de conseils sur TikTok et Instagram. Ils sont les outils de cette quête moderne du bien-être et du développement personnel et Liv Stromquist nous explique que c’est une quête complètement capitaliste et néolibérale.
Les conseils sont bons… pour celle·ux qui les donne
Notre mode de vie devrait s’articuler autour d’une recherche effrénée du bonheur, qui va lui-même entraîner un désir de prendre soin de soi. Mais Liv Stromquist explique par exemple, étude à l’appui, que lorsqu’un groupe de personnes donne des conseils à un autre, ce sont toujours ceux qui donnent les conseils qui bénéficient de l’échange. Ils sont en effet renforcés dans leur connaissance, leur légitimité, ils sentent qu’ils font bien – alors que les autres sont un peu humiliés, mis face à ce qu’ils devraient faire, souvent le sachant pourtant déjà.
Ça vaut pour les gens sur Instagram, qui disent qu’il faut se masser le visage avec tel produit, telle méthode et telle intention tous les jours 20 minutes, tout en lisant 30 pages de roman par jour, du sport, de la cuisiner et de la médiation. En gros, la BD dit que chacun·e cherche et trouve son équilibre de vie, qu’un·e sportif·ve trouvera toujours que le bonheur réside dans le fait de faire du sport tous les jours, qu’un·e littéraire dira qu’on n’est pas heureux sans lire chaque jour, etc.
Alors sans vous la conseiller comme une lecture nécessaire, on vous glisse le lien de la BD de Liv Stromquist, La Pythie vous parle, qui en plus de nous apprendre plein de trucs, est vraiment très très drôle, cynique, second degré et parfaite pour l’été.