Pop Corn
Chaque semaine, Nova fait le tri pour vous dans les sorties en salles. S’il n’y a qu’un seul film à voir, c’est celui-là.
par Alex Masson
Épisodes
SICK OF MYSELF de Kristoffer Borgli
Sick of myself sera donc un réjouissant jeu de massacre, taclant autant donc les accros à la célébrité que le milieu de l'art (via le petit ami de Signe, artiste contemporain mais surtout escroc) ou celui de la mode dans une partie aussi grinçante qu'hilarante. Au-delà de ce ton gonflé, souvent sur le fil du rasoir, normal quand on veut taillader les travers sociétaux, Sick of myself rejoint autant l'univers d'un John Waters – qui l'a d'ailleurs désigné comme son film préféré de 2022- que les visions rêches d'un Bret Easton Ellis ou d'un Larry David, quand il ne fait pas de prisonniers, se gaussant autant de ceux qui tombent dans le miroir aux alouettes que des néo-béni-oui-ouis qui ne jurent que par l'inclusion. La véritable cible de Sick of myself n'étant pourtant pas cette galerie de personnages, mais d'interroger le désir moderne de tout un chacun d'être considéré, et plus encore d'être plaint par les autres. En logique retour de bâton, Borgli frappe fort avec un film à part, capable de fusionner comédie romantique et body horror pour mieux les vitrioler d'humour très grinçant. Il y est fortement aidé par Kristine Kujath Thorp, actrice décidément audacieuse, vu l'an dernier dans le tout aussi épatant Ninja Baby, autre satire norvégienne des plus mordantes. Entre sa démente performance et l'art de la provoc pas gratuite de Borgli, Sick of myself indique clairement que le meilleur remède contre la civilisation contemporaine, malade de son individualisme, est un féroce traitement de choc.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
31 mai 2023
3:06
ACID/Festival de Cannes : bilan
Alex Masson, notre journaliste cinéma, s'est rendu au Festival de Cannes pour vous dénicher le meilleur de la sélection indé sur laquelle l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) braque son objectif.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
29 mai 2023
2:21
ACID/festival de Cannes : Le chant des femmes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 mai 2023
2:41
ACID/ Cannes : retour au front
Alex Masson, notre journaliste cinéma, s'est rendu au Festival de Cannes pour vous dénicher le meilleur de la sélection indé sur laquelle l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) braque son objectif.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 mai 2023
3:16
ACID/ Cannes : C’est la folie !
Alex Masson, notre journaliste cinéma, s'est rendu au Festival de Cannes pour vous dénicher le meilleur de la sélection indé sur laquelle l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) braque son objectif.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
25 mai 2023
3:02
ACID/ festival de Cannes : On veut du rab de poulet !
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 mai 2023
3:05
ACID/Festival de Cannes : un gout d’ailleurs
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
23 mai 2023
3:31
ACID / Festival de Cannes : Laissez-moi /Jeanne Du Barry
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 mai 2023
3:00
FESTIVAL DE CANNES 2023
Du coup, qui va décrocher la palme cette année, les films ou les manifs ?
Difficile à dire pour le moment, les films vont se dévoiler au jour le jour. Cela dit s'il faudra attendre le 27 au soir pour le palmarès, une certaine vue d'ensemble s'annonce : la compétition semble plus aventureuse que d'habitude en faisant un peu plus de place à des réalisateurs n'ayant jamais eu ses honneurs ou en n'ayant pas peur des embrouilles avec la génération #MeToo en accueillant plus de films signés par des réalisatrices, fortes en gueule, mais pas forcément en phase avec le néoféminisme, de Catherine Corsini à Catherine Breillat en passant par Kaouther Ben Hania ou Maïwenn qui ouvrira le bal ce soir avec son Jeanne du Barry starring le désormais controversé Johnny Depp. Du côté des sections parallèles, la Quinzaine des réalisateurs, désormais reliftée en plus inclusive Quinzaine des cinéastes, se targue de renouer avec son esprit originel de découvreur/agitateur de talents passés jusque-là sous le radar cannois, au risque potentiel d'une sélection trop arty. Elle taillera pour autant peut-être des croupières à une Semaine de la critique toujours focalisée sur les premiers et seconds films, mais visiblement pour privilégier cette fois-ci les œuvre à sujet et non le renouveau ou l'inventivité formelle. De quoi conforter la montée en puissance ces dernières années de l'ACID et ses films indépendants ? On en reparle dès demain, avec une prise de température tous les soirs, ou presque, à 18 h, mais clairement cette année, dans les salles comme les rues, Cannes sent la bagarre.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 mai 2023
3:22
SAKRA, LA LEGENDE DES DEMI-DIEUX de Donnie Yen
Mais alors est-ce que ça craint d'aller voir Sakra ?
Pas si l'on y va avec l'envie de voir une alternative aux blockbusters américains ou si l'on est nostalgique des Wu Xia Pian, ces films de sabres en costumes hongkongais, puisque c'est dans ce registre qu'officie Sakra, film distribuant allègrement scènes d'actions virtuoses. Ne serait-ce que pour renouer avec une formidable puissance physique ou un sens épique de l'héroïsme à l'ancienne, qui justement est devenue désincarnée dans un cinéma américain ayant chassé tout sens de l'organique depuis l'avènement des effets visuels numériques. Même en se perdant dans les méandres des clans et dynasties, ourdissant complots sur complots, il y a une vraie jouissance à voir le quasi-sexagénaire Yen et ses cascadeurs se livrer à de phénoménales prouesses. Mais il reste aussi une brèche ouverte à une lecture politique, quand le véritable sujet de Sakra reste le rachat possible de la réputation entachée d'un chef de bande, interprété par Yen. Il évoque d'ailleurs trop de fois ici les notions d'intégrité et de morale pour que ce ne soit qu'une allusion. De même, le principe de retourner, dans les techniques d'arts martiaux comme dans l'écriture, aux bases du Wu Xia Pian, tel qu'il se pratiquait à Hong Kong avant la rétrocession, ne peut être innocent. Encore moins celui d'un personnage qui tente de remonter la piste de son passé, pour renouer avec ses origines. Son périple l'amenant à prendre conscience d'un héritage social et culturel. Sakra se termine avec la promesse d'un second volet. Il se fera forcément sous surveillance de la censure chinoise, mais on est déjà curieux de voir si en sous-main, le propos, un peu plus subversif que prévu, s'y maintiendra.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
10 mai 2023
3:14
UN AN UNE NUIT d’Isaki Lacuesta
Lacuesta organise autour d'eux les morceaux d'un puzzle formaliste, structure logique, car sans doute la seule pour exprimer un chemin de résilience multiple, en tant qu'individu et que couple. Et plus encore pour incarner l'entrechoc des phases de reconstruction, du déni à l'acceptation, de la colère à la dépression ou la manière dont ce processus se bâtit. Mais aussi pour donner littéralement corps à ces étapes, par une mise en scène ultra-sensorielle, quasi tactile. Nahuel Perez Biscayart et Noémie Merlant y faisant incroyablement écho par de monumentales interprétations impliquant le langage corporel, comme pour mieux faire ressentir ce que les mots ne peuvent pas exprimer dans une telle situation. Un an, une nuit, parvient ainsi à tenir à l'écart toute exploitation voyeuriste de cet attentat en associant approche semi-documentaire et mélo moderne avec la même frontalité ou en plaçant ce couple sous un microscope pour mieux traquer des pulsions de vie capables d'éradiquer celles de mort, et avant tout la capacité à ne pas vouloir rester défini comme les proies d'un syndrome post-traumatiques mais comme ceux qui finissent par s'en délivrer, quitte à ce que ce soit en devant faire le deuil d'un amour.
En salles le 3 mai.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
03 mai 2023
2:52
AMEL & LES FAUVES de Mehdi Hlimi
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 avril 2023
2:14
MAD GOD de Phil Tippett
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
25 avril 2023
2:23
BLUE JEAN de Georgia Oakley
Mine de rien, Blue Jean bouscule les poncifs du cinéma queer en doublant un récit d'apprentissage, celui d'une ado, par celui d'une adulte découvrant la difficulté de revendiquer son identité. Oakley renouant, elle avec le cinéma de la nouvelle vague anglaise, le fameux kitchen-sink movie, ce cinéma d'intérieur domestique aussi néo-réaliste que militant. Avec le bonus troublant de la distance envers une Angleterre d'il y a trente-cinq ans, abolie par la modernité du jeu de l'actrice Rosy McEwen, comme pour rappeler que si la section 28 n'est plus d'actualité depuis longtemps, devoir s'affirmer pour défendre son statut ou sa place dans un environnement social hostile le reste plus que jamais. Oakley en faisant quasiment un motif de thriller psychologique, quand Jean oscille de plus en plus entre paranoïa et dépression nerveuse, Blue jean la confortant dans un processus de réappropriation de soi, y compris quand celui-ci amène le risque de perdre son boulot ou sa réputation, en devenant peu à peu, un parfait manuel d'émancipation du qu'en dira-t-on, mais plus encore de rébellion face à la pression sociale. Et faire d'une brillante étude de caractère, un film qui assume pleinement le sien tout en alarmant sur les dangers de l'inaction.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 avril 2023
2:48
LA DERNIERE REINE de Damien Ounouri et Adila Bendimerad
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
18 avril 2023
20:24
LOUP & CHIEN de Claudia Varejao
Mais est-ce qu'en suivant deux ados dans leurs désirs, Loup & Chien montre les crocs ?
Non. Et c'est ce qui fait la beauté de ce film : cette volonté de ne pas être dans l'antagonisme à tout prix. Conforter la possibilité d'une éventuelle harmonie, d'un terrain d'entente entre valeurs conservatrices et envies de libertés. Ce qui s'incarne à l'écran dans une atmosphère fuyant autant que possible l'agressivité, lui préférant une humeur étonnante de teen-movie hypnotique, sa combinaison de somptueuses images rêveuses et de personnages volontaristes pour s'affirmer dopant un cinéma portugais d'auteur souvent assoupi dans sa part contemplative. Le tout conférant des airs inédits de chronique de mœurs par un Pasolini sous Saudade, par son principe de voyage intérieur, mais pour ne plus être son propre touriste, son esquisse d'une nature humaine adoucie, mais protégeant sa part de désir animal. Entre loup et chien, espèces différentes, mais finalement si proches, donc.
En salles le 12 avril
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 avril 2023
2:42
L’ETABLI de Matthias Gokalp
Et du coup un film qui remet l'ouvrage sur le métier ?
Plus que jamais : au delà d'une reconstitution plus vraie que nature du monde ouvrier d'il y a cinquante ans, mais aussi la reconstruction d'un cinéma engagé qui a longtemps déserté la production française, L'établi sidère par sa superposition des contextes, celui d'hier et celui d'aujourd'hui se rejoignant dans une description commune d'un monde rongé par le capitalisme et de son besoin d'utopies rêvant d'en finir avec lui, d'une hiérarchie entre bourgeoisie et prolétariat reposant déjà sur une exploitation des seconds par les premiers. L'établi s'extraie rapidement de sa gangue de film d'époque tant ce qu'il désigne, de l'usure du travail à la chaîne à la précarité entretenue ou un maintien de l'ordre par la répression fait écho à la situation actuelle, la fiction sur hier se faisant quasi documentaire sur aujourd'hui. Y compris dans les nuances qu'amène un scénario n'occultant pas des doutes et des failles dans le combat mené par Linhart. Un recul étonnamment consumé par l'urgence du moment à repenser les choses, si tant est qu'il y en aie encore la possibilité avant l'échéance d'un conflit généralisé. A ce titre, L'établi, s'adresse sans doute plus aux jeunes générations militantes qu'à ceux qui ont vécu l'après-mai 68, dans un mélange à fois de désillusion et d'espoir quand pendant une scène forte, Linhart lance qu'il « trouve légitime de rêver un monde meilleur. Et peut-être aussi de le faire ». L'impact de ce beau film est dans ce « peut-être » invitation à achever désormais ce qui n'a pas pu avoir lieu alors.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 avril 2023
3:07
MIKE DE LEON, PORTRAIT D’UN CINEASTE PHILIPPIN EN HUIT FILMS
Une rétrospective (en salles et en Blu-ray) révèle la carrière de Mike De Leon, figure du cinéma philippin, jusque-là passée sous les radars français. À tort quand il apparaît aussi brillant manieur de genres que chroniqueur social. Attention, découverte majeure.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
29 mars 2023
3:01
DE GRANDES ESPERANCES de Sylvain Desclous
Desclous avait déjà approché ce terrain, l'an dernier, sous un angle documentaire avec La campagne de France, coulisses d'une élection municipale où s'affrontaient outsider improbable et maire aguerri. Curieusement, les armes incisives et la belle part romanesque de la fiction procurent à De grandes espérances, une sensation plus aiguë du réel, quand cette peinture de l'effritement de l'élément humain, dès qu'il se frotte à la mécanique politique, a quelque chose d'éminemment crédible dans ce qu'il exprime, sans manichéisme, de la fragilité de l'éthique. En ne renonçant par ailleurs jamais à combiner très efficaces ressorts narratifs de film de genre et très clair discours engagé (entre autres par des dialogues cinglants ou de phénoménales séquences se déroulant dans une usine menacée de plan social), De grandes espérances propose, comme son héroïne jusqu'au boutiste, un programme de réforme d'un cinéma français peu téméraire quand il s'agit de scruter les complexités de la morale ou mettre ainsi les mains dans le cambouis. Quitte à s'intéresser, comme ici, à la manière dont on peut se les salir quand on veut changer le monde.
En salles le 22 mars
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
22 mars 2023
2:47
Le temple des oies sauvages, La bête élégante, Les femmes naissent deux fois de Yuzo Kawashima
Un réalisateur prolifique, mais qui ne s'éparpillait donc pas.
Même si Le temple des oies sauvages, Les femmes naissent deux fois et La bête élégante ne sont qu'un maigre échantillon du cinéma de Kawashima ; aussi éloignés soient-ils (un mélo, un film noir en costume et une comédie noire), ils esquissent la vision d'un réalisateur scrutant un Japon en plein entre deux, pas pleinement sorti de l'humiliation de la seconde guerre mondiale, mais déjà dans une volonté de reconstruction capitaliste. Tout est de toute façon question de regard chez Kawashima, posant régulièrement sa caméra dans des coins improbables, observant les personnages se débattre depuis des placards, des toilettes, voire une fosse septique ou à travers des cloisons ou des rideaux. Comme pour avertir qu'il y aura quelque chose de biscornu chez cette faune à visage humain. Ainsi la vie de famille de La bête élégante vire à la chronique d'un clan d'escrocs ayant perdu tout sens moral tandis que la vie d'un moine bouddhiste dans Le temps des oies sauvages mue en drame de la jalousie et dans les femmes naissent deux fois, le quotidien d'une geisha en récit d'une marchandisation généralisée des rapports et des valeurs. La stupéfiante mise en scène de Kawashima confortant la dissection d'une identité japonaise fracturée. Plus sidérante encore, cette absence de démonstration, d'appui, d'une dénonciation, le propos de ces films est encore plus marquant quand il n'est pas martelé par un style baroque ou du cynisme. Le naturalisme proche du néoréalisme italien avec lequel Kawashima filme des situations extrêmes les rend encore plus troublantes. Ces trois Blu-ray n'ayant qu'un seul défaut : donner sacrément envie de voir d'autres opus de ce cinéaste particulièrement singulier.
Le temple des oies sauvages, La bête élégante, Les femmes naissent deux fois. Badlands éditions.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 mars 2023
2:57
THE HOST de Bong Joon-Ho
Du coup, faudrait-il se réengager vers ce film plus engagé qu'il n'y paraît ?
Absolument, quand au-delà de la maestria avec laquelle Bong Joon-ho enchevêtre mélo familial et donc film de monstre à travers la quête désespérée d'un père pour aller sauver sa fille des griffes d'une créature géante, on lira bien plus facilement entre les lignes, le côté pamphlétaire d'un réalisateur taclant de manière très frontale une société sud-coréenne peu tendre avec ses prolos, jusqu'à faire d'un état défaillant, le véritable monstre de cette affaire. Bien plus que par son carambolage des genres, The host est un film en état de rébellion quand il explore l'éveil d'un père (génialement joué par le non moins génial Song Kang-Ho) qui est aussi un citoyen de plus en plus en rogne contre l'abandon des institutions. Sans oublier un coup de gueule écolo - le film est en partie inspiré des dégâts environnementaux causés en 2000 par des rejets chimiques américains dans le Han, rivière qui traverse Séoul. Les scènes de quarantaine du film de 2006 faisant d'ailleurs curieusement échos à la débâcle sociale asiatique lors de l'irruption de la Covid-19. Idem pour la vision d'un état dénigrant, voire ignorant sa population précaire. Tout ce qui faisait de The host un film trop décalé lors de sa première sortie est devenu d'une totale cohérence aujourd'hui. Il est donc grand temps d'aller voir ou revoir, un film monstrueux, mais aux sens jouissifs et qualitatifs du terme.
Reprise en salles, le 8 mars.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
08 mars 2023
2:56
L’INCROYABLE ALLIGATOR de Lewis Teague
Donc un scénariste qui avait les crocs, mais est-ce que cela suffisait à rendre cet Alligator appétissant ?
Assurément quand, grâce au travail de Sayles, ce film se nourrit, plus que des festins du reptile, de piques envers les institutions de la police aux journalistes pour devenir une satire mordante de l'american way of life sous Jimmy Carter, renforcée par des personnages joués au premier degré. Il s'est souvent dit que ce ton novateur de divertissement bon enfant essayant de commenter les travers de son époque a été une des influences de Quentin Tarantino pour écrire certains rôles de Jackie Brown, dont celui de Max Cherry, ancien flic fatigué de la vie, qu'il confiera à Robert Forster, justement interprète principal de L'incroyable Alligator. Pour sa composition chez Tarantino, l'acteur récoltera une nomination à l'Oscar du meilleur second rôle. À revoir cette série B bien torchée, qui réapparait – accompagnée de sa suite, plus nanardesque - aujourd'hui en Blu-ray, il est évident que jamais, elle n'aurait décroché un tel honneur, mais aussi que ce film-là, certes fauché dans ses effets, mais riche de son sous-texte brocardant sa conscience d'être un pur produit commercial, valait bien mieux, par son honnêteté ou son auto-ironie, que la majorité des blockbusters actuels, dévorés, eux, par une inconsistance scénaristique ou un certain cynisme.
L'incroyable Alligator/ Alligator 2 : la mutation. (Carlotta)
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 mars 2023
3:17
LAST DANCE de Coline Abert
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
22 février 2023
12:29
BERTRAND TAVERNIER, L’INTEGRALE OU PRESQUE.
Une manière de lui rendre la politesse par un même inventaire ?
À voir ainsi rassemblés vingt-deux des films de Tavernier, il y a un fil rouge qui se tisse, cette capacité, pour celui qui était un historien vivant du cinéma, à documenter la France contemporaine, à s'attacher au réel, y compris au travers de films en costume. Celui qui conseillait avec verve de se pencher sur le cinéma d'antan se sera échiné à regarder, être un témoin de son époque. Bien sûr, il y eu la défense acharnée des institutions de service public avec la chronique lucide et cinglante des commissariats avec L.627 ou des écoles avec Ça commence aujourd'hui, mais aussi, en arrière-fond, des récits de luttes des classes sociales dans Le juge et l'assassin ou Que la fête commence, toutes attestations d'un réalisateur citoyen et engagé, très loin de l'académisme qu'une partie de la critique lui aura prêté à tort. Mais surtout, cette rétrospective est aussi une manière de faire réémerger, via ceux plus méconnus ou oubliés, d'Une semaine de vacances à Des enfants gâtés, une veine toute aussi militante, mais plus intime, plus à voix basse. C'est sans doute ce Tavernier là, plus discret, qu'il faut redécouvrir, pour compléter le portrait d'un cinéaste, plus proche qu'on le pensait d'un Claude Sautet, dont il aura été une version plus prolétaire, mais aussi celui d'un homme qui dissimulait sans-doute derrière le volume tonitruant d'une faconde gargantuesque de passeur d'images et de culture, plus de failles et de doutes que prévu.
En salles le 15 février
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
15 février 2023
2:57
LA TOUR de Guillaume Nicloux
Est-ce que pour autant cela fait grimper le cinéma dans les étages ?
Oui et non. Oui, parce que La tour est une tentative courageuse de cinéma fantas-tique français dans son refus des concessions jusqu'à assumer son nihilisme, capable du coup de rejoindre la vision désespérée des meilleurs films de John Carpenter ou de grands romans d'anticipations comme, forcément IGH de J.G Ballard auquel cette genèse d'un déclin de civilisation fait penser. Non, parce que l'écriture des person-nages reste un brin monolithique ou le récit parfois purement fonctionnel. Ce qui n'empêche pas La tour d'être plus que saluable en tenant son cap de film malaisant et peu aimable, mais encore plus de révéler derrière sa table rase d'une société pour retourner à ses racines claniques, des craintes tout aussi personnelles qu'enfantines, de la peur du noir à celles de l'abandon mais aussi celle, plus terrible pour un ci-néaste que même le cinéma ne puisse plus rien sauver, que le faisceau de lumière des projections devienne lui aussi englouti par un obscurantisme contemporain ga-gnant jusqu'à la foi dans les histoires ancestrales. Même dans ses maladresses, La tour, est touchant par sa détresse, sa trouille panique que tout finisse par un irrémé-diable fondu au noir.
En salles le 8 février.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
08 février 2023
2:58
LA MONTAGNE de Thomas Salvador
En salles le 1er février.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 février 2023
10:33
AMORE MIO de Guillaume Gouix
En salles le 1er février
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 janvier 2023
27:12
THE PAINTED BIRD de Vaclav Marhoul
En dépit d'une brutalité au bord du sadisme, même quand il est excessif, The painted bird s'élève pourtant au-dessus de la complaisance. Entre autres par des ambiguïtés, lorsque les personnes les plus rudes avec ce môme sont celles généralement dépeintes comme des victimes de conflit ou à l'inverse, celles qui lui montrent un minimum de compassion portent l'uniforme des bourreaux. De même, si l'ombre de la Shoah enserre ce film, il n'est jamais certain que ce martyr en culotte courte soit juif, mais assurément un enfant instrumentalisé et rejeté, faisant l'apprentissage, psychologique comme physique, de la violence comme seul horizon. Ce, sans quasiment prononcer une phrase de tout le film. Normal, quand il n'y a plus de mots pour relater l'horreur de cette période. Le plus sidérant restant la terrassante beauté plastique de The painted bird, porté par un noir et blanc au delà du sublime, alliance d'ivoire et de charbon, confortant les liens de descendance avec L'enfance d'Ivan, le classique de Tarkovski lui aussi récit d'une enfance massacrée. Au-delà de la difficulté qu'éprouveront certains à supporter la dureté de certaines scènes dans un tel écrin, il pose évidemment la question d'esthétiser la guerre. Mais c'est pour mieux la détourner quand derrière cette fusion dérangeante entre lyrisme et fange, le choix de la bichromie renforce avant tout un propos sans équivoque, donnant aux zones grises de l'espèce humaine, la teinte amère des cendres.
En Blu-ray (Spectrum films)
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 janvier 2023
2:36
ASHKAL de Youssef Chebbi
Treize ans plus tard, Ashkal, s'en fait l'écho tout en voulant faire le point sur la refondation sociale de la Tunisie depuis le départ de Ben Ali du pouvoir. Le film de Youssef Chebbi suit l'enquête de deux flics, un vétéran soupçonné d'avoir été corrompu et une jeune recrue idéaliste sur un cas étrange : un corps calciné a été retrouvé dans le chantier d'un authentique programme immobilier de résidences pour la haute bourgeoisie, commandité sous Ben Ali puis abandonné. D'autres suivront. Sont-ils des témoins gênants pour une police qui essaie de faire oublier des méthodes peu glorieuses via une commission Vérité et réhabilitation ou une résurgence surnaturelle des espoirs brisés de la population ?
