Une nouvelle trend a émergé sur les réseaux sociaux, médias d’extrême-droite et même à l’Assemblée Nationale. Elle érige un “Nicolas”, “bon français” fictif, en victime financière (ou bourreau ?) d’un système injuste.
D’habitude, lorsqu’on vous parle de trend, de tendance, c’est plutôt cool, culturel, musical. Bon, là, c’est pour vous parler de la puissance actuelle de l’extrême-droite, surtout sur les réseaux sociaux, et de sa faculté à imposer des concepts et à dicter son tempo.
Depuis une dizaine de jours, tous les médias parlent d’un prénom. Ça vous a peut-être échappé, pourtant tout le monde a fait sa petite chronique, comme TF1 dans sa matinale ou RTL.
Nicolas, jeune actif. Son nom est utilisé dans une expression, « Nicolas qui paie« . Ce bon Français, un peu bonne poire qui paie pour tout le monde.
C’est expliqué avec sourire, ç’a l’air sympa comme tendance. Mais ce que ne disent pas assez ces médias, c’est le plus important. Ce Nicolas fictif n’a rien d’un gars universaliste. Il représente un type de français. Celui, par exemple, qu’adorent les médias Bolloré.
Comme CNews ou Europe 1.
C’est un “cri du cœur fiscal” carrément.
En fait, ces médias ne nous disent rien de l’origine de cette tendance. Comme souvent, c’est presque impossible de retrouver le patient zéro. Mais un mystérieux compte X, ex Twitter, appelé « C’est Nicolas qui paie » a expliqué à TF1 vouloir faire entendre la voix de ces français·es qui paient trop, et pour tout le monde.
Le prénom n’est pas choisi par hasard. C’est un homme, déjà. Et ce n’est ni Manuel, ni Karim, ni Bakary. C’est le « bon français » qui paie pour tout le monde. C’est drôle, mais ça sent le programme d’un parti politique qui se voit à l’Élysée. Cette tendance est évidemment largement reprise par des comptes entre guillemets patriotes. Ça, c’est pour être poli, mais disons-le… xénophobes, racistes, sexistes et sympathisants du RN ou d’Eric Zemmour.
D’ailleurs, c’est un député UDR, le parti d’Éric Ciotti, qui l’a sorti de ténèbres des réseaux sociaux pour en parler à l’assemblée.
En fouillant un peu, on se rend compte qu’un même en 2020 sur internet expliquait que Nicolas payait les vacances de retraités et surtout paierait pour Karim, 25 ans, casquette et survet’, vivant des prestations sociales et envoyant une partie de ce qu’il a touché à des membres de sa fille au bled. Oui, il y a un petit dessin bien fait pour ce même.
Sans faire la leçon à nos médias, on pourrait quand même, avec un peu de pif, soupçonner un phénomène pas très spontané et dicté par la haine de ceux qui s’éloigneraient culturellement de Nicolas.
Je veux juste rappeler que le Nicolas actuel le plus connu a déjà deux condamnations, il vient de rendre sa Légion d’honneur. Et en septembre, il sera probablement condamné dans l’affaire libyenne. Et là, on pourra dire : “Nicolas, paie !”