De la folk made in US, le retour d’un groupe culte de l’électro-rock à la française, un lyriciste affûté qui brouille les lignes entre rap et chanson, et une voix soul trip-hop venue du Sud…
Tuerie, Les Amants Terribles (Foufoune Palace Bonjour, Ada France)
Tuerie, c’est un nom qui claque comme un uppercut, mais qui bat au rythme d’un cœur sensible. Et avec Les Amants Terribles, son tout premier album long format sorti via Foufoune Palace Bonjour – le label de Luidji –, Paul Nnazé (son nom à l’état civil) met cartes sur table : quatorze titres cousus de fils sensibles, où le rap se frotte à la soul, au jazz, au gospel, et parfois même à la chanson.
Révélé au grand public avec son EP Papillon monarque, sacré par le prix Joséphine en 2023, le rappeur désormais trentenaire n’a pas peur de se mettre à nu. Ici, l’amour s’étale dans toute sa complexité : passion, rupture, souvenirs, rechutes. Loin des postures viriles, il parle de cœur brisé, de tendresse, de nuits trop courtes et de silences trop longs. Une vulnérabilité encore rare dans le rap français, qu’il assume avec une sincérité désarmante.
Bon Iver, SABLE, fABLE (Jagjaguwar)
Il fait bon d’être un fan de Bon Iver en ce moment. Après plusieurs années d’absence, Justin Vernon (de son vrai nom) est enfin de retour et est plus actif que jamais. Si vous aviez aimé le disque Sable, petit EP en sorte d’amuse bouche sorti en 2024, vous allez adorer Sable fABLE, la version étendue, de ce dernier. C’est un travail étalé sur près de quatre ans que Bon Iver nous dévoile, un condensé de ce qu’il fait de mieux : une folk intime et douce aux deux visages, parfois triste, souvent feel good à écouter au coin du feu dans une cabane dans la forêt.
Poni Hoax, Greatest Hits : Everything Is Real (Pan European Recording & Tigersushi/Bigwax)
Le retour d’une belle bande de copains au talent immense, rassemblés pour 17 titres dont 3 inédits. Un nouveau projet qui vient réveiller le rock, quatre ans après le décès de la voix grave et sérieuse de Poni Hoax, Nicolas Ker. Une figure incontournable du rock français, passé de l’underground à la lumière dans les années 2000 avec son look de dandy décadent. Poni Hoax, c’est un groupe qui s’est formé sous l’impulsion du saxophoniste Laurent Bardainne, et qui revient dans nos oreilles pour faire résonner la voix de Nicolas Ker avec un rock énervé, mais impeccablement élégant.
Siska, Holdin’ the vibe (VLB Recordings / Soulbeats Music)
Direction les terrasses du sud, le soleil qui vient illuminer le petit jaune à la Plaine, on se met Siska dans les oreilles. C’est le retour au reggae pour la chanteuse marseillaise qui a pris dans les nineties le mic pour la première fois, lors d’un concert du groupe funk marseillais Enterprize. Ensuite, il y a eu Watcha Clan et son ragga mondialisé, puis Siska, pendant plus intériosé, plus personnel. Elle revient donc avec un reggae solaire, hommage à la culture rasta, dans son nouvel album Holdin’ the vibe.
Beirut, A study of Losses (Pompeii Recording Co & Beirut)
Zach Condon revient avec A Study of Losses, son projet le plus ambitieux à ce jour : 18 titres nés d’une commande du cirque suédois Kompani Giraff, inspirés par le roman An Inventory of Losses de l’autrice allemande Judith Schalansky. Un disque ample et mélancolique, hanté par les traces de ce qui disparaît — espèces éteintes, souvenirs effacés, trésors oubliés — mais porté par la beauté fragile de ce qu’il reste. Entre chansons habitées par sa voix grave et instrumentaux lunaires, Beirut explore l’impermanence avec une grâce nouvelle.