Entre film noir et fantastique, Ashkal confirme la volonté d'une production du maghreb de renverser les codes, de raconter comment rien n'a vraiment changé dans cette période post-révolution, tout en revoyant les fondamentaux du cinéma local. L'enquête de ces deux flics déborde de son cadre de polar procédural pour interroger les attentes structurelles de la société tunisienne d'aujourd'hui et se demander comment on passe à la suite. En brûlant tout ce qui tient du passé pour mieux renaître de ses cendres ou en continuant à entretenir la flamme d'une population qui reste en rogne ? Dans la réalité, l'Etat tunisien à choisi : la réelle commission - qui s'intitulait Vérité et dignité- a, en dépit de preuves flagrantes, tout ignoré, fait le choix de l'amnésie en guise d'amnistie. Chebbi y rétorque dans son film par une sorte de croque-mitaine sans visage qui tient à la fois d'une force vengeresse et d'un espoir. Le mot Ashkal se traduit en français plus ou moins par silhouette ou schéma. C'est bel et bien ceux d'une société à venir que tente d'esquisser ce film, sans indiquer si l'incendie moral et social qui s'y régénère sans cesse est une fin de monde ou un début, un constat d'échec ou une prophétie purificatrice.
En salles le 25 janvier
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 janvier 2023
2:36
YOUSSEF SALEM A DU SUCCÈS de Baya Kasmi
Soit le parcours de Youssef, français pas de souche, écrivain anonyme qui devient connu du jour au lendemain en décrochant le Goncourt avec un roman qui n'en est pas vraiment un, puisque très inspiré par sa famille d'origine algérienne. Sauf qu'il n'a jamais prévenu sœurs, frère ou parents de sa rédaction. Devant la trouille que cette fiction provoque des frictions, il va tout faire pour cacher son existence. Voilà pour les mécanismes usuels de quiproquos. Youssef Salem a du succès est plus interessant quand il ouvre des portes généralement dérobées dans le cinéma grand public français plutôt que de les faire claquer. Kasmi et Leclerc mettent volontairement les pieds dans le plat pour s'attaquer à la question de l'intégration, mais surtout des clichés d'un discours médiatique et politique, qui parle et pense souvent à la place de cette descendance d'immigrés. Youssef Salem a du succès remet les pendules à l'heure en s'attaquant à la crise d'identité d'un écrivain coincé entre son cercle familial et celui de la célébrité, mais pour aller vers un universalisme quand il explore en fait la difficulté de grandir, de s'émanciper, de devenir pleinement soi. Sans renoncer à remettre en question la représentation et la place des arabes dans la France actuelle comme dans son cinéma grand public, Kasmi et Leclerc délestent intelligemment ce personnage de ce poids en en le rapprochant sans cesse d'un quadragénaire ordinaire qui n'a toujours rien réglé, de son rapport à la sexualité à sa trouille de ne pas être un bon fils faute d'avoir psychanalytiquement tué le père. A la toute fin, une très jolie pirouette lui rappellera qu'il est loin d'avoir écrit le point final de son histoire. Même avec certaines longueurs ou insistances, Youssef Salem a du succès a, lui, au minimum, le mérite de faire avancer celle de la comédie de mœurs contemporaine.
En salles le 18 janvier
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
18 janvier 2023
3:33
DE HUMANI CORPORIS FABRICA de Véréna Paravel et Lucien Castaing Taylor
Ça ne se fait pas sans mal quand les images aussi inédites soient-elles au cinéma, de ce cours d'anatomie in vivo touchent forcément à un tabou contemporain en rappelant que nous sommes avant tous des agrégats de viande, une tuyauterie organique. D'où cette précaution d'usage : De humani corporis fabrica n'est pas fait pour les petites natures puisqu'il ne prend pas de pincettes mais des écarteurs pour s'immerger en vision subjective dans les viscères, est un véritable trip sensoriel plongeant dans les tripes. Pour autant, Paravel et Castaing-Taylor en font un sidérant film d'exploration, la vision macroscopique d'organes faisant des corps un décor de vaisseau extraterrestre, voire un monde étranger virant à une abstraction formelle pas dénuée de poétique. De humani corporis fabrica remettant les pieds sur Terre en n'oubliant pas une portée politique. Entendre, un chirurgien en pleine opération qu'il est perdu, ou des infirmiers s'engueuler sur les permanences à tenir, c'est aussi parler d'autres organismes malades, celui du corps hospitalier. Et si certains pourront être choqués par les images crues voire gore d'une césarienne ou d'un récurage de bite, la véritable violence dans ce documentaire inouï n'est pas graphique. Une des scènes les plus éprouvantes de De humani corporis fabrica suit une opération sur la rétine d'un œil. De quoi confirmer que ce film parle bien du regard sur les choses, de la manière dont on a fini par ne plus en voir certaines. Non seulement les entrailles d'un hôpital devenant ici plus labyrinthiques que celle humaines, mais la sensation d'effroi s'y fait plus manifeste quand Paravel et Casting-Taylor s'y aventurent. De humani corporis fabrica se fait alors véritable film d'horreur quand après un voyage extraordinaire in utero qui révèle forcément la sensibilité aux images, il dissèque la redoutable banalité d'une souffrance sociale pour mieux la faire sauter aux yeux.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
11 janvier 2023
4:13
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE des Daniels
Oh là, est-ce qu'a force donc de vouloir tout, partout et en même temps, ce film ne serait pas un peu too much ?
C'est justement là où les Daniels impressionnent et imposent leur film comme un nouveau jalon d'un pop-culture globalisée. Everything everywhere all at once est effectivement plein comme un œuf. Mais avant tout d'idées hypercréatives, comme une scène de discussion muette entre Evelyn et sa fille ou un baston ou les combattant ont des saucisses géantes à la place des doigts. Le tout ayant des airs de brainstorming entre l'artisanat d'un Michel Gondry et la frénésie d'un Spike Jonze, ne craignant pas les digressions mais ne perdant jamais de vue un propos paradoxalement plus méditatif sur ce qu'est l'expérience de vivre dans un monde contemporain ou tout n'est que diversion pour détourner des valeurs existentielles.
A l'heure où tout force à aller plus vite, pour un hypnotique zapping permanent ne laissant plus le temps de la réflexion, Everything Everywhere all at once rappelle à quel point nous vivons dans un leurre, une fuite de la réalité des choses. Les Daniels organisant ici une piqure de rappel en injectant peu à peu de la mélancolie dans leur chaos. Everything Everywhere all at once, muant ainsi en œil du cyclone par un discours in fine très Zen, posé au cœur d'un Big Bang tellurique, a l'image de son image récurrente, d'un tambour de machine à laver ou d'un donut philosophe, d'un monde qui tourne à toute allure au point de ne plus voir que si le sens de la vie est insondable, il reste immuablement son centre.
En Blu-ray (Originals Factory)
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
04 janvier 2023
3:29
GODLAND d’Hylnur Palmason
Palmason compte bien lui porter une autre bonne parole, celle d'un cinéma volcanique et rugueux, compagnon des épopées telluriques d'un Werner Herzog ou d'un Michael Cimino. Comme leurs plus grands films, Godland voit les mouvements civilisationnels comme une âpre aventure, une expédition en terre inconnue. Palmason y rajoutant un geste primitif en étant filmé comme aux débuts, dans un format carré et une image granuleuse. Ou en s'étant confronté véritablement aux lois naturelles, par exemple en ayant réellement attendu lors de prises de vues étalées sur plusieurs années que les saisons passent ou qu'un cadavre de cheval se décompose. Ainsi en parallèle de Lucas, le prêtre qui s'essaie à apprendre la langue islandaise, Palmason fait réapprendre celle du cinéma. Le tout pour remettre les choses à la bonne échelle, rappeler que l'humain n'est finalement qu'une particule dans la genèse du monde. Et Dieu dans tout ça ? Il se cache peut-être bien dans un film monumental, touché autant par la glace que par la grâce.
En salles le 21 décembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 décembre 2022
2:10
LES HUIT MONTAGNES de Félix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 décembre 2022
11:09
LA POUPÉE de Wojciech Has
Une Poupée qui est donc loin d'être de cire.
D'autant plus quand La poupée associe flamboyance et vision d'une société rance, où les barreaux de l'échelle sociale sont vermoulus, empêchant de pleinement grimper quand on vient d'une extraction populaire, mais aussi de totalement tomber dans la déchéance quand on est issu de la bourgeoisie. Has parvient au tour de force, d'un film formellement des plus vivant pour exprimer un monde moribond mais enluminé par une mise en scène folle, confrontant visions oniriques et relations tenant de la nature morte. A la splendeur des images se superpose la misère morale : ici une cour des miracles à la Dickens peut côtoyer le velours mélancolique d'un Visconti , le tout sous un regard acerbe, rappelant celui du Welles de Citizen Kane.
A l'époque de sa sortie, La poupée cachait dans ses replis une cinglante lecture sociopolitique d'une Pologne en pleine désillusions d'utopies post-stalinisme. Cinquante-quatre ans plus tard, il n'est pas défendu de voir dans cette chronique où les dorures des beaux salons sont rongés par la fange d'une bourgeoisie cireuse, celle d'une Europe plus que jamais calcifiée dans un rapport de force entre classes sociales. La poupée entérinant sa puissance de manifeste aussi fièvreux que poignant quand les années n'ont pas entamé sa volonté de rompre avec cet immobilisme.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 décembre 2022
2:54
MOURIR À IBIZA d'Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon
Derrière la caméra et le stylo, il y a une autre bande, un trio de réalisateurs Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon, qui organisent avec finesse les chassés croisés entre Léa et ses compères, en prenant bien soin de prendre des déviations pour fuir les stéréotypes du film d'apprentissage en floutant les pistes, puisque rien ne dit quand Mourir à Ibiza se passe, sans doute quelque part entre les années 80 et 2020. Un flou joliment tamisé d'où émerge pourtant un récit très contemporain de ce qu'est l'amitié, dans ses élans, ses frustrations ou son instabilité. Elle est peut-être le reflet de celle qui lie les réalisateurs, désormais liés par cette étonnante œuvre de jeunesse dans tous les sens du terme, particulièrement touchante quand elle ne craint pas de montrer ses vulnérabilités ou sa mélancolie. Et par là, un remarquable portrait générationnel, assurant que la vie n'est qu'un voyage où l'on navigue comme on peut, mais où il faut garder, quoiqu'il arrive les yeux sur l'horizon.
En salles le 7 décembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 décembre 2022
2:40
POURQUOI PAS de Coline Serreau
Sauf qu' à l’époque, il était déjà difficile de vivre d’amour et d’eau fraîche…
C’est là ou Pourquoi pas ! reste un film ahurissant en interrogeant au-delà de la sexualité les questions économiques avec une même philosophie de l’épanouissement. Le trio y a devancé jusqu’à l’idée de charge mentale ou de position économique. Aucun souci à ce que l’un des deux hommes s’occupe des tâches ménagères ni à ce que ce soit une femme qui subvienne financièrement à leurs besoins. Tout n’étant pas pour autant si facile quand chacun reste ici enchaîné à leur vie d’avant, quand l’une est constamment sommée de réintégrer le foyer conjugal par un mari, l’autre des enfants que leur nouvelle situation, forcément amorale aux yeux du monde, empêche de voir. Sans compter l’irruption d’une quatrième personne qui pourrait faire voler en éclat ce polyamour harmonieux.
Le plus beau dans Pourquoi pas ! Étant son plaidoyer, via cette mini-tribu, pour la liberté d’être différent afin de mieux conquérir le quotidien. Serreau l'adapte à un scénario et une mise en scène en reflet d’une vie ordinaire d’un trio qui ne l’est pas, filmant avec un parfait naturel sautes d’humeurs, coups de gueule, de folie ou de blues. De quoi s’exonérer d’une vision moralisatrice pour transformer un marivaudage moderne en élan, voire en programme de vie.
A l'époque de sa sortie, Pourquoi pas ! avait provoqué un beau remue-méninges autour de son ménage à trois. Il restera de courte durée : en dépit d'un accueil public et critique chaleureux, ce film deviendra rapidement invisible, faute d'être diffusé sur une télé encore empreinte de la pruderie de l'ORTF. Il réapparait aujourd'hui dans une version restaurée, qui renforce sa part d'actualité quand les questions posées il y a quarante-cinq ans restent prégnantes dans une époque qui confond développement personnel et rendement économique. Alors pourquoi se priver de Pourquoi pas ! et sa quête de bonheur pour tenter d'enfin remettre tout à plat ?
En salles le 7 décembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 décembre 2022
3:13
ANNIE COLÈRE de Blandine Lenoir
Contrairement à L'évènement, autre film autour de l'avortement, sorti l'an dernier, Annie colère prend le parti pris de ne pas en faire un sujet de fait divers, mais d'amplifier la portée sociale, pour en faire quasiment un acte de naissance, celui d'une découverte de liberté pour les femmes via un récit galvanisant d'apprentissage. A la pédagogie de scènes d'opérations pratiquées à la maison, filmées sans suspense mortifère s'ajoute une autre, à l'opposé du traitement usuel de ce sujet au cinéma : ici pas de leçon de morale ni de dolorisme didactique, mais un cas rare de regard inclusif. Plus Annie colère avance, plus il renforce un sens citoyen du collectif qui fait corps autour d'un personnage central, mais de moins en moins principal, de française moyenne, ingénue découvrant au-dela du MLAC, des possibilités émancipatrices. Ce film devenant une jolie claque quand il transforme le militantisme en voie douce mais déterminée de l'engagement, pratique la politique de l'écoute et de la bienveillance. Ravivant le souvenir d'un cinéma français féministe d'époque – que ce soit en faisant écho au L'une chante, l'autre pas de Varda ou en faisant référence à Delphine Seyrig, actrice engagée dans le combat pour le droits des femmes- Annie Colère n'en oublie pas pour autant de regarder le présent, voire le futur en mettant en avant, dans une période de claire menace régressive, la volonté de transmission, en rappelant l'histoire étonnamment oubliée du MLAC comme son appel à une nécéssaire désobéissance civile ou en appelant les générations à venir à rester vigilantes. A ce stade on ne sait pas ce qu'il adviendra de la proposition de loi adoptée par les députées, qui doit maintenant passer par le Sénat pour être promulguée. En attendant, si rien n'est donc encore gagné, qu'Annie Colère puisse aborder frontalement ce sujet tout en étant un film éminemment solaire voire potentiellement ultra-populaire est déjà une victoire en soi.
En salle le 30 novembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
02 décembre 2022
3:21
INU-OH de Maasaki Yuasa
Inu-oh fusionne folklore des récits de karma, tradition du théâtre Noh et opéra-rock dans une succession de scènes démentielles. Tenant de la performance graphique et scénique, la fable sur les aléas d'une obsession pour la célébrité glisse vers une forme inédite de film-concert combinant numéros musicaux éléctrisants et différentes textures d'animation, allant du figuratif à l'abstrait, d'une 2D aquarelliste à une 3D immersive. Un peu comme si Gorillaz ou les Shaka Ponk fabriquaient un hologramme de Jimi Hendrix ou de Freddy Mercury pour se lancer dans un cours d'histoire de la culture japonaise à travers les âges. A la fois énergiquement moderne, dans sa forme et philosophe dans sa réflexion sur la necéssité pour les artistes de vivre de leur art tout en devant incarner une rébellion à l'ordre établi, Inu-Oh reprend ces propres principe à son propre actif, pour un film défendant bec et ongles une identité forte en gueule, portée par l'ahurissant relief sonore de chansons au potentiel d' hymnes survoltés pour concerts dans des stades. Forcément, Inu-Oh ne bénéficiera pas de la même puissance marketing qu'un dessin animé Disney, on se suprend donc d'autant plus à rêver que des parents nostalgiques de purs show scéniques emmènent leurs rejetons voir ce film qui fait taper du pied, et que cette marmaille s'entiche autant de ses chansons qu'elle le fut du fameux « Libéré, délivré-éééééé » de la Reine des neiges, paroles qui résument en fait pleinement, l'esprit d'Inu-oh, Roi des guitares éléctriques dans un dessin animé qui fait voler en éclats les carcans.
En salles le 23 novembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
23 novembre 2022
3:37
BLACK IS BELTZA II de Fermin Muguruza
Sa suite, reprend le même flambeau vingt ans plus tard, en collant aux basques d'Ainhoa sa fille cubaine voulant renouer avec ses racines. Comme son prédécesseur, Black is Beltza II ne tient pas en place pour esquiver les balles perdues d'un monde, qui du moyen-orient à l'asie centrale ou l'Europe découvrait une seconde guerre froide après la chute des blocs Est/Ouest. Muguruza en fait un dessin animé déchaîné, mi-thriller d'espionnage, mi-road trip planétaire ou tout est connecté par l'organisation étatique d'une guerre sale. Son flux est le trafic d'héroïne filtré selon Muguruza par les gouvernements et services secrets espagnols, français ou américains, liés pour éradiquer la contestation qu'elle soit au Liban, au Nicaragua ou en Afghanistan.
Et du coup qu'est ce que trafique l'autre héroïne du film ?
Ainhoa injecte, elle, une force détonnante à Black is beltza II, en étant témoin des mutations de ces années 80, des années de plomb espagnoles à la chute du mur. Mais toujours avec cette capacité d'incarner un militantisme social et politique dans ce qu'il a de plus fougueux. Qu'on la retrouve aux cotés des sandinistes ou des femmes kurdes, elle affirme une résistance, appuyée par Murguruza, qui en fait une passionaria libre d'esprit comme de corps. Plus encore que certains personnages friands de dope,c'est le scénario et la réalisation qui se défoncent le plus, dans une fusion folle emmenant autant dans le Beyrouth de Valse avec Bashir que dans le Marseille de la French Connection. Black is beltza II n'oubliant pas d'aborder une autre révolution, quand ici les sexualités se mélangent ou quand Ainhoa lache que les filles devraient se méfier de machisme-léninisme. Avec un film levant fièrement le poing autant qu'il fait des doigts à toute idée d'oppression, Muguruza assure que la lutte est loin d'être finie mais que rien n'empêche qu'elle soit menée de manière énergique et sexy.
En salles le 16 novembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 novembre 2022
2:57
LES LENDEMAINS DE VEILLE de Loïc Paillard
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 novembre 2022
7:38
JACKY CAILLOU de Lucas Delangle
Ces dernières années, une jeune génération de cinéastes a repris le flambeau, de La nuée à Teddy pour ressusciter à leur sauce des figures phares du folklore de l'étrange, comme aujourd'hui Lucas Delangle avec l'étonnant Jacky Caillou.
Et du coup, est-ce un Caillou dans la chaussure du cinéma français ?
Plutôt une nouvelle pierre jetée sur des chemins de traverse qu'il devrait prendre plus souvent. Le Jacky en question est un jeune homme qui n'est jamais vraiment sorti de sa campagne montagnarde des alpes de Haute-Provence, élevé par une grand-mère magnétiseuse, qui tente de lui transmettre ses pouvoirs guérisseurs. Ils vont se manifester quand une mystérieuse jeune fille atteinte d'une drôle de tache sur le dos débarque dans sa vie. Au même moment qu'un loup qui se met a décimer les troupeaux de brebis des éleveurs. Jacky Caillou confirme que le cinéma fantastique tient à deux notions fermement enracinées : la question de croyance et celle d'un territoire. Pour raconter la part animale qui subsiste en chacun, Lucas Delangle part donc d'un ado mal dégrossi qui n'a jamais vu le loup, et donc encore moins en l'occurence une louve, pour bâtir un film retournant à des sensations primitives, que ce soit dans sa juxtaposition d'un regard quasi-documentaire et d'une mythologie purement fantastique ou de la collusion entre une forêt digne de celles des contes de fées et des rapports humains bruts, rocailleux. Et pourtant, plus la dualité s'empare d'un gars partagé entre ses envies d'ailleurs émancipateur et la place naturelle qui lui est prédestinée, plus Jacky Caillou révèle sa seconde peau, celle d'un film aux abords sauvage mais bien plus caressant que prévu, une sorte de « Jackyll » & Hyde existentialiste. Il y est question de la puissance quasi mystique que peut prendre le désir, charnel ou amoureux, mais c'est encore plus celui de voir un cinéma fantastique local continuer à affirmer une identité forte qui émane de cette œuvre aussi singulière qu'envoûtante.
En salles le 2 novembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
02 novembre 2022
3:17
NOS ANNÉES 70
Une manière de faire l'histoire à l'envers ?
Ou plutôt de remettre les choses dans le bon sens. La première salve de cette collection assemble autant des grands succès populaires d'alors comme Je sais rien mais je dirais tout de sérieux bides comme Calmos ou des films plus marginaux comme Défense de savoir,pour rappeler à quel point le cinéma français mainstream de cette décennie avait décidé de s'aventurer sur de libertaires chemins de traverse tout en reflétant les mutations sociales de l'époque. Ainsi derrière des gags purement burlesques, Pierre Richard pointait du doigt les empire familiaux capitalistes tandis que Bertrand Blier prenait au pied de la terre la guerre des sexes pour en faire un check-up gouailleur de la masculinité, d'une franchise inimaginable aujourd'hui. Plus étonnant encore, le soin apporté aux bonus de ces Blu-ray exhumant des archives télé, très loin de la vacuité actuelle virant à des éléments de langage promotionnels. Le tout racontant autant la France d'alors, dans ses questionnements et ses contradictions, pour un étonnant coup d'oeil dans le rétro, que ce soit en mettant en avant le fonds socio-politique de films cultes et en réhabilitant des perles méconnues (on recommande chaudement dans la seconde salve à venir La vieille fille et L'ordinateur des pompes funèbres) mais surtout quand,
sans jamais vouloir s'enfermer dans une posture réac façon «c'était mieux avant », cette collection pousse le cinéma mainstream d'aujourd'hui à s'interroger sur ce qu'il a perdu, en méprisant les conversations de comptoir, auxquelles participait pleinement cette production des années 70 en parlant directement aux gens, pour devenir un café du commerce de l'entre-soi.
Nos années 70. Première salve disponible depuis septembre. 2ème à paraître début décembre. StudioCanal.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 octobre 2022
3:23
LE JOUET de Francis Veber
Et alors, à l'arrivée ce Nouveau Jouet sait-il changer les piles de l'ancien ?
Manque de bol pour le film de James Huth, celui de Francis Veber ressort en même temps. Et autant dire que la comparaison ne joue pas en faveur du remake. Au minimum quand le discours du film de 1976 résonne d'emblée avec le monde d'aujourd'hui mais paraît encore plus incisif, virulent, là où sa relecture l'a totalement lyophilisé, rétrécissant des sujets clés telles que l'intégration ou le fossé interclasses sociales en une vision bisounours du monde, façon l'argent ne fait pas le bonheur, pour asséner que la misère rend solidaire, heureux malgré tout, mais que l'ultra-richesse enferme dans une forteresse de solitude. Ça a le mérite d'être tellement hors sol face à l'époque actuelle, que ça en fait oublier l'absence totale de direction d'acteurs ou une mise en scène antidatée de cartoon ressuscitant les pubs fluo des années 90, plus agitées qu'agitatrices. Le plus troublant dans la superposition des deux films restant de s'apercevoir à quel point Pierre Richard affirmait bien plus à l'écran, un côté engagé, militant, qu'un Debbouze, pourtant à l'origine économique d'un remake qui, à l'image de son affiche, remet sous blister toutes velléités de revendications, reconditionnées en quelques faméliques allusions, au profit d'une amorphe et lénifiante comédie sur les bienfaits des valeurs familiales et de la paternité. Evidemment, le film de Veber ressort dans une combinaison de salles bien moindre que Le nouveau jouet. Toutefois, pour voir le film le moins périmé des deux, on ne saurait que conseiller de chercher celles qui reprennent un Jouet encore sous garantie d'un nécéssaire poil à gratter là où sa revisite, incroyablement feignante, en a un énorme dans la main.
