L’affaire Grégory ne semble jamais s’arrêter. Ces derniers jours, de nouveaux éléments sont sortis et ont fait la une des journaux et des JT, avec un ton étrangement joyeux. Mais pourquoi est on prit d’une curiosité morbide face à cette affaire, pleine de rebondissement ?
Le plus fascinant des faits divers revient au-devant de l’actu : l’affaire du petit Grégory. Les journalistes nous parlent de cette affaire, ce cold case non résolu, avec une voix plutôt joviale. Le traitement médiatique d’une affaire qui avait heurté, ému, déchiré la France, il y a 40 ans, est aujourd’hui racontée avec un tel détachement… qu’on se pose bien des questions.
L’Affaire du meurtre de Grégory
L’affaire Grégory, pour ceux qui ne le savent pas, c’est la mort d’un enfant, kidnappé, dont le corps est retrouvé, le 16 octobre 1984, dans la rivière la Vologne dans le département des Vosges. L’assassin de cet enfant n’a jamais été retrouvé. Mais plusieurs suspects, l’un tué par le père et puis des lettres de corbeau, ont maintenu l’intérêt du public sur ce cas. Jusqu’à l’aujourd’hui, avec la probable future audition de la grand-tante de l’enfant.
Si la presse et les JT utilisent aujourd’hui les mots « surprise », « rebondissement », et semblent ne plus évoquer l’horreur du crime et la tristesse de la famille… Cela s’explique selon l’historien Bernard Oudin : « Au départ, il y a une scène qui « a frappé l’imagination », celle du crime sordide d’un enfant. Après, s’est greffé le mystère et on a été servi en la matière ».
Une curiosité fascinante pour un meurtre « sensation » ?
Pour le criminologue Alain Bauer, le fait « divers, ce n’est pas (seulement) le meurtre de l’enfant, c’est la rumeur, les épisodes qui se succèdent. Le corbeau qui relance l’affaire, crée la conspiration. C’est essentiel au suspense ». Le suspens donc, mais il y a aussi celles et ceux qui ont découvert cette affaire à travers le documentaire Netflix, faisant passer ce fait divers dans la catégorie : affaire criminelle fascinante.
Aujourd’hui, presque rien dans les médias sur la reconstruction d’une famille et son deuil, 40 ans après. Notre soif de savoir et notre curiosité ont définitivement pris le pas sur la pure émotion devant le crime
Pour le mystère de Xavier Dupont de Ligonnès, c’est un peu le même mécanisme. Peu de compassion pour les victimes, une volonté de comprendre, à tout prix, et même, parfois, une admiration pour un assassin qui échappe à la police.