Une récente découverte sur la profondeur de notre mémoire et des conseils pratiques pour prendre soin de ses souvenirs, et pratiquer l’art de s’en créer des beaux.
À quand remontent vos tout premiers souvenirs ? Parfois, ils se mélangent à des moments que l’on nous a raconté, des photos, mais souvent, ils datent de nos 3 ou 4 ans. Les pédopsychologues confirment d’ailleurs, attestant que le cerveau des bébés est trop immature pour créer des souvenirs durables avant cet âge.
Pourtant, une nouvelle étude parue dans la revue Science vient nuancer, ou questionner. Elle prouve que les bébés peuvent se créer des souvenirs avant cet âge là, que leur hippocampe (pas l’animal chelou mais la partie du cerveau qui stocke les souvenirs) n’est pas complètement inactive avant 3 ans. L’étude d’imagerie a été menée par une équipe du neuroscientifique de l’Université de Yale, Nicholas Turk-Browne, et le chercheur de l’Université de Columbia, Tristan Yates. Et elle n’est pas encore terminée puisque si elle dévoile que les souvenirs d’un bébé durent au moins quelques minutes, elle ne dit pas s’ils sont stockés, ni où, et les raisons pour lesquelles nous n’y avons plus accès une fois adulte.
Des scientifiques se sont penchés sur la question en effectuant des recherches expérimentales sur des bébés souris. Ils leur ont créé des souvenirs épisodiques, qui ont pu être récupérés plus tard si les chercheur·euses stimulaient des neurones dans l’hippocampe. Affaire à suivre. Voici en attendant d’en savoir plus des conseils pour les grands bébés, qui feraient bien de chérir leurs souvenirs.
L’Art de se créer de beaux souvenirs
Pour être sûr de ne pas perdre ses souvenirs, voici quelques recommandations. Dans L’Art de se créer de beaux souvenirs, l’auteur danois Meik Wiking s’appuie sur des données scientifiques et des témoignages pour aller chercher des souvenirs enfouis avant que leur amplitude ne nous échappe. Ou bien, Mike Weiking nous propose des astuces pour agir sur le moment, pendant qu’on crée un souvenir. On peut alors décider de l’ancrer profondément, pour pouvoir y accéder plus facilement et plus intensément plus tard.
La liste de mots pour faire surgir des souvenirs
Meik Wiking conseille par exemple de s’amuser avec une liste de mots. L’idéal est de jouer à plusieurs : lancer un mot et raconter le premier souvenir qui nous vient en tête en l’entendant. À quoi pensez-vous par exemple en lisant « coucher de soleil », “voiture”, “concert”, ou “chaussure” ? Vous pouvez vous créer votre propre liste, en voici une non-exhaustive : coucher de soleil, voiture, chaussures, montre, poisson, sac, neige, jardin, carnet, bougie, tram/métro/bus/train, concert, déménagement, colère, dessert, vent, manifestation, interdit, chaleur, bleu, difficile, fantôme, sourire.
Nos sens : un GPS du souvenir
L’auteur recommande aussi d’amplifier l’empreinte que peut laisser un moment lorsqu’on est en train de le vivre. Il parle de comment ancrer ce moment à l’aide des sens, de quelque chose d’unique qui permettra d’ancrer le moment dans sa mémoire à long terme. Concrètement, vous pouvez vous concentrer sur un son, une odeur qui vous entoure, s’il fait chaud ou froid, ou bien une couleur que vous observez autour de vous. C’est comme ça qu’on peut même volontairement associer pour toujours un souvenir à une musique. C’est ensuite en rappelant le sens ou l’image que le souvenir peut être rappelé.
M. Wiking donne aussi l’idée des “cartographies de souvenirs”, de vraies maps que vous pouvez créer pour recenser vos souvenirs géographiquement. Il s’agit de marquer et baptiser les lieux qui portent des souvenirs. Gardez en tête que plus les noms sont loufoques, plus la carte est percutante ! Enfin, l’auteur rappelle que les premières fois sont quasi-invariablement marquées dans nos mémoires, et qu’il est donc bon de sortir de ses habitudes pour être sur.e de se créer des souvenirs !