En salles le 19 octobre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 octobre 2022
3:34
JACK MIMOUN ET LES SECRETS DE VAL VERDE de Malik Bentalha & Ludovic Colbeau-Justin
On avait tout faux. Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est à prendre au premier degré que ce soit dans les ambitions de la réalisation, peu courante dans la production française, ou la marque d'un amour profond d'un savoir-faire à l'américaine.
Donc, Jack Mimoun n'a rien d'un film à la « one-again » ?
Loin de ce qui n'aurait pu être qu'une imitation en carton-pâte tournée en studio à Boulogne Billancourt, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde revendique pleinement ne pas vouloir se moquer de ses modèles, mais être pleinement dans l'hommage, voire la nostalgie de ce cinéma mêlant divertissement et spectaculaire, jusqu'à s'inspirer idéalement de son écriture, de la trame aux seconds rôles en passant par une musique à la John Williams. C'est à peine s'il y a une hybridation avec certains archétypes de la comédie à la française, notamment dans le personnage titre, semi-escroc gouailleur façon titi des técis, qui va devoir devenir héros malgré lui. Curieusement, c'est d'ailleurs quand il s'attache à ces origines locales, entre autres, par ses dialogues qui tendent trop vers l'obligation de faire des vannes, que Jack Mimoun et les secrets de Val Verde montre quelques faiblesses. Rien qui n'empêche un véritable et audacieux pari, au dela de celui économique, quand Bentalha et sa troupe prennent le risque de s'adresser à un public ado d'aujourd'hui qui n'a pas les mêmes références culturelles, lui proposer un film d'action qui réfute la norme actuelle d'une ironie. Auprès de qui Jack Mimoun et les secrets de Val Verde pourraient avoir l'air d'un cinéma périmé, malgré l'abattage de comédiens (notamment François Damiens et Jérôme Commandeur) en très grande forme ou la ferveur de la très visible sincérité de Bentalha dans son projet. En fait, au delà d'un mérité succès public qui conforterait l'idée que les vieilles recettes sont aussi universelles qu'encore très consommables, la vraie récompense que l'on puisse souhaiter à ce film, serait qu'il finisse par connaître un remake hollywoodien.
En salles le 12 octobre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 octobre 2022
3:26
GENERIQUES de Philippe Garnier
On serait donc dans une sorte de making of des films par écrit ?
En tout cas, Génériques n'est pas une collection d'essai analytiques mais fait dans le factuel. De toutes façons, un jour Garnier a lâché dans une interview que « la critique c'est de la branlette ». Mais il croit encore visiblement aux vertus du journalisme d'investigation à l'ancienne. Qu'il s'agisse de films noirs ou de westerns, de classiques ou de perles oubliées, ces trois livres reposent sur une somme exceptionnelle de documents et d'archives. Les mémos, télégrammes voire extraits de correspondances reconstituent avec une phénoménale sensation immersive le processus de création. Mais, plus encore que cette sensation de making-of comme si vous étiez dans les coulisses, il émane de Génériques, celle d'une voix-off accompagnant au plus près, au plus intime les films comme leur écosystème. Au delà d'un côté encyclopédique, l'écriture de Garnier est incroyablement vivante, parlant d'un passé avec le ton du présent. De quoi procurer à ces histoires d'un temps de cinéma révolu le swing de la modernité, pour un travail d'archiviste mais sans la poussière ; une ahurissante collection d'anecdotes sans qu'elles ne virent jamais à l'anecdotique. Encore moins quand ce récit au long cours de l'évolution du cinéma américain de la fin de l' âge d'or des studios grands ou petits aux premières secousses telluriques du Nouvel Hollywood, tient de l'ivresse de certains alcools vieillis, longs en bouche mais qu'il faut siroter pour mieux laisser remonter les arômes. Autrement dit, Génériques est une sacré bonne cuvée de livres de cinéma.
Génériques. Paru chez The Jokers éditions.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 octobre 2022
3:25
POULET FRITES de Jean Libon & Yves Hinant
En plus du Poulet et des frites, il y aurait donc la mayonnaise façon Strip-tease ?
Au départ, il y a donc un cas pour le moins singulier, celui d'une morte reliée à un suspect trop évident par une frite surgelée retrouvée intacte dans son bol alimentaire. A l'arrivée, il y a un parcours bien plus escarpé, de la procédure que suit le commissaire Lemoine et son équipe à une embardée vers les relations entre les polices internationales. Mais surtout cette frite-la se pose en travers du gosier de l' univers de film noir. L'ambition de Jean Libon et Yves Hinant est d'ailleurs évidente ne serait-ce qu'en étant parti d'images d'un ancien sujet de Strip-Tease, remontées et désaturées pour prendre les teintes charbonneuses du cinéma réaliste des années 40. Comme pour revenir à cette période ou les films avaient beau être des fictions, ils finissaient toujours par documenter pleinement sur l'époque. Ainsi la véritable enquête de Poulet Frites est sans doute celle sur un déterminisme social, de la vision en coupe d'un quart monde généralisé à celle du fonctionnement désarmant de la police et de l'institution judiciaire. A la fin de Poulet Frites, on entendra à nouveau Batumambe, ce générique signature, qui résonne alors peut-être encore plus que dans les épisodes de Strip-tease, comme la marche crève-coeur d'une humanité entravée par le boulet de systèmes dysfonctionnels.
En salles le 28 septembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
28 septembre 2022
2:59
NINJABABY d’Yngvild Sve Flikke
C'est quoi le rapport avec les Ninjas ? Un lien avec les Tortues du même nom ?
Peut-être si on le voit le film d'Ingvild Sve Flikke comme le récit de quelqu'un qui doit rompre avec sa carapace. Ou simplement par le caractère très bastonneur de Rakel, jeune femme qui se découvre donc sérieusement enceinte qui a envie de mettre tout le monde face à ces contradictions. Car cette vingtenaire fait partie d'une génération de femme qui n'a plus peur de l'ouvrir, de revendiquer droit à la parole ou à la liberté. D'opinion ou de sexualité. Seule chose sur laquelle elle a donc fermé les yeux, un déni de grossesse- donc celui de devenir parent autrement dit coincée par les responsabilités- qui se rappelle donc à elle sous la forme d'un bambin dessiné qui n'a pas la langue dans sa poche amniotique. Il n'est pas anodin que celui-ci soit d'ailleurs un garçon et pas une fille quand ça permet à Ninjababy d'affirmer ne pas être un manifeste d'un néo-féminisme radical anti-mecs, mais plutôt (au vu de personnages masculins tout aussi désorientés que Rakel), une descendance nordique de de Girls ou de Fleabag. Comme ces séries, Ninjababy est décomplexé et hilarant, mais sur-tout touchant par la lucidité avec laquelle cette chronique aborde le bordel existentiel qu'est devenu la vie quotidienne d'aujourd'hui, mais plus encore la justesse avec laquelle ses personnages sont incarnés dans leurs contradictions. Il est du coup alors peut-être normal que ce bébé animé ne soit qu'imaginaire, quand Ninjababy raconte finalement bien plus comment une jeune femme est accouchée malgré elle de sa version adulte, entre regrets de l'insouciance et pleine conscience de qui elle est désormais.
En salles le 21 septembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
21 septembre 2022
3:17
TOUT FOUT LE CAMP de Sébastien Betbeder
Et pourtant Tout fout le camp semble vouloir desserrer les codes.
En tous les cas les conjuguer, les culbuter. Si Tout fout le camp démarre dans une veine de buddy movie à la française via l'amitié naissante entre un journaliste et un musicien qui se lance dans la politique, le duo s'élargit rapidement lorsque le duo croise un cadavre qui re-vient à la vie, avant de s'embarquer dans un road-movie surréaliste, façon Bunuel ou Bertrand Blier. Ou plutôt hyperréaliste quand les tribulations de cette petite bande lachée sur une sensationnelle autoroute de cinéma à quatre voies – ici, on peut passer d'une scène gore à une de danse comme d'une séquence toute en brumes gothiques à de la pure comédie loufoque ou noire - sait ramener son code de la déroute à une ligne directrice, en l'occurence le portrait de la génération de trentenaires actuelle qui se désespère d'une autre con-duite qui va sacrément de traviole, celle de la politique de Macron. Le souk organisé de Tout fout le camp se fait cohérence absolue dans ses envies de prendre la tangente, d'essayer l'utopie d'un monde plus fou mais moins flou quand il remettrait l'humain au coeur de tout. Après avoir fait plus se marrer que la plupart des comédies françaises sorties cette année, Tout fout le camp, film aussi rebelle qu'inquiet, se met à émouvoir par cette revendication à laquelle il s'attache comme à une bouée de secours. Mais aussi pour en faire une ligne de flottaison à tenir en étant un appel à une joyeuse lutte par la désobéissance.
En salles le 14 septembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 septembre 2022
3:21
L’ETRANGE FESTIVAL, 28e édition
Et quelles sont donc les réjouissances prévues pour l'édition de cette année ?
Difficile de privilégier l'une ou l'autre des thématiques, puisque que comme à son habitude, L'étrange festival tient presque plus d'une manifestation d'agit-pop contre-cuturelle, ouverte à tous les horizons, redessinant ainsi une mappemonde de cinéma. Ainsi cette 28eme édition est entre autres allée voir autant ce qui se passe du côté de la jeune génération de réalisateurs de films de genre sud-coréens que d'Europe ou d'Asie centrale mais aussi les derniers opus de cinéastes français ayant toujours refusé les terrains balisés, comme Guillaume Nicloux ou Sébastien Betbeder. On pourra tout autant y causer scène musicale post-punk locale ou performance artistique avec les documentaires Who Killed Nancy ou L'artiste à la phalange coupée. Mais aussi découvrir Mike De Leon Mike De Leon, réalisateur philippin aux commandes d'un cinéma aussi ésotérique que politique s'alliant à l'inquiétude du fantastique pour parler autant du poids de la religion que de la lutte des classes. Revenir sur la production populaire iranienne des années 50 à 70, via une rétrospective du cinéma Farsi, dans toutes ses contradictions quand il mettait en scène tous les excès et la prétendue décadence que le pouvoir voulait éradiquer au nom des bonnes mœurs. Ou encore rendre hommage à un oublié de la nouvelle vague japonaise, Masahiro Shinoda, dynamiteur de genre, du film de Yakuza au théatre de marionnettes pour en faire des appels à la rebellion contre tous les ordres établis. Voire s'aventurer dans la part méconnue de la filmographie de Victoria Abril pour rappeler qu'avant d'être une égérie de Pedro Almodovar elle était déjà une actrice provocante et engagée. On en oublierait presque les traditionnelles cartes blanches, cette année offertes à l'ex-pornstar désormais brillante sociologue Ovidie, Dominik Moll dont La nuit du 12 est un des succès surprises du moment ou l'activiste et légende de la musique industrielle Cosey Fanni Tutti. Un menu pantagruélique qui amènerait presque à penser que l'étrange festival porte finalement mal son nom, quand il n'est qu'une invitation à ce qui devrait être une chose normale : savoir être ouvert aux formes et propos transgressifs, plus que jamais nécéssaire dans une époque qui elle devient de plus en plus étrange à force de se soumettre aux pensées grégaires.
Jusqu'au 18 septembre au Forum des images à Paris.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 septembre 2022
3:38
"SHABU" de Shamira Raphaela : L'été d’un ado donne des couleurs joyeuses à la grisaille usuelle des docus sur le quart-monde
Sauf que Shabu s'essaie à une autre manière de faire passer la pilule du traditionnel portrait sombre du quart-monde... C'est même probablement une première dans ce registre Shabu est un film incroyablement solaire. Là où toute une tripotée de cinéastes pleureraient sur l'épaule de ceux qu'ils filment, Shamira Raphaela cherche ce qu'il peut y avoir de lumineux quand on vit dans ce contexte là. Pas forcément pour glisser vers un sirupeux feel-good-movie qui serait forcément contre-productif, mais au contraire nuancer les choses, ne pas s'abandonner au traditionnel dogmatisme de la misère. Avec Shabu on n'est pas dans la grisaille des Dardenne, mais plutôt dans les couleurs du cinéma de quartier du Spike Lee des débuts, pour une sorte de film d'aventure de la vie, au gré des tribulations souvent poilantes de cet ado un peu cossard mais surtout débrouillard. La saison choisie, un été très ensoleillé, renforçant un esprit des plus chaleureux sans pour autant aller faire la sieste. Raphaela camoufle sous les traits du très sympathique Shabu, un concret propos sur l'importance des cultures comme de la transmission intergénérationelle et plus encore comment elles restent d'une grande modernité. On pourrait aussi y ajouter cette vision en coupe, quasi ethnographique mais loin de tout stéréotype, des barres HLM à la Hollandaise, avec des horizons pas forcément moins bouché, mais des murs qui paraissent moins infranchissables quand ils ont des teintes pop. Le tout avec une même envie d'optimisme, d'enthousiasme et surtout une profonde tendresse pour cette population, filmée comme rarement, dans la vérité du quotidien : lucide quand à ses difficultés, mais aussi sur un ordinaire de vie qui peut aussi intégrer certaines joies .
Du coup renvoyons Rimbaud à son spleen car Shabu rappelle qu'à 14 ans, on a encore un peu le temps de ne pas être sérieux.
En salles le 31 août.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
31 août 2022
3:21
“Cahiers noirs” de "Cahiers noirs" de Shlomi Elkabetz : Hommage d’un frère à sa sœur disparue, Cahiers Noirs confirme le pouvoir qu’ont les films de prolonger la vie
À la manière d'un double making of, à la fois de films et d'une vie, Cahiers Noirs, Ronit, actrice incroyablement vivante au naturel, et Viviane, mère de fiction, ont chacune droit à un volet de ce documentaire. Mais n'ont de cesse de se répondre, voire de fusionner. Jusqu'au vertige, quand on découvre qu’Elkabetz jouait cette mère en quête absolue de liberté, en luttant dans sa propre vie contre un cancer qui allait l'emporter.
Ou quand il est évident que Shlomi filmait sa sœur au quotidien comme une tragédienne. Mais aussi comme un frère, qui aurait rétrospectivement souhaité pouvoir la sauver de son destin.
À sa manière, "Cahiers noirs" réinvente le principe du champ-contrechamp en racontant la Ronit du quotidien, et la Ronit comédienne. Les deux ayants en commun d'être une tornade. Elle continue de vibrer telluriquement dans ce documentaire qui conforte l'absence d'une telle actrice dans le cinéma, tout en continuant à affirmer sa présence. Jusqu'à aborder sa mort comme une simple information, balayée par ce torrent d'images de cette femme, actrice et sœur, dans ses fragilités comme dans ses élans. Un hommage très émouvant quand il accepte qu'elle soit désormais un fantôme mais souhaite continuer à converser avec elle.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
29 juin 2022
3:15
La comédie romantique avait besoin d’une réinvention, “I’m your man” en dérègle idéalement l’algorithme.
Ainsi, on se souviendra du Her de Spike Jonze, relecture cybernétique de la romance ou du Ex-Machina d'Alex Garland pour sa vision d'un patriarcat 2.0. I'm your man s'essaie lui aussi à envisager des rapports de couple mais avec un point de vue plus rare : là où ce sont généralement des réalisateurs qui ont élaborés des théories, c'est une femme, Maria Schrader qui s'en empare.
Qu'est-ce que ça change ?
Au minimum, certains codes quand I'm your man inverse ce qui semblait être devenu dans les films cités et pas mal d'autres un principe narratif quasi robotisé imposant que les machines ont des traits ou des caractéristiques féminines. Ici, Alma, une trentenaire dans toute sa complexité humaine se retrouve à tester pendant quelques semaines un androïde conçu pour répondre à tous ses désirs, voire les devancer. Autrement dit être l'homme idéal. I'm your man bouscule l'algorithme des comédies romantiques lorsque Alma est réticente, se fait plus froide que les rouages métalliques du pourtant très séduisant robot, lequel se met à bugger devant l'impossibilité de remplir sa fonction.
I'm your man fait alors glisser les canons, impeccablement maîtrisés, de la comédie de mœurs vers une zone moins balisée, interrogeant les normes, qu'il s'agisse des questions de genre, de déterminisme de la quête du bonheur comme réussite sociale obligatoire. Schrader n'a pas de réponses toutes faites ; plutôt faire l'éloge d'imperfections humaines incompréhensibles pour les machines trop raisonnées, pour un film surprenant, doux, drôle et réfléchi, porté par une intelligence de propos tout sauf artificielle.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
22 juin 2022
3:00
“Incroyable mais vrai" : la nouvelle visite de la Maison Dupieux ouvre sur des pièces plus secrètes que prévues.
Mais surtout lever le véritable lièvre qui se planque ici. A savoir qu'Incroyable mais vrai est sans doute le plus accessible, le plus lisible des films de Dupieux, tout en ne désertant pas son univers usuel. C'est même probablement celui qui allie le mieux ses deux versants habituels : l'absurde d'intrigues qui font basculer le naturalisme dans une autre dimension et une constante plus souterraine autour des névroses des personnages.
Plus troublant, Incroyable mais vrai amène à penser que Dupieux baratine quand il déclarait qu'«Il n'y a rien de plus beau dans l'art que de ne pas réfléchir » ou quand il affichait directement comme mode d'emploi de son travail, par exemple dans Rubber, une séquence où un policier lâchait un « no reason » à toutes les demandes d'explication. Incroyable mais vrai en fait une façade qui s'effrite devant une pertinente méditation sur la vieillesse et le couple. Sans rien en dire de plus, il est question ici d'un tunnel.
Il n'est pas impossible que Dupieux, réalisateur qui s'est toujours refusé à décortiquer le sens de ses films, s'y dissimule pour se laisser aller à certaines confidences, d'un rapport aux contes (Incroyable mais vrai n'est pas sans passerelles vers Alice au pays des merveilles ou Le portrait de Dorian Gray) à une réflexion personnelle sur les vaines vanités des hommes et des femmes. Il n'est d'ailleurs pas impossible que ce film-là en dise trop sur Dupieux, qu'il ne soit qu'une parenthèse. Pour preuve, le suivant, Fumer fait tousser, présenté au dernier festival de Cannes remet déjà le masque du burlesque et de la déconne. Incroyable mais vrai, film plus profond que son mystérieux tunnel, n'en est que plus touchant : incroyable par son postulat (et ses quatuor de comédiens, Alain Chabat, Léa Drucker, Anaïs Demoustier et Benoit Magimel), émouvant dans l'impression d'enfin toucher au vrai d'un réalisateur plus philosophe que prévu.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
15 juin 2022
3:49
“Le pacte des loups” : On fera un petit tour en arrière du côté de la dernière tentative de blockbuster à la française avec la ressortie du “Pacte des loups”.
Tout partait donc d'un fait divers du XVIIIe siècle; Mué en légende urbaine autour d'un monstre fantasmé par les populaces pour arriver à un film monstre. Par sa production d'abord, gonflée par un Canal + en plein rêve hollywoodien. La chaîne qui venait de racheter le studio Universal voulait rouler des mécaniques, montrer qu'on pouvait rivaliser avec les blockbusters made in Usa. Par son tournage ensuite, parsemé d'embûches, qui débordera sur plus de cinq mois au lieu des trois initialement prévus. Il y avait tout pour arriver à une catastrophe, écrire une autre légende, celle d'un cinéma français boursouflé par la folie des grandeurs. Ce ne sera pas le cas, Le pacte des loups sera un des gros succès de l'année et bâtira une autre réputation pour le cinéma français à l'étranger que les productions Besson.
Il reste pour autant une énigme autour de ce film quand il ne s'est rien passé ensuite. Ou presque. Quand cet exemple d'une possible réinvention d'un cinéma de genre à grand spectacle français, n'a pas été suivi de sa réindustrialisation. La signature de ce pacte là n'aura pas été renouvelé par l'industrie, préférant revenir à un modèle économique plus cheap, moins audacieux. Aujourd'hui, Le pacte des loups ressort, dans une version restaurée. Au-delà de sa beauté plastique, c'est l'avance sur son temps qui en ressort. Evidemment en vingt ans, certains effets spéciaux ont un peu vieilli, mais l'anticipation de fusions culturelles saute aux yeux, Le pacte des loups parlant sans soucis aux ados gamers d'aujourd'hui qu'à ceux accros au cinéma sud-coréen et ses virages narratifs. L'impression d'avoir trouvé la bonne formule pour renouer avec un divertissement populaire haut de gamme est d'autant plus vibrante dans une époque où justement le cinéma français en a besoin pour venir à bout d'une crise des entrées. La chose n'est peut-être pas perdue, si Gans a toujours du mal à monter ces projets, il n'a rien réalisé depuis 2014, et sa relecture tout aussi pop de La belle et la bête est attendue pour l'année prochaine,
Toutefois, le passif du réalisateur, notamment l'an dernier un Eiffel incapable de sortir d'un poussiéreux académisme ou l'apparition d'une affiche pour célébrer la fin de tournage vantant avant tout les moyens financiers mis sur le retour de D'Artagnan et Milady, laissant penser à un argument de vente forcée, ne sont pas rassurants. On verra bien, à sa sortie en 2023, si cette superproduction a tiré les leçons du Pacte des loups. En attendant on peut donc revoir cet inattendu film laboratoire, récit d'aventure sur comme derrière l'écran.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
08 juin 2022
4:23
"Salo ou les 120 Journées de Sodome" de Pier Paolo Pasolini
Pasolini revisite cette république fantoche en y incorporant un des textes les plus connus du Marquis de Sade. Quatre notables y séquestrent 9 jeunes hommes et 9 jeunes femmes qu'ils vont supplicier en trois étapes reprenant le principe des cercles de l'enfer chers à un autre écrivain, Dante Alighieri. Salo ou les 120 journées de Sodome est d'autant plus un choc que Pasolini avait auparavant célébré dans une Trilogie de la vie, une liberté sexuelle comme de penser sous un jour solaire et allègre. Salo est son absolu inverse, une œuvre d'une totale noirceur, d'une profonde violence physique. Et pourtant indispensable, presque cinquante ans après sa sortie car réapparaissant dans une époque où les démocraties sont fragilisées, mais aussi celle où le mot même de fascisme s'est banalisé, dilué dans des conversations de comptoir comme dans le brouhaha dégueulant de haine ordinaire, de certaines chaines d'info en continu invitant le contexte de Salo dans les salons. Pasolini jouait sans le savoir du même sens de l'excès pour rappeler l'asservissement possible par les élites sociales bourgeoises. Certes dans la vision extrême d'un régime détruisant toute liberté, toute dignité, s'affranchissant des limites jusqu'à être un cas peut-être unique de pornographie morale et visuelle. En 1975, Salo fait scandale, jusqu'à être censuré dans beaucoup de pays, devenant le film qu'on ne devait pas voir justement parce qu'il figurait l'immontrable.
Aujourd'hui, cela reste un des films les plus insoutenables existants, que même sa part de grand-guignol n'atténue pas. Mais c'est justement parce qu'il force à regarder ce que l'on ne veut pas voir ni entendre, que Salo reste fondamental. Pasolini n'aura pas eu le temps d'ouvrir les yeux sur son propre film. Il est mort assassiné quelques jours avant sa sortie. De fait testamentaire, Salo résonne pourtant encore plus fort dans sa part d'avertissement, éminemment cruel mais plus que jamais nécessaire, quand si la république de Salo n'a existé que moins de deux ans, on ne sait pas combien de temps les salauds actuels menaceront les républiques.
Ressorti le 1er juin
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 juin 2022
4:25
Cannes 2022 : prolongations du match
En faisant le choix d'adouber Triangle of sadness, Lindon et ses jurés s'est autodecerné à leurs yeux un carton jaune. Comme le rire qui traverse le film de Ruben Östlund, qui se voudrait une version Titanic du monde des ultra-riches, mais finit par prendre des airs d'un épisode trop cynique de La croisière s'amuse.
Pour autant, il y a bien un iceberg dans ce palmarès. Pas forcément celui formulé par
la déclaration d'intention de la cérémonie d'ouverture, annonçant, jusque dans l'apparition de Volodymyr Zelensky, une feuille de route politique. Derrière le trompe-l'œil de Triangle of sadness, certes satire corrosive du capitalisme, mais sous une forme des plus embourgeoisées jusqu'à son cynisme condescendant, le rendu n'a été saupoudré que de deux films pointant du pointant du doigt les régimes iranien ou égyptien, sous couvert de cinéma de genre (thriller pour Les nuits de Mashaad ou film d'espionnage pour Boy from heaven), quand cette teinte était beaucoup clairement marquée chez, pour ne citer qu'eux, James Gray, Saeed Roustaee, Cristian Mungiu ou Albert Serra, cinéastes repartis bredouilles.
Etonnamment, c'est vers une autre politique que celle, traditionnellement cannoise, des auteurs que s'est tourné le jury en célébrant avant tout des films ayant un potentiel populaire, ce qui quelque part tient d'une courageuse forme de dissidence envers le festival de cinéma certes le plus médiatisé au monde, mais concrètement bien plus tourné vers l'entre-soi d'une industrie- incluant la critique- que vers le public. Et si l'on peut déjà lire, ici ou là, que ce palmarès est hors-sol, il s'avère en fait bien plus ancré dans le terrain très meuble ces temps-ci d'un monde de cinéma qui doit reconquérir les spectateurs.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 mai 2022
3:24
Cannes 2022 : D(h)ont acte
Plus consensuels, Les bonnes étoiles et Close auront été les autres temps forts de ce baroud d'honneur. D'un côté, le second film de Lukas Dhont, après le remarqué Girl, de l'autre celui du vétéran Hirokazu Kore-Eda. Etonnamment, c'est le réalisateur japonais qui sort de sa zone de confort en transposant sa spécialité (des histoires de familles recomposées) en Corée, autour d'un trafic d'enfants. Les bonnes étoiles s'avérant particulièrement aimables voire des plus affectueuses. Dhont, en dépit de l'affirmation d'une mise en scène, tire son récit d'amitié adolescente vers une fracture dans une seconde partie lisse comme son imagerie clean digne d'un spot d'association sur Instagram pour la protection de l'enfance. Dans les deux cas, les salles cannoises ont été en larmes, jusqu'à en faire leurs palmes du cœur, devant ces histoires de culpabilités refoulées, mais il y a de quoi préférer la manière dont Kore-Eda transforme des bons sentiments en très chaleureuse empathie là où Dhont laisse son sens de la distance se faire rattraper par scénario écrit à la truelle. Reste à voir si ces quatre films, malgré tout moins léthargique que les autres en compétition, vont cimenter ou non le chantier du palmarès à venir.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 mai 2022
3:09
Cannes 2022: en vitesse de croisière
Le seul bruit à s'être fait entendre ont été des éclats de rire pendant la partie centrale de “Triangle of sadness”, dézinguage en règle du capitalisme par Ruben Östlund, palmedorisé en 2017 avec “The Square”. Mais ce sursaut s'étouffe dans le reste d'une satire qui s'étire de trop sur 2h30 particulièrement démonstratives. Pas mieux du côté de David Cronenberg qui avait lui-même annoncé s'attendre à des sorties furibardes dès les cinq premières minutes de son “Crimes of the future”. Ça n'a pas été le cas, la torpeur d'un opus ayant plutôt cloué les accrédités sur leurs fauteuils. Dans ce qui paraissait sur le papier être le retour du cinéaste canadien à ses grandes heures, la douleur a disparu du monde laissant les humains se lancer dans des performances chirurgicales. L'effet aura été une anesthésie générale, devant un film trop distant, apathique jusqu'à endormir sa mélancolie ou sa part testamentaire.
Park Chan-Wook fait lui dans l'héritage, avec “Decision to leave”, très divertissant hommage au “Vertigo” d'Hitchcock, entrelaçant intrigue romancière et beau mélo, mais sans parvenir aux vertiges pervers de ses films précédents. Faute de venin, le sud-coréen est pour autant en pleine montée de sève formelle, pour ce qui, pour le moment, reste le meilleur candidat de la compétition à un prix de la mise en scène.
Dans une édition jusque-là assez terne, pas grand-chose de notable donc du côté d'une compétition aux airs de minimum syndical. Pas beaucoup mieux à La semaine de la critique, en petite forme, alignant des films peu enclins à sortir de leurs rails, frisant globalement l'anecdotique. Le premier film de Charlotte Le Bon, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, fait office d'éclaircie justement en dégondant un terrain ultra balisé. Chronique d'un amour d'été dans les grands lacs canadiens, “Falcon Lake” brouille les pistes en faisant flirter le cinéma teenager et le fantastique pour un étonnant climat, idéal pour aborder cette période entre deux âges. Le Bon se calant sur les mêmes variations hormonales, allant de l'euphorie au spleen. Dans l'horizon, pour l'heure assez plat, de cette édition, aller tremper les pieds dans ce lac-là est réellement rafraîchissant.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
25 mai 2022
3:00
Cannes 2022: sur le marché du film
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
25 mai 2022
2:54
Cannes 2022 : one, two, three… vive la Tunisie
Ainsi, les pays du Maghreb se sont installés dans le radar cannois depuis quelques années. Un peu en 2019, à La Semaine de la critique avec l'Algérien “Abou Leïla” et le marocain “Le Miracle du saint-inconnu”, un peu plus l'an dernier quand Nabil Ayouch permettait au Maroc d'accéder à la compétition avec “Haut et fort”. En 2022 c'est la Tunisie qui débarque en force sur la croisette. Deux films : “Ashkal” et “Sous les figues”, présentés à la Quinzaine des réalisateurs. Un autre : “Harka”, à Un certain regard. Tandis que la réalisatrice Kaouther Ben Hania préside le jury de La semaine de la critique.
Ce n'est même pas un signe, mais bel et bien une tendance : les cinémas du Maghreb connaissent un second souffle. Il se manifeste par la claire apparition d'une jeune génération, désireuse de sortir leurs films de certains stéréotypes, ou de sujets souvent tournés majoritairement vers un public local. Pour preuve, l'appropriation des codes du cinéma de genre. Avec “Ashkal”, Youssef Chebbi s'essaie au film noir (voire très noir) en suivant l'enquête de deux policiers sur des meurtres commis à Carthage. Tandis qu'Erige Sehiri avec “Sous les figues”, transforme un verger en terrain pour une romance entre ouvriers proche d'un feel-good movie.
Au-delà de leurs fortes qualités respectives, Ashkal et “Sous les figues” ont celle, pas si évidente, d'être exportables. De pouvoir s'adresser à tous les publics. Un principe qui doit aussi à l'apparition, là aussi, d'une nouvelle génération, de producteurs. Tout comme les réalisateurs, ils semblent s'être décomplexés d'un héritage culturel ou traditionnel pesant. Sans doute un effet collatéral, et bienvenu, des printemps arabes.
Reste à savoir si cette vague de fond va pouvoir fleurir plus que bourgeonner. Car dans la plupart des pays concernés, le financement du cinéma reste entre les mains de l'état et des pouvoirs publics. Au Maroc, les fonds sont stables, mais certaines lois restent poussiéreuses. Tandis qu'en Algérie, la fermeture en 2020, soit un an après sa création, d'un secrétariat dédié à l'industrie cinématographique ou la récente mise en place d'une commission, qui ne délivrera les autorisations de tournage qu'après lecture des scénarios ne sont pas très bons signes. De même le limogeage, début mai du ministre de la culture tunisienne ne présume pas que les subventions aux producteurs, en baisse constante depuis plusieurs années, prennent le chemin inverse.
L'autre question centrale restant la capacité à faire exister localement ces cinémas : le Covid n'a pas arrangé les choses. Alors que le parc de salles est chétif (44 salles pour tout le Maroc, 15 en Tunisie, à peine plus de 20 en Algérie), certaines ont définitivement fermé. Paradoxalement, au même moment, des gros groupes étrangers commencent à investir dans la construction de multiplexes. La question étant de savoir si quand ceux-ci ouvriront, ils ne diffuseront pas, comme dans la plupart du monde, majoritairement des blockbusters américains. Mais peut-être que d'ici là, au vu d'un nombre grandissant de projets en cours, c'est ici en Europe que les nouveaux cinémas du Maghreb trouveront la place qu'ils méritent.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 mai 2022
3:22
Cannes 2022: Dos au mur
La concurrence, pur secret de polichinelle, entre la Sélection officielle, la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique, les poussent à marquer leur territoire et leur identité. Pourtant, les trois affiches pour 2022 auront convergé autour d'un même motif.
Pendant que celle de la Semaine projette des images sur un dos nu, celles de la Quinzaine des réalisateurs fond un homme dans un décor, façon caméléon, face contre un mur. L'affiche de la sélection officielle, montre un autre homme, Jim Carrey dans “The Truman show”, cette fois-ci de profil mais aussi incrusté façon trompe-l'oeil. C'est le hasard, puisqu'elles ont été conçues indépendamment les unes des autres, qui les a amenées à ne pas arborer de visage. Mais cela raconte aussi une idée commune, celle de tourner le dos, mais à quoi ?
Peut-être à la situation de crise qui s'est emparée du cinéma depuis que celle du COVID a agi comme un accélérateur de particules amplifiant des phénomènes déjà présents. Ou à celle d'une désaffection du public envers le cinéma d'auteur et à la montée en puissance des plateformes.
Reste que ces affiches posent un véritable point d'interrogation. Et rien n'indique si elles sont le symptôme d'un déni du contexte actuel, qui fait forcément tâche dans un festival qui s'est toujours évertué à être un moment festif pour l'industrie du cinéma. Ou si à l'inverse de faire l'autruche, elles indiquent vouloir regarder de l'avant, quitte à ne pas savoir vraiment vers quel horizon.
Étonnamment, ce principe de trompe-l'œil s'est aussi invité dans des films jouant eux aussi sur des paradoxes. Que ce soit l'émouvant “Les huit montagnes”, chronique d'une amitié au long cours, faisant entrer dans un format d'image carré, une vision panoramique des sommets du Piémont comme de l'humanité. Ou “Tchaïovski's wife”, évocation d'une relation conjugale forcée, dans laquelle Kirill Srebrennikov écarte peu à peu des enluminures un rien académiques, pour faire de la place à de la démesure formelle. Même James Gray, avec “Armageddon time”, dissimule une chronique semi-autobiographique laborieuse dans l'Amérique du début des années 80. Prophétie de l’ultra-libéralisme des années Trump à venir.
Trois films partant du passé pour se pencher sur le présent, assumant justement le regard qui manque aux trois affiches du festival. En indiquant très clairement dans une mélancolie partagée, que le cinéma doit se préparer à faire ses adieux à un état d'innocence s'il veut s'armer pour affronter des lendemains aussi menaçants qu'incertains.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
23 mai 2022
2:53
Cannes 2022 : le vent commence à souffler fort en coulisses économiques
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 mai 2022
5:19
Cannes 2022, Jour 1 : on ouvre !
Le film de Shinichiro Ueda était un exercice de style bricolé avec les moyens du bord, l'énergie et les idées palliaient le manque de moyens. La version Hazanavicius a beau ne pas démériter sur ce point, elle pose pour autant la question de savoir d'où on filme. Et même plus, de ce que l'on filme. Au-delà de l'exotisme chez des spectateurs occidentaux, le film original de Ueda avait pour lui d'être cohérent. Que ce soit dans son artisanat, ou sa conscience de s'adresser avant tout à un public de cinéma fantastique prêt à s'amuser avec ses codes.
Si “Coupez !” n'en reste pas moins personnel, on y retrouve comme dans la plupart des films d'Hazanavicius, un jeu de miroir sur le propre rapport gourmand du réalisateur au cinéma. Il s'imprègne malgré lui d'une sorte d’appropriation culturelle. Par sa nature économique, loin de l'esprit low-budget du film initial. Renforcée par sa présence à Cannes, festival qui n'a jamais su vraiment se débarrasser de son image de gotha du cinéma. Voire à s'extraire pleinement d'un regard condescendant sur le cinéma de genre. La chose étant renforcée par un précédent, à savoir “The dead don't die”. Autre film de zombie, qui avait aussi fait l'ouverture du festival en 2019, et se démarquait par un regard assez hautain. Et surtout bien plus sinistre que drôle, d'un pur auteur cannois Jim Jarmusch, sur le cinéma d'horreur.
On trouvera d'autant plus audacieux le choix d'exposer “Coupez !” a un public d'officiels, façons sous-préfète et ministre de la culture. Forcément désarçonnés par une première, et avouons-le interminable, demi-heure de série Z plus vraie que nature et qu'ils risquent de prendre au premier degré. On pourra aussi y voir une éventuelle note d'intention préliminaire de cette 75e édition. Indiquant qu'il est sans doute temps que Cannes, comme une industrie cinéma aux certitudes particulièrement mises à mal par la crise actuelle des entrées, se réinvente, casse ses codes. En attendant, il n'est pas impossible que cette année les premières têtes de décavés sur la Croisette soient celles de la sous-préfète et du public protocolaire, risquant de rire plus jaune qu'à gorge déployée en sortant de cette ouverture aussi courageuse que casse-gueule.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 mai 2022
3:03
“The Northman” : Le monde du cinéma de studio hollywoodien serait-il plus âpre que la mythologie viking ?
Ainsi, il faut se souvenir du 13e guerrier de John McTiernan, qui aurait pu être à ce registre ce que son Piège de cristal avait été au blockbuster d'action. Si le romancier Michael Crichton n'avait pas remonté le film dans le dos du cinéaste. Il y avait aussi le projet extravagant nourri par Mel Gibson, celui d'une saga nordique qui aurait été parlée en véritable langue viking. Avant de l'abandonner faute de financement, malgré la présence prévue de Leonardo DiCaprio au casting. Aujourd'hui, c'est au tour de Robert Eggers de s'attaquer à cette mythologie avec The Northman.
Après deux premiers films décapants, The witch et The Lighthouse, revisites dérangées du monde de la sorcellerie ou de la folie selon Lovecraft, Eggers est allé dégotter non seulement la légende nordique qui allait plus tard inspirer Hamlet à Shakespeare mais s'est entiché d'un savoir encyclopédique sur les tribus vikings.
The Northman promettait de rallier à la fois un divertissement épique à la Conan le Barbare, mais aussi d'être traversé de visions folles, entre chevauchée de valkyries et rituels de possessions chamaniques. Tout ça est encore un peu là à l'arrivée. Mais la trajectoire s'est heurtée à la transition entre un cinéma indépendant et une production de studio hollywoodienne. La seconde ayant visiblement imposé ses impératifs de rentabilité, sur une fresque qui aurait dû être plus baroque, plus intransigeante.
Mais alors pourquoi faudrait-il aller voir The Northman ?
Simplement parce qu'en dépit ses luttes économico-intestines, visiblement plus dantesques que le film en soi, The Northman a conservé de fantastiques éclats. Même s'ils ne sont que sporadiques. Mais aussi, parce que la croisade furibarde d'un prince déchu pour venger son père, est doublée de celle pour une foi en un cinéma à grand spectacle, porté disparu.
Il y a quelque chose ici d'organique, voire d'incarné, qui place The Northman bien au-dessus du cinéma d'aventure américain actuel, déshydraté par les effets spéciaux. The Northman a quelque chose qui lui redonne chair (et sang). Même si cette quête du Valhalla est freinée par la vision précautionneuse d'un studio, elle a des airs de baroud d'honneur, démesuré et lyrique. On peut appeler ça un beau geste. Mais aussi y voir un dernier bout de paradis perdu qui lui aussi, risque de n'être bientôt plus qu'une glorieuse mythologie de cinéma si ce type de projet hors normes n'est pas un minimum soutenu.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 mai 2022
4:19
“Ego” d’Hannah Bergholm : petit à petit, le cinéma fantastique nordique s’affirme comme un drôle d'oiseau
Tout part de la découverte d'un curieux œuf, que cette gamine va couver. Mais Ego tient surtout d'un jeu tordu de poupées russes, puisque sous la coque de cette histoire de dopplegänger, ces doubles maléfiques, se dissimule surtout une cellule familiale qui se fissure progressivement. Notamment autour d'une mère qui veut modeler sa progéniture à son image, physique comme sociale.
Mais visiblement, Ego ne veut ressembler à rien ni personne d'autre...
Effectivement, en croisant le terrain d'un David Cronenberg et son obsession sur les mutations corporelles. Avec la possible obsolescence des sentiments qu'elles engendreraient, et un univers de teen movie rose bonbon peu à peu entaché par du rouge sang. La réalisatrice Hannah Bergholm fait sortir de cette inattendue coquille, un discours audacieux autour de la féminité.
À se demander ce qui est le plus tranchant dans Ego. La manière dont Tijna rompt le cordon avec sa mère ? Ou le portrait d'une femme qui considère son enfant comme un accessoire à la mode ? Bergholm rajoutant à ce malaise, un humour nordique et particulièrement froid. Que ce soit dans l'environnement aussi kitsch que glacé de cette famille, ou cette combinaison d'empathie et de délires freudiens.
Ego couche donc sur le canapé une collection de névroses modernes. De l'atavisme générationnel à la double dictature de l'apparence et de la perfection.
Bergholm attaquant le tout à coups de becs acérés, pour lui voler dans les plumes. Mais aussi confirmer les éclosions inattendues et l’envol d'un cinéma fantastique d'Europe du Nord. Actuellement plus surprenant que ses voisins géographiques. Seul bémol, l'absence de passage en salle pour ce film singulier, qui n'aura trouvé en France qu'une sortie en Blu-Ray pour faire son nid. Mais puisque c'est le seul moyen de le voir ici, alors, comme on disait dans les cours de latin : ego te absolvo.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 mai 2022
2:57
"Ghost Song" de Nicolas Peduzzi : Houston, on a toujours un gros problème
Will, Nate et Alexandra viennent de milieux sociaux différents, mais se retrouvent dans une même errance dans le quartier de Third Ward. Situé au centre de la ville, il devient un autre œil du cyclone dans Ghost Song. Peduzzi y suit ce panel pour raconter une génération de trentenaires déboussolés, mais pas apathiques. Le vent qui souffle dans ce documentaire est justement celui d'une rogne collective. À ce tempo, Peduzzi ajoute les sonorités électro et rap de l'époque, dans une bande son incarnant un personnage à part entière.
Pour autant, comme son titre l'indique, il y a bien des fantômes dans Ghost Song. En partie ces trois protagonistes, qui tournent en boucle dans leur malaise. Mais plus encore, les racines d'une Amérique qui remonte au blues. Piste confirmée par cette séquence où Will, prenant sa guitare, improvise un couplet sur son quotidien. Avant que son oncle enchaîne sur le sien.
Et c’est un surprenant remix de cinéma que joue Peduzzi. Quand son documentaire se fait parfois plus incroyable qu'une fiction. Et cela sans même avoir besoin de revenir sur des coïncidences folles, comme le lien de parenté entre Alexandra et George Floyd. Où quand Will, Alexandra et Nate, dans des scènes visiblement rejouées, ont plus d'intensité et de charisme naturel que bon nombre d'acteurs chevronnés. Un autre spectre peut alors s'inviter, celui du travail d'Harmony Korine. Peduzzi filme, avec la même compassion, une Amérique dans sa densité comme dans sa démesure et sans s'encombrer d'une échelle de classe sociale. Dans Ghost Song, tout le monde est réuni au diapason d'une même absurdité. Par exemple, quand pour pouvoir se payer les médicaments opioïdes nécessaires tous les jours pour calmer ses douleurs, il faut devenir à son tour dealer. Peduzzi se refuse cependant à vouloir acter un requiem pour cette vie de quartier. Au contraire, Ghost Song s'incarne dans ce à quoi les gens qu'ils filment peuvent encore s'accrocher. Une fureur. De vivre forcément.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
28 avril 2022
2:58
“Et j'aime à la fureur” d’André Bonzel : Le cinéma c’est aussi une manière de transformer des prises de vues en prises de vie
Pour la plupart des cinéphiles purs et durs, cela tient de la projection de soi, voire d'une vie par procuration. André Bonzel est sans doute de ceux-là. Pour preuve, sa collection quasi-fétichiste de films amateurs qu'il engrange depuis des décennies.
À travers eux, c'est d'innombrables heures de fragments du quotidien et de moments de vie qui se sont égrenés. Celles d'anonymes, dont Bonzel ne sait sans doute rien d'autre que ces images récupérées ici et là. Mais elles ont en commun d'inscrire dans des mémoires familiales, des instants de bonheur et de joies ordinaires. Mais aussi d'en être une trace, fragile car filmée sur des pellicules, souvent périssables. Mais qui n'en reste pas moins une forme de souvenir en mouvement, des fragments d'une histoire anonyme.
(Headlines) André Bonzel, lui, n'est pas un cinéaste anonyme, puisqu'il faisait partie du trio cosignataire du fameux C'est arrivé près de chez vous.
Pour le coup ce titre-là aurait pas mal collé à Et j'aime à la fureur, première réalisation en solo pour Bonzel. Surtout au vu de la proximité immédiate qui émane de ces images de Mr et Mme tout le monde.
Bonzel s'en est emparé pour un étonnant film-essai. Qui est à la fois détournement de ces images étrangères, et récit de son propre roman personnel. Qu'est-ce qui tient du vrai ou du faux dans ce que déroulent ces séquences suturées les unes aux autres ? On n'en saura rien.
La seule certitude qui s'installe au long d'Et j'aime à la fureur, est une relation complexe, faite d'adoration et de détestation envers sa famille. Mais aussi cette envie de solder les comptes, pour arriver à faire la paix avec soi-même. Essayer de dénouer les nœuds d'une mémoire mentale, où souvenirs et imaginaire ont fini par se confondre.
Si ce titre fait écho à un poème de Baudelaire (« Et j'aime à la fureur/ les choses où le son se mêle à la lumière »), la démarche de Bonzel est plus clairement proustienne. Quand elle fait le bilan du temps qui passe et s'aventure dans la réécriture d'une vie, entre probables bouts de vrai et fantasmes guérisseurs de traumatismes enfantins. Bonzel superposant à ces images, une voix-off, la sienne, énonçant un journal intime, souvent picaresque et parfois cru.
En transformant des prises de vues en prises de vie, naviguant d'un jeu de montage à un « je » en surmoi démonté Et j'aime à la fureur installe une capacité à résonner chez chacun. Et cela par une sorte de reflet collectif, rappelant à quiconque que nous sommes des maillons d'une éternelle chaîne humaine. Ayant en commun d'avoir tous traversé certaines phases, de la vénération de ses parents à l'affirmation de soi.
Et plus encore de ressusciter une part collective de fantômes d'enfances. Qui se sont autant effilochées, désagrégées que la pellicule de certaines séquences de ces archives où l'on ne distingue même plus le visage des personnes filmées.
Et j'aime à la fureur est un vrai film en trompe-l'œil. Son ton unique, accrochant exutoire libérateur, et regrets nostalgiques aux branches d'un délirant arbre généalogique, déclenche beaucoup de larmes et de fous rires. Pour une immense émotion, qui, elle, n'a absolument rien de factice.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 avril 2022
3:53
“Allons Enfants” d’Alban Teurlai et Thierry Demaizières : Vous dansiez ? Eh bien, parlez maintenant.
Allons enfants, le nouveau documentaire d'Alban Teurlai et Thierry Demaizière, prend la chose à bras le corps. Littéralement. Et suit deux classes de la section « Danse urbaine » du lycée Turgot, à Paris, durant un an. Rien que cet énoncé pose bien l'importance des mots. À Turgot, on dit donc danse urbaine. Dans les coins de banlieues, d'où viennent les élèves suivis par Allons enfants, on dit «Hip Hop ». Toute la différence est déjà là, entre un milieu qui s'affirme comme élite, et celui des classes populaires.
Pour autant, c'est bien une passerelle qui est soutenue dans ce documentaire. L'enjeu narratif en sera un concours de battles inter-lycées. Mais plus encore, c’est l'ébauche d'un dialogue entre ces deux mondes qui se joue ici. Elle est arbitrée par ce qui aura, entre autres, manqué pendant la campagne électorale : un programme pour la culture comme moteur d'intégration, d'émancipation et pourquoi pas d'excellence. Ou d'exutoire pour des ados mal partis dans leur histoire, faute de n'avoir pas grandi au bon endroit. Dans Allons enfants, il y a donc les gestes.
Plus encore que les figures de coach que deviennent un prof de sport et un proviseur, c'est bien cet angle qui fait office d'expérience pédagogique. Teurlai et Demaizière confortent cette dernière en donnant beaucoup la parole aux enfants. Leur permettant de se livrer sur le véritable choc culturel qu'ils vivent, au gré des mois dans ce lycée.
Évidemment, en se propulsant ainsi, le film propose un univers rappelant celui de Fame. Mais si, souvenez-vous du film et de la série des années 80 sur un collège artistique américain. Un récit qui prend des atours parfois trop idylliques lorsqu'il est comparé au champ de bataille qu'est actuellement l'enseignement. Mais rien de grave : Allons enfants revient toujours à une réalité plus souhaitable qu'une directive de Blanquer. Celle d’un système scolaire qui aurait la possibilité, s'il s’en donnait les moyens, de ne plus oublier que tous les enfants sont ceux de la république.
Le documentaire s'ouvre sur un prof qui demande aux élèves de se rapprocher pour former un cercle. Plus tard, il les réunira de nouveau pour leur rappeler, mot pour mot, qu'au sein de cet établissement ils sont « chez eux » et peuvent revenir quand ils le veulent. Cette parole, et ce geste-là, valent bien plus que la marseillaise remixée en guise de générique de fin. Quand ils réaffirment pleinement la devise gravée au fronton des écoles pas mal encrassée par une paranoïa identitaire : “ liberté, égalité, fraternité ”.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 avril 2022
3:36
“Employé/Patron” de Manuel Nieto Zas, en Uruguay aussi, on s’essaie à franchir les barrières habituelles du cinéma social
Ici pas de salaud ni de victimes, mais le constat d'une étanchéité de classe toujours aussi impossible à transpercer. Même si Rodrigo, le propriétaire terrien, et Carlos, l'ouvrier agricole, ont le même âge et le même profil familial. Ils restent séparés par une hiérarchie sociale. Employé/Patron confirmant qu'en dépit des efforts d'écoute ou de rapprochement, rien n'autorise à sortir d'un lien entre dominant et dominé. Que le passage d'un monde vertical à celui horizontal ne se fera pas sans casse.
Zas l'explore par une mise en scène imposant des zones de distance, que ce soit par des blocs de séquences courtes. Mais aussi en érigeant les paysages, et la frontière entre l'Uruguay et le Brésil, comme autant d'obstacles. Qu'ils soient rivières ou forêts qu'il faut sans cesse franchir.
Et pourtant, Employé/Patron s'essaie, justement dès son titre, à tenter de réconcilier les camps. À rapprocher ceux qui se ressemblent mais restent séparés par des origines. On voit beaucoup de clôtures dans Employé/Patron. La symbolique d'enclos renvoyant chacun sur son territoire est limpide. Mais Zas a l'intelligence de vouloir en faire autre chose. Avec un scénario et une réalisation qui refusent de se laisser enfermer dans le balisage habituel du cinéma social. Jusqu'à annoncer, avec un final autour d'une course de chevaux, que même si ça ne se fera pas sans mal, il faut tenter de galoper vers un monde qui abolisse les barrières.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 avril 2022
2:46
"Freaks Out" de Gabriele Mainetti : un film de guerre et de superhéros culbutant
L'italien Gabriele Mainetti se rajoute à la liste avec Freaks out. Une variation sur ce genre qui fait la passerelle avec les films de superhéros en plongeant un quatuor de marginaux dotés de superpouvoirs dans la folie du programme hitlérien. Des Übermensch, cherchant à créer des surhommes au service du IIIe Reich. Pour autant, le royaume de Freaks out est une cour des miracles aussi délirante qu'attachante. Un loup-garou à la force colossale, un aimant humain, une femme électrique et un télépathe contrôlant les insectes, tous crapahutant dans l'Europe chaotique de 1942. Freaks out pourrait n'être qu'une version déviante des X-Men qu'il serait déjà réjouissant.
Mais Mainetti y ajoute une généreuse démesure qui le rapproche des univers d'un Paul Verhoeven ou d'un Guillermo Del Toro.
Dans cette manière d'exorciser les craintes qu'un cauchemar généralisé recommence par sens de l'excès. Et par le besoin de se rassurer en reconstituant les pires périodes comme une ogresque bouffonnerie. Sans oublier la possibilité de trouver refuge dans un imaginaire sans limites. Et donc forcément, une part d'équilibrisme casse-gueule pour un film qui mêle grand spectacle et Holocauste. Qui ose le trivial haut en couleurs pour aborder la page la plus sombre de l'histoire du XXe siècle. Freaks out regarde cette sale époque sous un angle épique. Mais toujours pour rappeler où se trouvent vraiment les plus atroces anomalies : la véritable monstruosité.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 avril 2022
3:00
“Le Grand Mouvement” de Kiro Russo : Quand les secousses du capitalisme déclenchent un film tellurique.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
31 mars 2022
7:10
“Retour à Reims” de Jean-Gabriel Périot : de l’individuel au collectif
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 mars 2022
10:07
“Plumes” d’Omar El Zohairy
“Plumes” s'en amuse mais en serrant les dents dans cette comédie aussi absurde qu'amère. Ce jusque dans une surprenante identité de cinéma qui tend les bras à l'humanisme contrarié d'un Kaurismaki ou d'un Dino Risi. Un cinéma intemporel quand rien ne dit où il se situe ni à quelle époque, le seul repère étant qu'on y parle arabe et que le réalisateur est égyptien. Plumes tient donc de la fable et de ses principes de récit universel. Mais alors comment réagit Omar El Zohairy quand, comme lors de sa présentation au festival de Cannes, il est énoncé que ce film-là parlerait avant tout de la société égyptienne ? Sa réponse (et d’autres) au micro de Nova.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 mars 2022
7:45
“Medusa” d’Anita Rocha Silvera
Anita Rocha Da Silvera y a vu l'expression d'une colère féminine contre les embrigadements de toute sorte pour la jeune génération de femmes actuelles. Dans le Brésil actuel, même avant l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro, cela passe par un retour au conservatisme religieux, virant au fanatisme. Et ce jusqu'au point de transformer des adeptes d'une église évangélique en gang de filles tabassant celles qui ne répondent pas à leur code de bonne moralité. Medusa y répond en osant le sacrilège, d'embardées visuelles invoquant le cinéma fantastique transgressif des années 70 (Argento, Carpenter...) à un mélange des genres, de préférences ceux se foutent des bonnes mœurs. Le tout au nom d'une croisade pour la reconquête de la liberté, celle de penser comme celle d'aimer. Face aux exactions d'une milice religieuse, Medusa tente de réveiller une société tétanisée jusqu'au coma mental. Avec un film sexy et provocant, cachant sous ses apparences pop et son goût pour l'abstraction formelle, un avertissement bien concret à toutes les obédiences qui souhaiteraient maintenir leur contrôle sur les corps et les âmes. Comme dirait l'autre, la peur a changé de camp. Avec Rocha Da Silveira, elle est maintenant du côté du cinéma.
En salles le 16 mars.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
18 mars 2022
10:36
“Ma Nuit” d’Antoinette Boulat : une immersion dans l’atmosphère de la jeunesse actuelle.
À travers la déambulation de Marion, jeune femme en gestation mais déjà en deuil, Ma nuit poursuit une forme de compagnonnage, cette fois-ci au chevet d'un âge et de ses inquiétudes.
Mais surtout pour tenter autant que possible de l'en libérer, d'apprendre à défaut de pouvoir s'en soulager, vivre avec. En retour d'un splendide film qui tient de l'expérience sensorielle, il était naturel de partager celle d'un travail singulier avec son auteur, pour éclairer sa remarquable Nuit.
En salles le 9 mars
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
10 mars 2022
9:08
“Ali & Ava” de Banar : à la croisée de la comédie romantique et du cinéma social
Il y aurait du Roméo et Juliette contemporain dans Ali & Ava ?
Il y a de ça dans cette confrontation des cultures, une romance qui tiendrait encore aujourd'hui du sacrilège. Pour autant Ali & Ava se détache du destin funeste des Capulet et Montaigu. Que cela soit par une volonté claire de ne pas aller jusqu'au tragique, ou simplement pour le principe de se pencher sur des vies et des drames ordinaires. D'aller voir comment Monsieur et Madame adressent la complexité des questions culturelles ou raciales. Dans “Ali & Ava”, le “&” fait toute la différence en exprimant autant la difficulté d'être soi dans un groupe défini, que ce qui finit par réunir deux solitudes. Barnard a ainsi l'intelligence de conjurer le fatalisme ou la noirceur qui pourraient prendre le dessus par des touches d'humour et de douceur. Si Ali et Ava ont chacun vécu des épreuves qui les marquent encore, pourquoi faudrait-il en rajouter ? Il sera aussi question de musique dans cette histoire. Loin d'être les perdreaux de l'année, ces deux-là deviendront tourtereaux en s'éduquant l'un et l'autre à leurs goûts en la matière. folk et country pour elle, electro-pop et punk pour lui. Barnard imprègne aussi son film de ce multiculturalisme-là, n'ayant pas peur d'enchaîner les scènes confites dans l'eau de rose et d’autres qui mettent les doigts dans la prise d'une énergie juvénile. Et sans que cela soit jamais contradictoire ou prenne des airs de douche écossaise.
En creusant des trouées lumineuses dans la grisaille d'un potentiel drame vers un inattendu et irrésistible feel-good-movie, Ali & Ava a tout de l'électrisant coup de foudre de spectateur qui illumine les salles obscures depuis le 2 mars.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
02 mars 2022
5:36
“Sous le ciel” de Koutaïssi
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
23 février 2022
3:36
Kinuyo Tanaka : une rétrospective autour d’une pionnière du cinéma japonais
Notamment celle japonaise, où des pans entiers restent à exhumer de ce côté de l'océan Pacifique. Par exemple, la carrière de Kinuyo Tanaka. Ici, on ne connaissait que son compagnonnage avec Mizoguchi pour qui cette actrice a tourné quinze films. Ce qui reste peu sur une filmographie qui en aura compté près de 250 et où s'alignent les plus grandes signatures, Mizoguchi donc, mais aussi Ozu ou Naruse.
Tanaka aura été comme un fil rouge dans l'histoire de la production japonaise. D'une forte présence dans son cinéma muet à sa participation au premier film parlant, mais aussi en étant une de ses stars féminines pendant l'âge d'or des années 50. Tanaka aura suivi les fluctuations de cette industrie, jusque dans sa prestation pendant la seconde guerre mondiale dans des films de propagande, sa transition entre grand écran et télévision puis un come-back fulgurant dans les années 70. Un parcours quasi patrimonial qui ne saurait pourtant résumer la trajectoire de celle qui fut l'équivalent japonais, dans son jeu comme ses rôles de femmes fortes et complexes, d'une Bette Davis ou d'une Greta Garbo.
Elle est même entrée officiellement dans l'histoire comme la seconde femme à passer derrière la caméra au Japon. Un choix forcément fort dans un milieu essentiellement masculin. Confirmation d'un caractère bien trempé pour une actrice qui avait défrayé la chronique à la fin des années 40 pour commettre le sacrilège de rompre son contrat avec un studio pour aller tenter une petite aventure hollywoodienne. Les six films qu'elle va réaliser entre 1953 et 1962 remettent les pendules à l'heure jusqu'à laisser se demander si Mizoguchi, un des mentors de Tanaka, ne lui devrait pas sa réputation de cinéaste féministe. Qu'ils s'essayent au néoréalisme ou à l'expressionnisme, naviguent admirablement entre mélo, drames historiques ou récits très contemporain, les films de Tanaka composent un exceptionnel portrait de la condition féminine. Jusqu'à se passer, après Lettres d'amour et La lune s'est levée, de scénaristes masculins.
Là où sa carrière d'actrice lui offrit généralement des rôles de femmes aux destins funestes, Tanaka réalisatrice les fait se redresser, les incite à ne plus courber l'échine. Y compris autour de sujets jugés impossibles dans ces années 50 comme le cancer du sein dans Maternité éternelle. Elle abolit même déjà le patriarcat dans La nuit des femmes, où des prostituées reforment société en allant vivre en communauté en bord de mer.
Au-delà même de ce discours de pionnière, l'intégrale qui sort cette semaine démontre aussi une impressionnante metteuse en scène, avec six films trop longtemps restée dans l'ombre, alors qu'ils sont à la hauteur des classiques mondialement reconnus où elle fut actrice. Étonnamment, elle ne tint jamais le rôle principal de ses propres réalisations, peut-être par écho du sentiment de sororité et de résistance qui émane de ce cycle, mais sa découverte, confirme à quel point devant ou derrière la caméra, Kinuyo Tanaka fut une héroïne.
La rétrospective Kinuyo Tanaka est à retrouver dans les salles obscures à partir du 16 février.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 février 2022
4:13
Douglas Trumbull : disparition d'un génie de l'ombre
Douglas qui ?
Bonne question. Elle est légitime et normale quand Trumbull fait partie de ces génies de l'ombre, des piliers invisibles qui ont contribué à faire devenir des films légendaires. Sans Douglas Trumbull, des classiques comme 2001, odyssée de l'espace, Blade Runner ou Rencontres du 3e type ne seraient jamais devenus les immortels classiques qu'ils sont. Trumbull y a révolutionné les effets spéciaux pour en faire une science.
À l'époque ou l'ordinateur et les images de synthèses n'avaient pas encore rendu illimitées l'imaginaire visuel, lui avait magnifié par l'art des transparences et des maquettes la part d'illusionnisme des films à grand spectacle. Avec Trumbull, un Kubrick, un Ridley Scott ou un Spielberg pour ne citer qu'eux pouvaient voir plus loin tout en restant crédibles, organiques. Mais Trumbull ce n'était pas qu'un exceptionnel technicien. Il y avait quelque chose chez lui de l'expérimentateur indépendant, du laborantin explorateur des possibles. Mais surtout d'un outsider de génie, sorte d'aventurier libertaire de la technologie. Notamment en inventant des formats révolutionnaires comme le Showscan, fabuleux procédé de projection hyper réaliste au point de devancer de trente ans l'Imax ou le dolby atmos, d'être une sorte de relief visuel et sonore sans lunettes. Ou en amenant dans Silent running, un des deux seuls films de fiction qu'il a réalisés, scénarisé par Michael Cimino, l'esprit du Nouvel Hollywood dans un huis clos intime de science-fiction teintée d'écologie.
Même quand la part visionnaire de ce Barnum extrayant de la poésie de ses expériences, s'est heurtée à une hiérarchie hollywoodienne qui n'a pas voulu de ses extraordinaires trouvailles, Trumbull ne s'est pas déparé de son côté professeur Tournesol/Géo Trouvetou mettant en pratique dans son studio laboratoire au fin fond d'un bois du Massachussets, d'incroyables prototypes. Ces dernières années, il était réapparu en fabriquant pour Terence Malick les stupéfiantes séquences de genèse du monde dans Tree of life, à partir d'images scientifiques et d'abstractions, mais il planchait surtout sur un concept qui aurait pu être une nouvelle révolution copernicienne du cinéma, des salles mobiles ou auraient été projetés des films dans un nouveau format, le Magi, encore plus immersif que James Cameron n'y arrivera jamais pour les prochains Avatar. Quelque chose qui aurait tenu du futur dans l'expérience de spectateur et d'un retour aux sources en revenant au principe d'attractions foraines du tout début du 7ᵉ art. Avec la disparition de Trumbull, il y a effectivement de la magie du cinéma qui se perd.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 février 2022
4:05
La nouvelle chronologie des médias
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
27 janvier 2022
4:32
"Municipales", "Les promesses" : et si on parlait enfin politique ?
D'abord d'une manière surprenante dans Municipale où Thomas Paulot envoie un véritable comédien dans une petite ville des Ardennes pour s'y présenter candidat à la mairie, tout en indiquant aux habitants que s'il vient construire un vrai programme, il n'y aura pas de mandat puisqu'il n'est qu'un acteur et non un politicien. Sauf que les habitants commencent à vraiment se prendre au jeu. Municipale interroge du coup formidablement ce qu'est devenu la politique politicienne aujourd'hui entre coups de communication et projets fantoches.
Dans les salles d'à côté, il y a Les promesses, film qui s'assume pleinement comme une fiction, mais particulièrement en phase avec le réel. Isabelle Huppert et Reda Kateb y forment un inattendu duo de maire et directeur de cabinet dans une ville du 9.3. Elle s'apprête à passer la main et ne pas rempiler avant d'y retourner, meurtrie de ne pas avoir récupéré le poste de ministre qui lui était promis. On passera sur des péripéties autour d'un marchand de sommeil qui entretiennent la flamme du scénario pour s'attarder sur les braises qui chauffent Les Promesses : montrer l'action politique dans ce qu'elle a de concret, ne pas être tant dans les coulisses du pouvoir que dans la confrontation entre les ambitions personnelles et celles de réellement faire bouger les lignes, le flou entre l'ego et le légal, les limites de l'éthique et le toc d'une parole qui ne vaut plus grand-chose.
Pour autant Municipale comme Les promesses ne sont pas là pour entériner le refrain du tous pourris. Plutôt de profiter de la force des faux-semblants du cinéma pour aller toucher une autre vérité, celle des territoires et des populations aux pieds ancrés dans le concret face au hors-sol des candidats. Sans avoir à tracter pour un parti ou un autre, ces deux films ravivent avec des nuances qui ont été englouties par les communicants, les petites phrases et les polémiques sans intérêt, les attentes des citoyens envers la classe politique. Mine de rien, ce double porte-voix d'une classe prolétaire, ouvre enfin de vrais débats, bien plus exigeants que les gesticulations médiatiques des authentiques candidats plus proches désormais d'influenceurs YouTube que de votes. On en a encore entendu il y a peu certains, faire leur cinéma en citant Bac Nord en appui de leur programme sécuritaire. Pour éviter de se prendre en pleine poire la très possible déflagration de l'abstention en avril prochain, ceux-là, comme les autres, seraient plus avisés d'aller voir Muncipale et Les promesses, films aussi remontés que lucides, pour avoir un réel instantané de ce qui est en train de se jouer.
Municipale / Les Promesses. En salles le 26 janvier.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 janvier 2022
4:08
"La maison" : Netflix ouvre les portes de son nouvel étage
Il y a d'abord Amazon prime qui s'est emparé du quatrième volet d'Hotel Transylvania, mis en ligne depuis la fin de la semaine dernière, la très sympathique licence transformant les grands monstres classiques, de Dracula à Frankenstein en poilante colonie de vacances étant désormais privée de sortie en salles française. Puis Disney qui vient de décider qu'après Soul et Luca, Alerte rouge le prochain Pixar n'y sortirait finalement pas, pour servir d'appâts à nouveaux abonnés pour Disney +, confinant ainsi la société qui avait, depuis Toy Story, créé un nouvel âge d'or du cinéma d'animation en fournisseur de direct to video. Face à ses tractations qui tiennent avant tout de la stratégie mercantile, on en viendrait presque à penser que Netflix joue une carte plus philanthrope avec la mise en ligne, elle aussi en fin de semaine dernière, de La maison. Cela, dit il n'est pas anodin que dans ce film à sketches, il soit beaucoup question de ravalement et de reconstruction.
À vrai dire, il n'est pas une découverte que Netflix se jette dans un gros chantier autour du cinéma animation. Non seulement elle a ouvert un label, Netflixanimation, qui produit en interne des films plutôt réussis, comme La famille Willoughby, mais elle a aussi racheté des films consolidant leur cible jeune public, comme Les Mitchell contre les machines. Mais La maison marque peut-être une étape supplémentaire en s'aventurant sur un terrain plus complexe.
Ce film omnibus s'écarte du jeune public, par une tonalité plus sombre, ou une animation moins lisse. En l'occurence en ayant commandé à quatre réalisateurs européens, cador de la stop motion (autrement dit l'animation de figurines et marionnettes) un triptyque aux airs gothiques, que ce soit celle d'une famille embarquée dans un pacte diabolique avec un mystérieux architecte, un rat aux prises avec toute sorte de vermine ou une chatte qui ne sait pas comment se débarrasser de locataires qui ne paient plus leur loyer.
Une combinaison qui envoie le Wes Anderson de Fantastic Mr Fox ou des personnages à la Aardman, les créateurs de Wallace & Gromit dans les labyrinthes anxiogènes d'un Polanski voire d'un Lynch. Sans compter des invocations des univers de Michel Gondry ou Tim Burton. Le tout, manquant peut-être un peu de lien entre les segments – hormis leur décor commun de la maison du titre – rien ne les rattache totalement, mais absolument pas de cohésion dans l'aspect cauchemardesque ou névrotique. Et encore moins dans l'absolue perfection de l'animation. Ainsi les poupées de tissus du premier segment peuvent devenir de chagrin, ou la mélancolie du dernier se refléter dans les billes qui servent d'yeux à son personnage principal. Rien ne dit pour le moment si cette embardée vers une zone intermédiaire du cinéma d'animation entre fable grinçante pour ados et appel du pied vers un public plus adulte, la Maison Netflix s'est offerte un imposant étage supplémentaire.
La Maison. Depuis le 14 janvier sur Netflix.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 janvier 2022
4:20
Dušan Makavejev, cinéaste charnel
La réapparition de ses trois premiers long-métrages qui font rejaillir la sève d'un cinéaste bien plus provocant que ce qu'on pensait. L'homme n'est pas un oiseau, Une affaire de cœur et Innocence sans protection, culbute les principes usuels de narration. Ici on fait se chevaucher images documentaires et romance en milieu ouvrier, on zèbre de couleur les bobines du premier film parlant serbe, on perturbe un mélo avec des vrais-faux exposés de sexologue ou de médecin légiste. Trois déflagrations avant-gardistes avec lesquels Makavejev s' auto-intronisait enfant naturel de l'insolence d'un Jean Vigo et du surréalisme à la Bunuel, mais surtout s'imposait dynamiteur des règles à la manière d'un anarchiste théorisant la lutte des classes avec un mordant sens de la dérision ou celui d'une énormité rabelaisienne. Le tout traversé par une quasi-schizophrénie, quand qu'il s'agisse de raconter les amours fugitives d'un ingénieur et d'une coiffeuse, d'une employée des PTT et d'un dératiseur ou de retrouver un Mr Muscle vilipendé par le régime nazi, ce cinéma alterne pulsions de vie et de mort, l'obscène et la pureté. Le plus sidérant, au-delà de la découverte de ces trois films quasi-invisibles depuis leur sortie, reste la puissance formelle de leur avant-garde libertaire, l'audace encore intacte d'un triptyque resté bouillonnant. À la hauteur d'un cinéaste qui décrivait dans des interviews, la Yougoslavie comme un pays de Brigands, de pirates, d'hérétiques et de rebelles. Soit tout ce qui peut faire un cinéma vibrant, vivant, libre donc.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 janvier 2022
4:01
"Neige" de Juliet Berto : le retour d’une comète des années 80
Du vrai cinéma de quartier donc ?
D'autant plus quand Neige est un film très resserré autour de sa chronique de village urbain, qui réinjectait dans ses veines l'envie, justement, de la Nouvelle Vague de faire entrer la vie dans le cinéma. Berto et Roger avaient même l'habitude de dire que ce film s'était fait sous leurs fenêtres, celle d'une rue du 18e arrondissement côté Goutte d'or, cadre qui a donc fait office de naturalisme. La fiction autour du quotidien et de ses petits trafics s'y adapte, d'une poursuite dans un magasin Tati à un flinguage sous les néons d'une fête foraine. Neige est un film qui prône donc le mélange, entre patronnage d'acteurs d'avant comme Eddie Constantine ou Raymond Bussières et nouvelles trognes d'alors, celles de Jean-François Balmer, Jean-François Stévenin ou même Bernard Lavilliers dans une apparition furtive, voire Berto valsant entre devant et derrière la caméra.
Quarante ans après sa sortie initiale, Neige a forcément un goût de cinéma disparu, un peu unique – Deux ans plus tard, Cap Canaille, le second et avant-dernier film de Berto, se délocalisait à Marseille, mais avait déjà perdu de ce regard à la fois franc, sans aucun second degré, essayant de capter ce qui subsistait encore de lumière et de chaleur dans ces années 80 qui ne tenaient déjà plus leurs promesses sociales. Vu d'aujourd'hui, Neige sidère au minimum par son refus du misérabilisme (oui, il est donc question de came, mais on n'en verra jamais un gramme à l'écran) mais surtout par cette capacité à être accro à l'urgence de vivre ; du vrai cinéma immersif qui continue à baigner dans un jus qui manque à la production française actuelle. Tout comme Berto et Roger, morts et enterrés depuis longtemps. Neige est aujourd'hui déterré d'années d'invisibilité en salle, mais toujours aussi immaculé.
Reprise en salles, le 5 janvier
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 janvier 2022
3:42
"Lamb" : 100% pure laine islandaise
Entretien avec Valdimar Jóhannsson, réalisateur du film.
En salles le 29 décembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
29 décembre 2021
7:24
“White Building” : La gentrification, c’est aussi un chantier de cinéma
C'est encore plus le cas pour le cinéma asiatique qui s'est pleinement emparé de la question, de la Chine à Taïwan ou au Cambodge avec White Building. Le premier film de fiction de Kevich Neang s'attache à cet authentique bâtiment de Phnom Penh, qui a abrité l'histoire du pays depuis les années 60 : résidence pour fonctionnaires d'état sous Sihanouk, réquisitionnée par les Khmers Rouge, équivalent local des HLM, puis objet de spéculation immobilière avant sa destruction en 2017. Neang, qui y a grandi avant que l'appartement familial soit évacué avant que l'immeuble ne soit rasé, accompagne dans ses couloirs un trio de potes vingtenaires qui rêvent de prendre leur envol.
Du coup, White Building, ça parle de destruction ou de construction ?
Un peu des deux, et ce dès l'introduction : sidérant plan au drone de ce bâtiment en décrépitude, mais on devine bientôt à quel point il regorge encore de vies. Ou dans le principe de suivre en parallèle, les espoirs cette bande et les négociations avant démolition de l'immeuble.
White Building navigue entre les deux comme à travers une double géographie, architecturale et humaine. Mais aussi à travers les cinémas, ce film flirtant avec celui de Jia Zhang Ke (Still life, Au delà des montagnes...), l'un des meilleurs observateurs de la société chinoise dont il prolonge l'immersion documentaire, auquel Neang ajoute la part rêveuse d'un Apitchapong Weerasethakul (Uncle Boonmee, Tropical malady...) lors de déambulations hypnotiques.
Car le temps est un acteur à part entière de White Building, qui tente de freiner par son récit narcotique la rapidité avec laquelle, non pas un bâtiment, mais une génération, voire la métropole cambodgienne se transforme. L'atmosphère contemplative devenant du coup une inattendue forme de militantisme, une décélération luttant comme elle le peut contre une accélération économique.
Aujourd'hui, on ne sait pas encore vraiment ce qui va se dresser à la place du White Building, les derniers échos parlent d'un casino d'une vingtaine d'étages construit par une compagnie chinoise. Avec ce film-là, Neang a pris de l'avance sur un beau chantier, renforçant les fondations d'un cinéma qui se préoccuperait de la cohabitation entre l'écosystème du capitalisme galopant et celui à échelle humaine.
Sortie le 22 décembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 décembre 2021
4:56
Ham on Rye : l’adolescence dans sa bulle
L'entre-deux, c'est justement ce qui pourrait définir aussi Ham on Rye. Et encore qu'il faudrait élargir les choses, quand le film de Tyler Taormina multiplie les pistes et les humeurs. Ce qui n'est en fait pas plus mal pour tenter d'incarner la multiplicité de l'adolescence. Tout en s'attachant à essayer d'incarner une de ses données essentielles : cette drôle de sensation entre suspension du temps et ennui consenti qu'est la contemplation.
Et même là, Ham on Rye se dédouble en organisant la journée si particulière pour la jeunesse américaine qu'est le bal de fin d'année scolaire. La déambulation de plusieurs groupes de filles et de garçons se fait à la fois rêveuse et studieuse, s'imprégnant autant qu'il observe avec précision les rites de passage ou les tics de langage générationnels.
Taormina ne chôme pas pour autant quand il organise une sorte de synthèse de tout le cinéma américain sur l'adolescence depuis les années 80, ressuscitant ici le bucolique banlieusard du Outsiders de Francis Ford Coppola tout en tamisant la même lumière ethérée du Virgin Suicides de sa fille. Sans oublier de convoquer à sa boum la précision sociale d'un John Hughes (Breakfast club, La folle journée de Ferris Bueller...) ou d'un Richard Linklater (Slackers, Génération rebelle...).
Le tout dans une part brumeuse parfois anxiogène proche d'un David Lynch qui remettrait les pieds à la fois dans Blue Velvet et Twin Peaks. Ça fait du monde, mais après tout quoi de plus normal si l'on considère que l'adolescence, c'est aussi le moment où l'on vit en bande. Taormina ne se laissant pas dominer par ses influences, Ham on rye trouve sa propre identité dans l'espèce d'apesanteur qui s'en dégage, le film étant définitivement conscient de la volatilité de l'âge qu'il explore. Il se consacre du coup à son expérience en essayant de traduire physiquement l'écoulement du temps, de moments uniques et furtifs que sont les premières fois, mais que le souvenir ne rendra jamais éphémère.
Ham on rye confirme à quel point ils sont précieux, y compris lorsqu'un des ados au sortir de cette journée singulière demandera à la cantonnade si tout ça n'était pas qu'un rêve, si tout le monde n'était pas en fait endormi. Aucun des autres protagonistes ne lui répondra, trop attaché comme le film à faire subsister encore un peu une certaine magie, rester encore un peu dans le cérémonial cotonneux d'une adolescence collective, qui a ici des airs d'entre-monde envoûtant. Ham on Rye en fait une bulle, fragile, gracieuse, mais qui n'ignore jamais qu'elle finira par éclater.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
08 décembre 2021
3:39
SOS Fantômes, L'Héritage : La nostalgie n’est plus ce qu’elle était
Certes, il y avait bien le côté rigolo d'un bonhomme chamallow géant ou d'un ectoplasme vert bouffeur de saucisses. Mais pour le reste, Ghostbusters allait plutôt à rebours d'un mouvement de fond du cinéma familial hollywoodien, qui grâce aux productions Amblin, la société de Steven Spielberg, essayait des Goonies à Roger Rabbit, L'aventure intérieure ou Gremlins de le faire un peu dérailler. Là où Ghostbusters faisait marche arrière en ressuscitant sous couvert de film fantastique, les comédies romantiques des années 40, forcément inintéressantes pour un ado des années 80.
Alors, pourquoi s'emballer pour SOS Fantômes : l'héritage ? Peut-être parce qu'entre temps, un véritable fantôme s'est emparé de la culture pop américaine, justement la nostalgie du cinéma façon Amblin, un peu potache, un peu transgressif jamais lisse.
Ou parce que cette réinvention de Ghostbusters prend finalement à rebours son matériau originel. Par exemple en déplaçant la chasse aux spectres de New York à un coin perdu de l'Oklahoma et du coup se débarrassant d'une pose un peu frimeuse. Mais surtout parce qu'il ramène cet univers de film d'aventure à sa bonne échelle : le film de 1984 reposait essentiellement sur des adultes qui voulaient continuer à jouer comme des enfants, celui d'aujourd'hui suit des enfants qui se retrouvent avec une mission d'adultes en devant sauver le monde.
Il n'est pas anodin non plus que ce soit Jason Reitman, fils d'Ivan, le réalisateur du premiers Ghostbusters qui se retrouve derrière la caméra. SOS fantômes : l'héritage ne se contente pas de remplir un cahier des charges, mais bien de raconter comment, si le monde continue de tourner génération après génération, celle d'aujourd'hui n'arrive pas à se trouver de modèle contemporain.
Même s'il est très divertissant quand il joue la carte de l'action, SOS Fantômes : l'héritage n'est jamais aussi bon que quand il n'essaie pas de relancer une franchise, mais justement de remiser autant que se peut ses propres fantômes au placard pour un regard plus intime, moins désinvolte, sur une famille américaine paumée loin de ses repères habituels, qui doit solder les comptes d'un abandon paternel.
Reitman Jr. a beau multiplier les citations du film de son père, jusqu'à quasiment en faire le remake dans sa dernière partie, ce n'est pas tant la nostalgie des années 80 qui met ici la larme à l'œil que de voir un fils qui accepte la transmission de flambeau tout en revendiquant à la fois son indépendance et la part d'enfance qui subsiste en lui.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 décembre 2021
3:48
“Soul Kids” : rythm’n’blues et politique
Memphis, c'est aussi un des berceaux du blues. Peut-être bien parce que c'est historiquement une des villes américaines les plus pauvres. Elle a pourtant enrichi dans les années 60, la musique mondiale en devenant le creuset de la soul, entre autres avec la création de Stax, label qui règnera en maître sur le Rythm'n'blues alignant tube éternel sur tube éternel. L'histoire de Stax s'est arrêtée en 1989, quand ces studios furent rasés. Elle renaît en 2000 avec l'installation au même endroit d'une école de musique qui donne des cours gratuits aux adolescents.
À la Stax Music Academy on apprend bien plus que la musique. Si Soul Kids swingue sur les morceaux d'Otis Redding, Sam & Dav, Issac Hayes et bien d'autres, réinterprétés par des gamins, le documentaire d'Hugo Sobelman fait entendre une voix plus profonde, celle d'un enseignement civique à l'heure de l'Amérique post-Trump. Dans cette école pas comme les autres, on élabore la construction personnelle des élèves en leur proposant de s'affirmer en dehors d'une stigmatisation de la classe pauvre ou noire. En s'extrayant d'un formatage social. Mais aussi à quel point ils s'inscrivent dans une histoire, quand les paroles des chansons d'hier, chantées par des mômes d'aujourd'hui portent le même discours, les mêmes complaintes.
Soul Kids se refuse pour autant à prendre le pli de la colère. Il s'essaie à une alternative militante qu'on aurait presque oubliée dans une époque ou seuls ceux qui éructent se font entendre : la possibilité d'un débat argumenté, pondéré, voire parfois teinté d'autocritique.
Soul kids donne des fourmis dans les pieds à chaque séquence musicale, mais fait surtout danser les neurones dans celles d'échanges entre professeurs et élèves, partageant leur expérience du vécu où le souvenir de figures historiques d'un combat pour les droits civiques qui n'a en fait jamais cessé.
À l'heure où la musique qui se fait le plus entendre chez nous est celle d'une offre politique particulièrement médiocre, qui a accordé ses violons autour d'une pensée aussi réductrice que nauséabonde, assurant que le plus grand dénominateur commun est la division ; une scène, parmi d'autres, de Soul Kids ou des enseignants apprennent à des mômes qu'ils ont de la valeur et la nécessité d'une écoute commune pacifiée, devient essentielle. Tout comme ce documentaire refaisant les gammes d'une pédagogie collective plus que jamais nécéssaire pour réinvestir pleinement la lutte des classes. Celle qui se joue donc ici dès l'école.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 novembre 2021
3:34
“Les Magnétiques” : so 80s
C'était comment, le début des années 80 ? Pas forcément aussi bien que la patine du temps à inscrit les années Mitterrand dans l'histoire. Avoir dix-huit ou vingt ans dans un petit bled de province, à cette époque, c'était souvent synonyme d'ennui, entre la liberté limitée à un tour en mobylette et la menace du service militaire. Mais surtout la crainte de passer à côté de quelque chose qui était en train de se passer, un changement d'époque.
L'écho s'en faisait par la bande-son du monde extérieur, principalement anglaise. Une transition entre la fin des années punk et le début de celles cold wave. Avoir vingt ans au début des années 80, c'est se rendre compte que l'euphorie de Mai 68 est déjà sous tranquillisant, sentir que Mai 81 était en fait une arnaque, qu'après son vent de liberté, la camisole de la rigueur s'annonçait déjà.
Les Magnétiques témoigne remarquablement de cette charnière. Le film de Vincent Maël Cardona s'attache à Philippe, jeune homme qui vit et attend dans cette France rurale où il ne se passe rien, que justement il se passe quelque chose. Pour son père garagiste, c'est déjà trop tard, son frère aîné, lui a encore un tigre dans le moteur, mais commence à s'enrouer.
La soif de vie de Philippe, elle, rugit dans le micro d'une radio pirate bricolée dans la grange familiale. À l'époque, on parle de radios libres, elles ne le seront plus longtemps, bientôt dévorées par des nécessités industrielles ou commerciale. Les Magnétiques se glisse dans cette parenthèse plus désenchantée qu'on le croit. Cardona rétablit cette vérité avec un film qui rend la parole à la jeunesse d'alors, celle qui espérait qu'il y avait encore quelque chose à faire de sa vie.
Un vrai film “No future” ?
C'est ce qui en fait la splendeur d'un film qui constate que ces années 80 ont été la matrice d'un aujourd'hui socialement et politiquement bouché. Tout était déjà là, des inquiétudes écologiques aux statistiques d'un chômage de masse en passant par une pensée libérale déjà à l'œuvre.
Mais Les Magnétiques réincarne justement le véritable esprit No future en tombant pas dans la caricature du nihilisme, mais se refusant à une nostalgie, en insistant sur le principe de vivre tant que possible l'instant présent, de rester en colère contre les carcans. Ça peut être en montant le son, que ce soit celui d'une BO, impeccable compile d'époque alignant entre autres les danses métalliques de Joy Division et Front 242, mais aussi le lyrisme d'une variété symphonique avec le fameux Premier pas de Claude Michel Schönberg ou avec les extraordinaires séquences autour des créations sonores de Philippe.
Avec elles, Les Magnétiques ravive le langage pulsionnel, l'imaginaire ultra-créatif de cette génération, mais plus encore le feu intérieur qui anime ce jeune homme en apprentissage de la vie. Ses lueurs sont bien plus qu'une capsule temporelle, quand elles appellent à rallumer cette flamme dans l'époque actuelle, à l'image d'un des morceaux de la BO, le “Teenage Kicks” des Undertones, qui comme ce film conjugue aussi parfaitement qu'éternellement rage et mélancolie.
En salles le 17 novembre.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
17 novembre 2021
3:29
« Une vie démente » : plus belge la vie
Pas vraiment le sujet qui prête à rire, ou plutôt justement si. L'approche de ce couple de réalisateurs, basée sur leur propre expérience, est d'intégrer autant les moments difficiles que ceux heureux dans une telle situation. Une vie démente, se mettant au chevet non pas d'une malade et de ses proches, mais de leur quotidien quand il bascule parfois vers l'absurde. Pas question d'occulter les doutes ou les craintes, mais encore moins - et c'est la vraie rareté de ce film - de trouver un mode d'emploi quand l'extraordinaire devient ordinaire, de comprendre comment la vie peut malgré tout continuer
Alléger la pesanteur usuelle d'un tel sujet n'empêche pas de faire du cinéma, et du vrai, par de pures idées de mise en scène, d'un motif floral qui va peut à peu contaminer l'écran, comme l'Alzheimer colonise le cerveau de Suzanne ou des situations sociales lambda, comme un entretien avec un banquier ou un médecin reconstituées à minima, autour d'une table de cuisine.
C'est justement cela que demande Une vie démente, qu'on puisse s'asseoir et causer librement, normalement des choses, sans fard, mais sans y ajouter de pathos. Il y a quelque chose dans cette démarche, d'un cinéma de Maurice Pialat dans une version adoucie ou des photos de Martin Parr par la distance qui rend plus supportable la réalité.
Pour accompagner un esprit qui dérive peu à peu, Sirot et Balboni prennent le parti d'être philosophes, Une vie démente ne voyant pas quelqu'un qui perd la boule, mais la vie comme une pierre qui roule quel que soit le terrain accidenté.
En salles le mercredi 10 novembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
10 novembre 2021
2:44
"A Good Man" : Le parcours d’un homme trans pour porter un enfant
Mine de rien, c'est une autre forme de progressisme et de reconnaissance qui est ici en jeu. Le sens habituel de la pédagogie bienveillante de la réalisatrice (Les héritiers, Le ciel attendra ou la coécriture du scénario de La première étoile) est un bon atout pour ça.
Bien sûr, le choix d'une femme pour interpréter Benjamin reste questionnable, mais ce serait faire un mauvais procès d'intention à Schaar d'aller sur ce terrain-là. Au minimum parce que c'est Noémie Merlant, actrice à qui on peut accorder le crédit, via des films – Curiosa, Jumbo, Portrait d'une jeune fille en feu ou tout récemment Les olympiades- de rôles réfléchissant littéralement corps et âme à la recomposition du sentiment amoureux qui endosse ce rôle particulièrement casse-gueule.
Mais aussi parce qu'en pliant aux codes d'un cinéma romantique une identité sexuelle loin des cases traditionnelles, A good man vise à aller au-delà des normes sociales, avec la volonté d'intégrer les personnes transgenres à des problématiques très communes, du désir d'enfant à la difficulté de faire perdurer un couple. Ou, en l'occurrence, vouloir dépassionner un débat délicat en se focalisant sur une passion amoureuse entre deux êtres, quoiqu'ils aient dans le ventre.
En salles le 10 novembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 novembre 2021
8:58
“Burning Casablanca” : chouffe Marcel !
À Casablanca, on appelle les bastons de rue le “Zanka contact”. C'est de l'argot marocain, mais ça sonne aussi vachement bien en français, “Zanka contact”, ça swingue, ça percute à l'oreille. La magie de la traduction des titres de films en français fait que celui du film d'Ismaël Iraki est devenu chez nous Burning Casablanca. C'est pas mal non plus, ça sonne à la fois comme une annonce de série B ou comme un album de punk-rock des 70's, quelque chose d'énergique, d'électrique en tout cas.
Ça se confirme dès une première séquence rentre dedans. Ce dans tous les sens du terme quand le taxi de Raja, prostituée, s'encastre dans celui de Larsen Snake, rockstar aussi déchue que junkie. Une rencontre qui vire au coup de foudre entre ces deux écorchés à grande gueule. Les coups de latte qui les menacent viendront d'un client de Rajae, issu de la bourgeoisie, mécontent de ses services qui voudrait que son mac la corrige.
À partir de là, Burning Casablanca met le feu a à peu près tout ce qui est à sa portée, enfournant dans son moteur autant un scénario saute-mouton à la Tarantino que l'esprit d'un David Lynch période Sailor et Lula, tout est combustible dans cette romance sauvage et épicée.
Dans les festivals où le film est passé, il a même souvent hérité de l'étiquette inédite de “western tajine”. Ça se tient quand Burning Casablanca revendique aussi dans son décidément furieux melting-pot d'aller aussi piocher chez les westerns spaghettis, pas forcément ceux de Sergio Leone, plutôt ceux un peu plus râpeux, à base de traumas carabinés.
C'est d'ailleurs de là que vient la véritable énergie du film, ce principe de base pour Rajae et Larsen de s'arracher à leur sort, de toujours partir en live, Burning Casablanca les y encourageant en étant filmé avec l'urgence d'une performance permanente, parfois excessive jusqu'à devenir un sacré souk, mais particulièrement généreux.
Même quand il se perd un peu à force de changer les rues de son foisonnant bled de cinéma, il y a quelque chose d'une mèche allumée avec ce premier long métrage incandescent, au minimum pour la double bombe d'acteurs que sont Khansa Batma et Ahmed Ahmoud, aussi magnétique que sensuel tandem d'amants chauffés à blanc.
En salles mercredi 3 novembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
03 novembre 2021
3:07
« Las niñas » : adolescence à l’espagnole
Fait incontestable : l'adolescence et le cinéma ont toujours fait bon ménage, que ce soit par des pans entiers de films sur cet âge pas si tendre ou par une production pléthorique lui étant directement adressée. Reste qu'il ne suffit pas de faire un film sur des ados pour savoir capter toute la complexité de cette période formatrice, ou ne pas sombrer dans certains clichés.
Ce n'est pas le cas de Las niñas. Peut-être parce que cette chronique d'une bande de gamines a Saragosse au début des années 90 explore aussi un pays lui-même alors en pleine phase de transformations profonde. Le premier film de Pilar Palomero a un évident goût de vécu, piochant très probablement dans les souvenirs de la réalisatrice mais surtout celui d'une Espagne, qui comme son personnage principal etait traversée par des envie de libération, d'émancipation.
Quelque part c'est une adolescence plus globale, d'un pays, délivré du franquisme depuis une petite poignée d'années, mais qui ne s'était pas encore débarrassé de certains réflexes, n'avait pas tout à fait acquis le mode d'emploi du progressisme qui est au centre de Las niñas.
Palomero a la justesse d'entremêler l'intime de Celia, élève trop sage d'une école catho bousculée par l'arrivée d'une nouvelle copine bien plus effrontée et donc une vision sociale en coupe, pour raconter ce mélange d'euphorie et de trouilles de pousser certaines portes, de pouvoir enfin jouer avec les interdits. Mais aussi comment il était nécéssaire de rompre une chrysalide purement espagnole, découvrant la démocratie mais encore sous l'égide d'une Église encore très prépondérante.
Las niñas ne se concentre pas pour autant sur une génération de filles tout juste pubères, cloitrées sous l'uniforme jupes plissées et socquettes. Ça a beau être un film se déroulant dans les années 90, il observe aussi le monde de 2020, ce moment où les libertés et droits des femmes sont remis en question. Filmer avec un incroyable naturel des gamines d'aujourd'hui jouer celles d'hier, dans des gestes de découverte, des premières fois, que ce soit fumer une clope en douce ou avoir un gros crush amoureux fait ce lien. S'attarder sur l'éducation par des mères naturelles et celles religieuses aussi, par cette demande aux spectateurs d'aujourd'hui de ne pas oublier que les injonctions sociales d'hier n'ont pas forcément autant bougé qu'on le pense aujourd'hui. À sa manière, Las niñas fait une prière, celle de continuer à veiller à l'émancipation , des petites comme des grandes filles.
En salles le 27 octobre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
28 octobre 2021
2:48
"Pig" : Dans le cochon tout est bon
Faut pas emmerder Nicolas Cage. Toute une tripotée de films où l'acteur pète un câble en attestent. Avec le souci de performances exubérantes voire excentriques devenues une marque de fabrique ayant mené les films en question directement sur les rayons des plateformes SVOD ou du direct to video. À priori un pitch à la John Wick (un chef cuisinier devenu ermite décide d'aller péter la gueule aux malotrus qui ont kidnappé sa truie truffière) laissait entendre que Pig rejoindrait cette cohorte. À grand tort.
Le premier long métrage de Michael Sarnoski baisse le ton, ramène Cage du maximalisme exacerbé à un minimalisme pour rappeler à quel point il peut être un acteur phénoménal. Plus fort encore, Pig met à jour quelque chose que l'on n'avait pas forcément vu, un fil rouge ténu entre les derniers opus furibards de Cage, qui raconte autre chose que des écarts de conduite furibards. Quelque chose de bien plus intérieur, lié à des personnages tous dévastés par l'idée de perte d'un être proche ou aimé. Une part doloriste qui prend sa place dans Pig, œuvre tout en intériorité à la limite de la leçon de philosophie bouddhiste autour d'un type meurtri par la civilisation humaine au point de s'en être retiré, mais qui n'a pas d'autre choix que de renouer avec elle. Un chemin de croix auquel se plie un Cage d'autant plus sidérant de retenue que ses récents états de service avaient occulté cette capacité.
Pig peut dès lors aborder l'idée d'une violence du monde autrement, en distribuant des bourre-pifs envers l'industrie de la cuisine étoilée via une grinçante satire, autre très bonne surprise d'un film inattendu dans tous les sens du terme.
En salles le 27 octobre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
27 octobre 2021
2:56
Pop Corn : "Les Héroïques" de Maxime Roy
Michel n'a en fait jamais vraiment grandi. C'est d'ailleurs ce que lui reprochent ses proches, de son fils ado à sa femme, avec qui il a récemment eu un bébé. Jusqu'à ce que ça craque, qu'elle décide de s'en séparer. Où que son daron renoue avec lui, alors qu'il crève à petit feu d'une sale maladie.
Alors Michel se retrouve coincé entre ses responsabilités de père et de fils, entre ses pulsions de vie et d'autodestruction. Les Héroïques n'a pas besoin d'en raconter beaucoup plus, puisque Michel est un concentré d'histoires à lui tout seul. Michel ou plutôt François Creton, acteur de sa propre vie.
Les héroïques n'est pas qu'une fiction, le film de Maxime Roy piochant énormément dans le parcours de Creton tout en fracas social. Il apporte bien plus qu'un visage et un physique ou une vérité à ce récit de la France des ultra-précaires. En touchant grâce à lui au près, au plus juste, un vécu, mais sans en occulter les zones d'ombres, Les héroïques touchent à une honnêteté loin d'être courante dans le cinéma français naturalisto-sociologique. Oui, il est question ici d'une reconstruction, mais avant tout de son processus et de la difficulté de l'accepter. Sans pour non plus sombrer dans le misérabilisme, Creton et Roy s'autorisant parfois à ridiculiser ce perpétuel immature comme à respecter les résurgences de son envie de ne pas rentrer dans le rang.
Forcément ce cinéma-là fera penser à une descendance de celui, solidaire, d'un Robert Guédiguian, renforcée par la présence d'Ariane Ascaride, avec le bonus de ne jamais s'affranchir de la complexité du réel, en filmant ses hauts et ses bas, sans angélisme ni jugement.
En salles le mercredi 20 octobre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 octobre 2021
4:30
"Pleasure" : le porno, cet autre monde du travail
Pleasure achève l'imagerie du porno chic en s'immergeant dans les coulisses de cette industrie actuelle, régie depuis que ce registre est devenu essentiellement visible sur le Net, par la nécéssité commerciale d'un toujours plus. Thyberg se refuse pour autant à faire le procès de ce milieu en le présentant avant tout comme un univers de travail, avec des codes particuliers, mais en filigrane les mêmes dérives dans les rapports de pouvoir, de soumission, d'égalité hommes-femmes que dans la plupart des environnements professionnels. Le regard posé est clinique, cru et cul. Mais c'est la franchise de ce qui tient d'une rigoureuse étude sociologique, voire anthropologique qui surprend, Pleasure ne parlant finalement pas tant du porno tel qu'il se fait aujourd'hui, que de sa part de reflet de l'époque contemporaine.
Une fois rhabillée d'un nom de scène, Linnéa devenue Bella Cherry, se fait esquisse d'un portrait d'une génération décomplexée que ce soit dans son rapport à la sexualité, à la célébrité, l'argent comme à l'incarnation de soi par l'image. Le monde moderne selon Thyberg est fait de contrats, de relations factices, d'une hiérarchie économique reposant sur l'exploitation, dont les échelons peuvent se grimper en string ou en talons aiguilles, mais surtout en écrasant les autres. Un monde basé sur un principe de compétition permanente qui n'est qu'un miroir aux vanités. Pleasure avertissant qu'une fois traversé, il sera difficile de faire marche arrière.
En salles mercredi 20 octobre.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 octobre 2021
13:16
Ultime combat, Arts martiaux d'Asie
Il est assez pertinent que ce musée dédié aux arts et cultures primitives accueille un cinéma longtemps jugé primitif, au mauvais sens du terme, dans son rapport à la violence. Il y a même quelque chose de très beau à rattacher des objets traditionnels à des films, les faire se converser au gré des salles et des nombreux extraits pour lier spiritualité, légendes ancestrales et décryptage d'un art de vie guerrier. Les films sont remis en perspective avec les secousses des périodes historiques, délestant ce cinéma de sa réputation de spectacle bourrin pour les recontextualiser, expliquer la signification d'une technique ou d'un geste, révéler leur portée philosophique comme politique. La majorité des films choisis parlant en fait d'apprentissage, de transmission des traditions, de code d'honneur. Mais aussi de la modernité permanente de ce cinéma-là que ce soit par le rôle des femmes dans les films de sabre japonais ou hong-kongais ou dans l'incroyable complexité de scènes de combat plus virtuoses les unes que les autres. Il faut à ce titre saluer la scénographie de cette exposition, qui ne réduit jamais le champ ni le cadre des extraits à de simples vignettes. Au contraire, le choix a été fait de les présenter sur de grands écrans. Idem pour la hiérarchie, veillant à ce qu'aucun genre, de la kung-fu comedy au chambara ne soit négligé. Même quand il faut en passer par un passage obligé, par exemple l'évocation de Bruce Lee, la figure la plus iconique de ce cinéma, c'est par une salle spéciale, superbement dédiée aux mouvements du Petit Dragon, mais sans qu'elle écrase le reste. On pourra pour autant faire le petit reproche de l'absence de certains pays et cinématographies, comme la Thaïlande, l'Indonésie, ou le Vietnam alors que c'est aujourd'hui là-bas que les films d'arts martiaux connaissent désormais un renouveau, pour se concentrer essentiellement sur le cinéma et les cultures chinoises et japonaises. Mais après tout tant mieux, ça laisse de la matière pour une éventuelle future extension à cette exposition aussi foisonnante que remarquable d'intelligence rappelant que la philosophie est bel et bien un sport de combat.
Ultime combat, arts Martiaux d'Asie. Au Musée du Quai Branly, jusqu'au 16 janvier
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
13 octobre 2021
4:23
"Mon légionnaire" : L’amour est un champ de bataille
La question du bien fondé de la présence militaire français au Sahel n'est pas le souci de Mon légionnaire, film qui s'attaque avant tout à une guerre d'usure, celle où les blessures ne sont pas causées par balles, mais par les limites de l'engagement, qu'il soit au nom de la nation ou au nom du cœur. La question centrale posée par Lang étant de savoir faire face à un quotidien doublement régulé par la peur de ne plus être loyal à ses idéaux. Mon légionnaire ausculte ce front commun pour ces femmes et ces hommes avec une rigueur qui invoque la précision clinique, pour ne pas dire militaire, d'une Kathryn Bigelow (Démineurs) mais aussi la compassion pour l'élément humain du cinéma d'une Claire Denis (Beau Travail). Peut-être Lang doit peut-être cette inattendue combinaison à un parcours peu commun, qui l'a amené à faire ses armes au cinéma tout en étant officier de réserve. Un cadre qui l'a très probablement amenée à observer de près le fonctionnement de l'armée et son impact sur l'intime. En ressort un film étonnant quand il interroge le prestige de l'uniforme sans pour autant se mettre au garde à vous, voire ayant l'intelligence de revisiter avec nuance et complexité, la fameuse trilogie travail, famille, patrie comme de donner une parole aussi inédite que forte aux souffrances d'une institution surnommée La grande muette.
En salles le 6 octobre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
06 octobre 2021
3:02
Candyman : la vie en noir
D'autant plus quand c'est Jordan Peele, instigateur depuis Get Out, d'un cinéma d'épouvante prenant à bras le corps la question de la place des afro-américains dans la société qui le produit. Il assume pleinement la portée politique de ce nouveau Candyman, que ce soit en en ayant confié la réalisation à une femme noire, Nia Da Costa, ou en le truffant d'allusions, comme la présence dans la bande-son d'un morceau de Sammy Davis Jr, partisan de la cause noire qui avait fini par devenir supporter ardent de Nixon, justement titré... The Candy Man. Pas tant pour boucler la boucle que pour indiquer que l'Amérique se trimballe depuis trop longtemps ses rapports interraciaux. Cette réactualisation du film de 1992 troque sa part gore, par une mise en scène aussi habile qu'inventive, vers quelque chose de plus anxiogène, la prophétie d'une révolte coléreuse qui finira par engendrer des monstres au nom d'une bonne cause, qui ne peut plus se contenter de promesses. En faisant de son croquemitaine la mémoire d'une oppression contre les noirs qui ne veut pas être oubliée, ni être récupérée par une woke culture de hipsters blancs, ce Candyman là rend coup pour coup.
En salles depuis le 29 septembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 septembre 2021
3:02
69e Festival de San Sebastian
Alors que les salles de cinéma ont encore un peu mal à se remplir, les festivals, eux, font carton plein. Il faut dire que l'automne, c'est la pleine saison pour eux. Loin des immuables et mastodonte rendez-vous internationaux d'hiver et de printemps, que sont Berlin et Cannes, en septembre s'enchaînent ou presque, Venise, Toronto et San Sebastian. Ils sont un peu moins médiatiques, mais pas moins négligeables. San Sebastian a même pris l'habitude de se rebaptiser, « le plus petit des grands festivals ». A tort, quand non seulement, c'est l'épicentre du business du cinéma espagnol, mais aussi quand il diffère des autres manifestations, en étant fondamentalement accueillant pour le public quand les autres sont plus réservés à l'industrie.
Il y a quelque chose de très touchant à voir dans cette période de pandémie, des salles aussi pleines qu'enthousiastes. Surtout quand cette année, la programmation reflète non seulement un état du monde des plus inquiets quand à l'avenir mais se passe, pour énormément de films présentés, dans un cadre particulièrement intime. Beaucoup explorent des histoires d'individus en rupture avec leur environnement. Ainsi, la jeune fermière de la fin du XIXe siècle, dans As In heaven, film danois sous bel héritage Dreyer ou la jeune roumaine teigneuse d'aujourd'hui de Crai Nou, pour ne citer qu'elles, se rejoignent dans la difficulté de s'émanciper des règles familiales. D'une manière plus générale, quelles que soient les sections ou les nationalités, les films de cette édition énoncent clairement leur désarroi face à l'époque. Parfois en ruant dans les brancards, comme le douanier du Bruit des moteurs incapable de s'évader de son village canadien ou en succombant aux crises de paranoïa comme le prof slovène du grinçant Inventory peu à peu persuadé que tout le monde, surtout ses proches, ont voulu le tuer. Même les histoires de résilience spécifiquement locales, dont celle de Maixabel, autour du véridique rapprochement entre le mari d'une victime de l'ETA et son assassin, témoignent des obstacles que mettent une période faite de défiance, de méfiance sur un chemin qui ramènerait vers quelque chose de plus paisible. Quand ce n'est pas l'étonnante adaptation des Illusions perdues de Balzac par Xavier Giannoli qui scrute sous ses costumes des torts et travers – du phénomène des Fake News à la domination du libéralisme- très contemporains. Tout ça n'étant qu'un petit aperçu de la densité d'une édition clairement préoccupée par le monde tel qu'il se prépare. Mais au vu donc de la foule dans les salles, comme de la qualité générale des films ou même d'une météo qui a la politesse de ne faire tomber des trombes d'eau uniquement la nuit, le festival de San Sebastian, qui se tient jusqu'à samedi soir, a de très beaux airs de parenthèse encore un peu enchantée. Du moins pour les cinéphiles.
Jusqu'au 25 septembre. Plus d'infos : https://www.sansebastianfestival.com/in/
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
22 septembre 2021
3:02
L'origine du monde : Laurent Lafitte lève des lièvres avec une histoire de chatte
Pour son premier film de réalisateur, Laurent Lafitte a fait le bon choix en allant piocher chez l'un des auteurs actuels de théâtre de boulevard les plus audacieux, Sébastien Thiéry. Comme souvent chez lui, l'argument de L'origine du monde, secoue des bases classiques, celle du vaudeville pour les malaxer avec des éléments d'absurde délirant, voire de surréalisme pour un commentaire social bien senti. En l'occurrence, avec un quadra petit bourgeois qui se retrouve un matin avec son cœur qui ne bat plus mais reste pourtant vivant. La seule solution pour retrouver un état normal est de fournir à une psy, marabout new-age sur les bords, une photo du sexe de sa mère. Lafitte a conservé cette combinaison d’Œdipe sur le fond et de Bunuel dans la forme mais ajoute son propre sens du décalage.
De quoi se réapproprier la mécanique parfaite de Thiéry pour mieux la détraquer. Là où le dramaturge se demandait si un homme sans cœur est toujours un homme, Lafitte enfonce le clou avec une joviale provocation pour s'attaquer en bonus aux notions de couple, d'amitié ou de famille, le tout sur un ton frontal pas éloigné de ce qu'aurait pu faire un Bertrand Blier avec cette matière. D'ailleurs, Lafitte reprend à son compte le fameux esprit « décontracté du gland» en mettant littéralement à poil le trio déchainé qu'il forme avec Vincent Macaigne et Karin Viard. Ce qui n'empêche pas une paradoxale pudeur, quand derrière les mordants dialogues cash ou les réjouissantes situations trash, L'origine du monde cache une autre mise à nu : entre une incartade au bois de Boulogne, d'insistants dialogues à double-sens entre les personnages joués par Laffite et Macaigne ou des génériques d'ouverture et clôture utilisant des chansons de Marie Laforêt et Shirley Bassey, références culturelles gays, une lecture possible du film comme celui du coming-out de son auteur s'installe rapidement. Il n'est donc pas impossible qu'avec ce solide premier essai derrière la caméra, Laffite coupe bien bien plus qu'un cordon ombilical. Qu'il le fasse à pleine dents, n'en est que honorable.
En salle depuis le 15 septembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 septembre 2021
3:31
L'origine du monde : Laurent Lafitte lève des lièvres avec une histoire de chatte
Pour son premier film de réalisateur, Laurent Lafitte a fait le bon choix en allant piocher chez l'un des auteurs actuels de théâtre de boulevard les plus audacieux, Sébastien Thiéry. Comme souvent chez lui, l'argument de L'origine du monde, secoue des bases classiques, celle du vaudeville pour les malaxer avec des éléments d'absurde délirant, voire de surréalisme pour un commentaire social bien senti. En l'occurrence, avec un quadra petit bourgeois qui se retrouve un matin avec son cœur qui ne bat plus mais reste pourtant vivant. La seule solution pour retrouver un état normal est de fournir à une psy, marabout new-age sur les bords, une photo du sexe de sa mère. Lafitte a conservé cette combinaison d’Œdipe sur le fond et de Bunuel dans la forme mais ajoute son propre sens du décalage.
De quoi se réapproprier la mécanique parfaite de Thiéry pour mieux la détraquer. Là où le dramaturge se demandait si un homme sans cœur est toujours un homme, Lafitte enfonce le clou avec une joviale provocation pour s'attaquer en bonus aux notions de couple, d'amitié ou de famille, le tout sur un ton frontal pas éloigné de ce qu'aurait pu faire un Bertrand Blier avec cette matière. D'ailleurs, Lafitte reprend à son compte le fameux esprit « décontracté du gland» en mettant littéralement à poil le trio déchainé qu'il forme avec Vincent Macaigne et Karin Viard. Ce qui n'empêche pas une paradoxale pudeur, quand derrière les mordants dialogues cash ou les réjouissantes situations trash, L'origine du monde cache une autre mise à nu : entre une incartade au bois de Boulogne, d'insistants dialogues à double-sens entre les personnages joués par Laffite et Macaigne ou des génériques d'ouverture et clôture utilisant des chansons de Marie Laforêt et Shirley Bassey, références culturelles gays, une lecture possible du film comme celui du coming-out de son auteur s'installe rapidement. Il n'est donc pas impossible qu'avec ce solide premier essai derrière la caméra, Laffite coupe bien bien plus qu'un cordon ombilical. Qu'il le fasse à pleine dents, n'en est que honorable.
En salle depuis le 15 septembre
16 septembre 2021
3:31
Afrofuturistik : la science-friction africaine
En fait, un peu nulle part. Alors que la plupart des sélectionneurs de festivals s'accordent à dire qu'il y a quelque chose qui frémit sur ce territoire, qu'une nouvelle génération est en train de se mettre en place ; vu d'ici, la découverte de ce cinéma-là est majoritairement rétrospective, patrimoniale. Depuis 2013, Quartier Lointain s'efforce d'y remédier en proposant régulièrement des programmes de courts métrages récents issus de tout le continent africain, regroupés autour d'un thème. La 6e édition agrège cinq films autour de l'idée d'Afrofuturisme. Une bonne idée quand elle s'intéresse à ce qui s'est passé autour du phénomène qu'à été Black Panther, le triomphant blockbuster Marvel et sa reconnaissance d'une culture africaine. Qu'importe si elle est passée par une réappropriation hollywoodienne, Afrofuturistik propose justement un effet miroir, avec des films, kényan, rwandais, nigérian, marocains ou congolais, très différents sur la forme ou le ton mais se rejoignant dans le principe d'une vision de l'Afrique actuelle par une Afrique reprenant à son compte les codes de la mondialisation. Y compris ceux d'un cinéma de genre, en l'occurrence la science-fiction. Refiltrée par les imaginaires de cinq réalisateurs pour une sorte de colonisation retournée à l'envoyeur, elle vire à la science-friction en confrontant mondes d'hier, aujourd'hui et demain.
Qu'il soit question d'un Maroc quasi post-apocalyptique dans Qu'importe si les bêtes meurent, des rivalités de sorcières nigérianes dans Hello Rain ou du premier spationaute rwandais resté trop longtemps en orbite dans Ethereality, la question de pouvoir associer traditions narratives ou culturelles et projection dans le futur est commune à ces courts métrages. Jusqu'à former une passionnante agora proposant des réponses méditatives ou cinglantes quand We Need Prayers : this one went to market, analyse de manière fulgurante en quelques minutes du marché de dupe que sont les rapports entre l'Afrique et le monde occidental, tandis que Zombies se fait particulièrement lucide pour danser sur la transe de la communication à tout crin et des réseaux sociaux. Le tout avec autant une énergie et une pertinence dans le propos social ou politique, dont ferait bien de s'inspirer le cinéma européen ou américain.
En salles depuis le 1er septembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
08 septembre 2021
3:53
Une histoire d'amour et de désir : la fleur du mâle
Une histoire d'amour et de désir voit cependant beaucoup plus loin que son titre faussement programmatique. La relation entre Ahmed, banlieusard renfermé qui ne connait de son pays de naissance que les injonctions sociales et moralisatrices et Farah, fille de la bourgeoisie de Tunis que rien ou presque n'effarouche ouvre une brèche quasi-inédite en s'attaquant aux images d'Épinal encore très ancrées autour des cultures du Maghreb vues d'ici de la place des jeunes hommes face à la pression sociale à la représentation des corps masculins arabes à l'écran. Ou plus simplement d'amalgames ayant fait de l'Afrique du Nord une entité globale, alors qu'elle est des plus diversifiées. Le geste est d'autant plus audacieux dans une période de retour au conservatisme, où les raccourcis sont entérinés comme des vérités, que Bouzid ose la douceur pour accompagner une démarche intellectuelle autour du déni de soi ou l'autocensure par une forme de dépucelage.
En ne renonçant jamais aux langueurs d'une romance, comme en faisant appel aux classiques oubliés de la littérature érotique arabe du Xème siècle, Une histoire d'amour et de désir prend langue sans qu'elle soit de bois, car n'occultant pas la complexité d'une identité maghrébine, bien plus dense que ses façades de virilisme ou d'atavisme religieux. Bouzid les travaillant au corps, par une sidérante combinaison de retenue et de sensualité. La vraie part de séduction de son film venant pour autant de sa proposition, qui peut paraître folle aujourd'hui où tout doit aller vite, de prendre du recul pour contrecarrer les préjugés, faire s'embrasser enseignements anciens et enjeux contemporains. La vibrante chamade qui s'installe ici doit bien sur beaucoup à Sami Outalbali et Zbeida Belhajamor, aussi remarquable que fièvreux duo d'acteurs, mais Une histoire d'amour et de désir terrasse surtout en rappelant qu'un propos intelligent autour d'une génération qui doit réapprendre à s'aimer afin de pouvoir s'autoriser à désirer l'autre, peut être incroyablement sexy.
En salles depuis le 1er septembre
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 septembre 2021
3:15
"Passion Simple" de Danielle Arbid
"À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi. Tout de lui m'a été précieux, ses yeux, sa bouche, son sexe, ses souvenirs d’enfant, sa voix… "
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
06 août 2021
13:15
"The Sparks Brothers" d’Edgar Wright
The Sparks Brothers est une odyssée musicale qui raconte cinq décennies à la fois étranges et merveilleuses avec les frères/membres du groupe Ron et Russell Mael, qui célèbrent l’héritage inspirant des Sparks : le groupe préféré de votre groupe préféré.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 juillet 2021
3:39
"Les Sorcières de l’Orient" de Julien Faraut
Japon années 1960. Alors que Tokyo, en pleine reconstruction, signe son grand retour sur la scène internationale avec l’organisation des JO, un groupe de jeunes ouvrières connait un destin hors du commun. Après le travail, elles s’entraînent dans les conditions les plus rudes pour se hisser au sommet du volley mondial. Bientôt surnommées les « Sorcières de l’Orient », elles deviennent le symbole du miracle japonais. Leur histoire nourrira la pop culture durant des générations…
Visuel © Affiche Les Sorcières de l'Orient
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
27 juillet 2021
14:08
74e FESTIVAL DE CANNES, le bilan
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 juillet 2021
4:16
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 11
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 juillet 2021
2:37
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 10
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
15 juillet 2021
3:05
BUENA VISTA SOCIAL CLUB
Ry Cooder a compose la musique de Paris Texas et de The End of Violence. Au cours du travail sur ce dernier film, il parlait souvent avec enthousiasme a Wim Wenders de son voyage a Cuba et du disque qu'il y avait enregistre avec de vieux musiciens cubains. Le disque, sorti sous le nom de "Buena Vista Social Club", fut un succès international. Au printemps 1998, Ry Cooder retourne a Cuba pour y enregistrer un disque avec Ibrahim Ferrer et tous les musiciens qui avaient participe au premier album. Cette fois, Wim Wenders était du voyage avec une petite équipe de tournage.
Visuel © Affiche Buena Vista Social Club
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 juillet 2021
2:21
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 9
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 juillet 2021
2:27
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 8
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
13 juillet 2021
2:32
74e FESTIIVAL DE CANNES, Jour 7
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 juillet 2021
2:23
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 4
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 juillet 2021
2:59
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 3
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
08 juillet 2021
2:54
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 2
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 juillet 2021
3:18
74e FESTIVAL DE CANNES, Jour 1
Visuel © Affiche Festival de Cannes
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
06 juillet 2021
2:54
"Sous le ciel d’Alice" de Chloé Mazlo
Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d'envoyer le premier libanais dans l'espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s'immisce dans leur paradis…
Visuel © Ad Vitam
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 juin 2021
3:24
"De l'or pour les chiens" d’Anna Cazeneuve Cambet
Fin de l’été, Esther 17 ans, termine sa saison dans les Landes. Transie d’amour pour un garçon déjà reparti, elle décide de prendre la route pour le retrouver à Paris. Des plages du sud aux murs d’une cellule religieuse, le cheminement intérieur d’une jeune fille d’aujourd’hui.
Visuel © Rezo Films
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
29 juin 2021
12:23
"Gagarine" de Fanny Liatard & Jérémy Trouilh
Youri, 16 ans, a grandi à Gagarine, immense cité de briques rouges d’Ivry-sur-Seine, où il rêve de devenir cosmonaute. Quand il apprend qu’elle est menacée de démolition, Youri décide de rentrer en résistance. Avec la complicité de Diana, Houssam et des habitants, il se donne pour mission de sauver la cité, devenue son "vaisseau spatial".
Visuel © Affiche Gagarine
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
23 juin 2021
3:25
"La nuée" de Just Philippot
Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…
Visuel © Affiche La nuée
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 juin 2021
2:59
"Il n'y aura plus de nuit" d’Eléonore Weber
Des images provenant d’hélicoptères sur le théâtre des opérations. L’œil insatiable des pilotes scrute le paysage. Les hommes qui sont visés ignorent qu’ils le sont, ils n’ont pas repéré d’où venait la menace. L’intervention a lieu sous nos yeux. Celui qui filme est également celui qui tue.
Visuel © Affiche Il n'y aura plus de nuit
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
15 juin 2021
13:16
"Tom Foot" de Bo Widerberg
Johan Bergman, petit Suédois de 6 ans, a une sacrée frappe et un redoutable sens du dribble. Repéré par Mackan, buteur star, ce petit prodige du foot lui vole la vedette. Propulsé directement chez les pros, il vient même au secours de l’équipe nationale suédoise pour l’aider à se qualifier pour la Coupe du monde 1974. Mais il a de plus en plus de mal à concilier vie d’enfant et exigences du métier de footballeur professionnel…
Visuel © Tom Foot
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 juin 2021
3:16
"Häxan" de Benjamin Christensen
Présenté à la manière d’une conférence, Häxan est un film documentaire sur la sorcellerie, de l’antiquité à la période contemporaine du film (1922). La sorcellerie est représentée avec soin par des illustrations tirées d’ouvrages médiévaux et des reconstitutions filmiques. Du sabbat des sorcières aux interrogatoires de l’inquisition, les illustrations classiques prennent vie dans des visions spectrales inquiétantes utilisant tous les effets spéciaux disponibles à l’époque : surimpressions, maquettes, jump cuts, stop motion, maquillages et prothèses.
Coffret Blu-ray/DVD chez Potemkine
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
02 juin 2021
4:05
"Playlist" de Nine Antico
Sophie a 28 ans. Elle aimerait être dessinatrice, mais ce serait tellement plus facile si elle avait fait une école d’art. Elle aimerait aussi trouver l'amour, mais ce serait tellement plus facile s'il vous sautait aux yeux. Elle multiplie les expériences amoureuses et professionnelles. Prendre des coups, beaucoup, en donner, un peu : c’est ça, l’apprentissage. Dans sa tête tourne en boucle Daniel Johnston, qui chante que « l'amour véritable finit bien par vous tomber dessus » ; mais Sophie se demande s'il dit vrai.
En salles le 2 juin
Visuel © Affiche Playlist
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 juin 2021
10:18
"The Father" de Florian Zeller
La réalité d’Anthony, octogénaire atteint d’Alzheimer se fracture de plus en plus. Le faisant douter de tout, plongé dans le labyrinthe mental de la maladie...
Visuel © The Father
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 mai 2021
4:44
"On Gaku" de Kenji Iwasawa
Une bande de lycéens marginaux menée par Kenji décide de créer un groupe de musique, sans savoir jouer. Le groupe Kobujutsu est né !
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 mai 2021
5:05
"Magic" de Richard Attenborough
Marionnettiste de talent, Corky Withers est une grande vedette qui partage l'affiche avec Fats, sa marionnette partenaire. Ensemble, ils échangent des plaisanteries et font rire le public. Mais un jour, Corky refuse un gros contrat et s'enfuit dans sa ville natale sans donner d'explications à son impresario. Et pour cause : comment expliquer sans paraître fou que Fats la marionnette semble exercer une influence meurtrière sur celui qui la manipule ?
En dvd/Blu-ray chez Rimini éditions.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 mai 2021
4:12
"Shadow In The Cloud" de Roseanne Liang
Pendant la Seconde Guerre mondiale, une jeune mécanicienne voyageant avec des documents top secret à bord d’un bombardier B-17 est confrontée à une présence maléfique qui risque de compromettre sa périlleuse mission.
Visuel © Affiche "Shadow in the cloud"
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 mai 2021
3:28
"Judas & The Black Messiah" de Shaka King
Chicago, 1968. Petit malfaiteur spécialisé dans le vol de voitures, William O'Neal se fait passer pour un agent du FBI pour commettre ses larcins. Lorsqu'il se fait coincer, le FBI propose d'effacer l'ardoise à condition qu'il devienne informateur ; il est chargé d'infiltrer les Black Panthers et de suivre de près Fred Hampton, le jeune chef charismatique du parti dans l’Illinois.
Visuel © Affiche "Judas and the Black Messiah"
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
28 avril 2021
3:22
"The Empty Man" de David Prior
James Lasombra, ex-policier alcoolique qui ne se remet pas du décès de sa femme et de son fils dans un accident de voiture, est désormais détective. Il enquête sur la disparition de la fille d’une amie et tombe bientôt sur les traces de « l’Empty Man », devenu légende urbaine auprès de tous les adolescents du coin…
Visuel © Affiche "The Empty Man"
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
21 avril 2021
5:08
"Merrick" de Benjamin Diouris
Dans un monde décimé par une étrange épidémie, Stanislas Merrick, un ancien champion de boxe, survit reclus et coupé du reste du monde. Son quotidien est bouleversé lorsqu'il fait la rencontre d'Esther, une jeune fille échappée d'un camp de réfugiés et traquée par un ancien soldat.
Disponible sur la plupart des plateformes de VOD (Amazon prime, Canal Vod, Orange, Apple Tv+…)
Visuel © Affiche "Merrick"
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 avril 2021
4:37
"Authentique mais vrai" de Gilles Botineau
Mais qui se cache derrière des titres aussi improbables que "Par ou t’es entré on t’a pas vu sortir ?" ou "Ces flics étranges venus d’ailleurs ?" Philippe Clair, réalisateur oublié alors que champion du box office des années 70 ou précurseur d'un cinéma poético-loufoque. Conversation au long cours avec lui, Authentique mais vrai, revient sur son parcours singulier.
Visuel © Wikipédia
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 avril 2021
4:41
"Madame Claude" de Sylvie Verheyde
Fin des années 1960, Madame Claude règne sur Paris et au-delà grâce à son commerce florissant. En réinventant les codes de la prostitution, en empruntant ceux de la bourgeoisie et en s’inventant un passé respectable, elle est devenue une femme d’affaires redoutée et estimée du monde politique au grand banditisme. Femme de pouvoir dans un milieu et une époque d’hommes, à la veille des grands mouvements de libération de la femme, elle sera aussi le témoin de la fin d’une époque…
Sur Netflix, à partir du 2 avril
Visuel © extrait de "Madame Claude"
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
31 mars 2021
4:22
"Le grand inquisiteur" de Michael Reeves
Au XVIIe siècle dans une Angleterre en proie à la guerre civile, Matthew Chapman, inquisiteur traque quiconque est soupçonné de sorcellerie. Un soldat, amoureux de la nièce d’un prêtre accusé à tort va se dresser contre lui...
Visuel © Pochette DVD "Le grand inquisiteur" de Michael Reeves
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 mars 2021
4:01
Flesh Memory de Jean-Jacky Goldberg
Finley Blake est cam girl : elle gagne sa vie en faisant de l'exhibition sexuelle sur Internet, devant sa webcam. Elle a 33 ans, vit seule dans une maison isolée à Austin, Texas, et tente de récupérer la garde partagée de son fils qui lui a été retirée du fait de sa profession. Ce film est un documentaire qui la suit quelques jours dans sa vie, à la fois solitaire et très peuplée, tournée en grande partie vers des écrans qui sont son contact privilégié avec le monde.
Visuel © Affiche "Flesh Memory" de Jean-Jacky Goldberg
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
17 mars 2021
3:20
César 2021 : Côté jardin et côté courts (métrages)
En attendant de savoir qui décrochera le César du meilleur court-métrage, décernons déjà notre double prix a nos chouchous,
L’Aventure atomique de Loïc Barché et Qu’importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
10 mars 2021
4:53
"American Utopia" de Spike Lee
Une captation, par Spike Lee, du dernier spectacle de David Byrne, sur une scène de Broadway…
Disponible sur la plupart des plateformes VOD (Orange VOD, Canal VOD, FilmoTV….)
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
03 mars 2021
5:15
Small Axe de Steve Mc Queen
Autant mini-série que collection de films indépendants les uns des autres, Small Axe s’invite dans la communauté afro-caribéenne en Angleterre des années 60 à 80.
Les tranches de vies muent en tranche d’histoire britannique : celle de l’intégration et du racisme systémique.
Sur Salto, à partir du 26 février.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 février 2021
5:28
F.A.M.E (Festival International de Films sur la Musique) 7e édition
Du dancefloor aux enjeux de société, il n’y a qu’un pas que FAME franchit avec une programmation toujours curieuse du monde qui l’entoure. Démonstration avec une série de films à découvrir en exclusivité et en ligne sur la plateforme mk2 Curiosity. Le festival se passe à l’intérieur de nos écrans cette année, mais il reste résolument tourné vers le coeur battant de la société. Car tel est le pari FAME : écouter le monde à travers son beat, ses break, et ses pulsations.
DU 18 au 25 février sur https://www.mk2curiosity.com
https://www.youtube.com/watch?v=OdKDLR3TY5w&feature=emb_logo
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
17 février 2021
4:24
Une histoire orale d’Andrezj Zulawski, de Matthieu Rostac & François Car
Qu’on l’aime ou non, le cinéma d’Andrzej Zulawski reste à part. Des films excessifs, chaotiques, hystériques mais surtout fulgurants et animés par une fièvre romantique sans pareil.
Même sans les images, la puissance de ce cinéma persiste dans les pages d’un livre recueil de témoignages revenant sur le parcours d’un cinéaste incandescent et des champs de bataille qu’étaient ses tournages.
En vente sur la boutique du Chat qui fume : https://lechatquifume.myshopify.com/collections/precommandes/products/une-histoire-orale-dandrzej-zulawski
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
10 février 2021
5:20
Le 20e anniversaire de LABO, à Clermont Ferrand
Chaque année, cette sélection complètement décalée vous étonne et bouscule un paysage cinématographique campé sur ses acquis. Terrain de jeu expérimental, casse-tête d’animation débridées, agitation cérébrale… Au labo notre monde est questionné, disséqué, ré-assemblé, transformé, afin d’en faire jaillir de toutes nouvelles perceptions, libres et surprenantes.
Forte de ses 20 ans d’expériences, cette compétition unique n’a pas atteint ses limites ! En partenariat avec les éditions Autour de Minuit, elle vous offre un florilège de 20 de ses meilleurs films à travers la création d’un coffret Bluray accompagné de son livret de 52 pages et de nombreux bonus (qui seront accessibles en version dématérialisée) !
Coffret Blu-ray en vente sur la boutique d’Autour de Minuit (http://blog.autourdeminuit.com/dvd/blu-ray-boxset-20th-anniversary-of-lab-clermont-ferrand-short-film-festival/)
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
03 février 2021
4:10
Retrospective Helena Trestikova
La cinéaste tchèque Helena Třeštíková développe une singulière esthétique de la rencontre. Elle filme avec une infinie patience des êtres et leurs familles – de cœur ou d’infortune – en revenant sans cesse auprès d’eux. Cette fréquentation assidue, fidèle, est une expérience commune d’observation participante, au plus près de la vie.
Helena Trestikova observe des êtres qui cherchent leur place, souvent en rupture avec la société ; des lignes de vie plus forte que l’infamie ou le déterminisme social. L’issue est fragile, incertaine, mais la vie se révèle encore et toujours plus forte.
Cette première rétrospective française de l’œuvre d’Helena Třeštíková met en évidence un cinéma qui s’élabore sur la (très) longue durée. Contemporaine des expériences longitudinales de Michael Apted (The Up series), Barbara et Winfried Junge (Die Kinder von Golzow) ou Michel Fresnel (Que deviendront-ils ?), Třeštíková travaille la sérialité documentaire selon des modalités précises. Au montage, elle ordonne chronologiquement chaque séquence pour restituer l’expérience d’une vie, dans la durée condensée du film. Le résultat est souvent vertigineux. Elle s’inspire d’une technique aussi ancienne que le cinéma, le résumé-accéléré ou time-lapse en anglais.
Sur le site de la BPI (BIbilothèque Publique d’Information du Centre Pompidou) jusqu’au 6 mars/ https://www.bpi.fr
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
27 janvier 2021
4:34
"In Search Of Darkness" de David A. Weiner
À quoi ressemblait le cinéma d’horreur made in USA dans les années 80 ? De John Carpenter à Joe Dante, les cinéastes, acteurs, techniciens qui l’ont fait ravivent leurs souvenirs dans un documentaire-fleuve, tout en revenant sur l’impact de cette production sur le cinéma de genre contemporain.
Visible sur https://www.shadowz.fr à partir du 22 janvier.
https://www.youtube.com/watch?v=LtG6hYUvlkc
Visuel © Affiche d'"In Search Of Darkness" de David A. Weiner
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 janvier 2021
4:25
L’histoire des gros mots
Le cours d'histoire dont vous aviez besoin sans le savoir. Présentée par Nicolas Cage, L'histoire des gros mots est une série tapageuse qui explore l'origine des gros mots, leur usage dans la culture pop, leur explication scientifique et leur impact culturel. À travers plusieurs entretiens avec des experts en étymologie et en culture pop, des historiens et des artistes, cette série en six épisodes remonte aux origines des mots "Fuck", "Shit", "Bitch", "Dick", « Pussy », « Damn ».
https://www.youtube.com/watch?v=XByiHpUvrj0
Visuel © History of Swear Words
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
13 janvier 2021
4:39
ZONES HUMIDES de David Wnendt
Helen est une adolescente non-conformiste qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents. Passant la plupart de son temps à traîner avec son amie Corinna, avec qui elle transgresse un tabou social après l’autre, elle utilise le sexe comme un mode de rébellion et casse la morale bourgeoise conventionnelle. Après un accident de rasage intime, Helen se retrouve à l’hôpital où il ne lui faut pas longtemps pour faire des vagues. Mais elle y rencontre Robin, un infirmier dont elle va tomber follement amoureuse…
En dvd/Blu-ray chez Extralucid films (https://www.extralucidfilms.com)
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
06 janvier 2021
6:59
VOD : les autres plateformes...
En attendant que les salles de cinéma rouvrent, les grosses plateformes VOD s’en donnent à coeur joie. Ces mastodontes cachent pour autant une multitudes d’autres sites, regorgeant de perles et de trouvailles. Petit tour d’horizon.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 décembre 2020
3:37
"The Wicker Man" de Robin Hardy
Puisqu’on n’est pas sur que Noël sera autorisé cette année, autant célébrer la fête païenne qu’es "The Wicker Man", film à part dans le cinéma fantastique britannique, de ressortie dans une version inédite. Un vrai cadeau, donc.
A la veille du 1er mai, sur un ilot écossais, un policier du continent enquête sur la disparition d’une fillette et se heurte à l'hostilité et au mutisme de ses habitants. Et s’ils en savaient plus sur ce mystère...
Visuel © The Wicker Man de Robin Hardy
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 décembre 2020
4:46
Le livre « Censure & Cinéma en France »
Que peut-on montrer dans un film en France ? Depuis 1916, une commission est chargée de contrôler les images de cinéma. De son historique à ses évolutions, en passant par d’étonnants cas d’école, Censure & Cinema en France (Editions LettMotif) revient sur cet organisme plus complexe qu’on le croit, et à ses résonances sociales.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
02 décembre 2020
3:51
« Petite Fille » de Sébastien Lifshitz
Sasha, né garçon, se vit comme une petite fille depuis l’âge de 3 ans. Le film suit sa vie au quotidien, le questionnement de ses parents, de ses frères et sœur, tout comme le combat incessant que sa famille doit mener pour faire comprendre sa différence. Courageuse et intraitable, Karine, la mère de Sasha, mène une lutte sans relâche portée par un amour inconditionnel pour son enfant.
En avant-première du 25 novembre au 2 décembre sur Arte.tv et en diffusion sur Arte le 2 décembre.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
25 novembre 2020
3:49
« Chroniques du Cinéma Confiné », le recueil du monde du cinéma sur son avenir post-confinement
Du 17 mars au 22 juin, les salles de cinéma ont été fermées. Mais pas l’esprit de son industrie : réalisateur, comédiens, attachés de presse, producteurs, critiques, techniciens et autres ont tenu un journal de bord du premier confinement pour conjurer leurs angoisses mais aussi exprimer d’une voix chorale ce qu’il espéraient du cinéma tel qu’il se fera dans le monde d’après.
Chroniques du Cinéma Confiné
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
18 novembre 2020
4:29
La compilation « Le cinéma policier français » de Jean-Ollé Laprune
De 1901 à 2019, cent films policiers français pour mieux faire le portrait-robot du polar bien de chez nous. Une cartographie subjective (et généreuse) façon mise en examen qui préfère décloisonner les cellules d’un cinéma particulièrement varié, entre grands classiques et raretés ou perles oubliées.
Paru chez Hugo Images.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 novembre 2020
3:30
VOYAGE VERS LA LUNE de Glen Keane
Aussi brillante que passionnée de science, une jeune fille déterminée construit une fusée pour se rendre sur la lune et prouver l'existence d'une légendaire déesse lunaire ! C'est alors qu'elle se retrouve embarquée dans une quête inattendue et qu'elle découvre un univers féerique peuplé de créatures fantastiques.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
04 novembre 2020
3:41
« Forbidden Hollywood »
Entre 1929 et 1934, Hollywood réagit à la crise en se lâchant. Peut-être un peu trop pour la censure qui y mettra le holà avec le Code Hays. Mais cette parenthèse (dés)enchantée a donné lieu à des films osant tout, au nom d’une liberté morale qui reste ahurissante encore aujourd’hui. La preuve avec un coffret de dix films en sens interdit.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
28 octobre 2020
3:02
« DRUNK » de Thomas Vinterberg
Quatre amis décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Avec une rigueur scientifique, chacun relève le défi en espérant tous que leur vie n’en sera que meilleure ! Si dans un premier temps les résultats sont encourageants, la situation devient rapidement hors de contrôle.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
21 octobre 2020
2:43
« Calamity, Une Enfance De Martha Jane Canary » de Rémi Chayé
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 octobre 2020
3:06
« Dick Johnson Is Dead » de Kirsten Johnson : ou comment lutter, au cinéma, contre Alzeihmer
Visuel © Dick Johnson Is Dead de Kirsten Johnson
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 octobre 2020
3:20
À Coeur Battant de Keren Ben Rafael
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 octobre 2020
2:57
Gaspar Noé : « Les vrais pessimistes font des films qui ne sont pas drôles »
Charlotte Gainsbourg accepte de jouer une sorcière jetée au bûcher dans le premier film réalisé par Béatrice Dalle. Or l’organisation anarchique, les problèmes techniques et les dérapages psychotiques plongent peu à peu le tournage dans un chaos de pure lumière.
Notre journaliste cinéma Alex Masson a rencontré le cinéaste chez Radio Nova. « Les vrais pessimistes font des films qui ne sont pas drôles. », assure Gaspar Noé qui considère également, et certainement à juste titre, que « Le cinéma n'est pas forcément un art. » Qu’en est-il du sien ?
Visuel © Lux Æterna
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
23 septembre 2020
7:04
Enorme de Sophie Letourneur
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
02 septembre 2020
4:14
THE CLIMB de Michael Angel Covino
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
29 juillet 2020
6:20
LA NUIT VENUE de Fréderic Farrucci
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
13 juillet 2020
6:33
TOUT SIMPLEMENT NOIR de Jean-Pascal Zadi et John Wax
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 juillet 2020
3:58
« Nous, les chiens » d'Oh Sung-yoon & Lee Choon-Baek
En salles le 24 juin.
Visuel © « Nous, les chiens » d'Oh Sung-yoon & Lee Choon-Baek
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
24 juin 2020
3:01
« Themroc » de Claude Faraldo
En DVD (Tamasa éditions), reprise en salles le 1er juillet.
Visuel © Affiche « Themroc » de Claude Faraldo
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
18 juin 2020
3:28
« Il était une fois dans l'Est » de Larissa Sadilova
Les jours s'égrainent harmonieusement dans un paisible village de Russie. Anne prend chaque semaine le bus pour aller vendre ses tricots à Moscou. Mais elle en descend après quelques virages. Le même jour, son voisin routier va charger son camion pour une longue semaine de voyage. Il s'arrête lui aussi immuablement à la sortie du village...
Désir, amour, suspicion et badinage, rien ne peut rester longtemps secret…
En VOD (Canal VOD, Film TV, Google Play, iTunes, Orange, UniversCiné, Wuaki)
Visuel © Affiche « Il était une fois dans l'Est » de Larissa Sadilova
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
11 juin 2020
3:16
« Hercule contre les vampires » de Mario Bava
BR disponible chez Artus Films
Visuel © Affiche « Hercule contre les vampires » de Mario Bava
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
04 juin 2020
3:53
« Miracle in Cell No. 7 » de Lee Hwan-gyeong
Yong-Goo, un handicapé mental est emprisonné pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Ses voisins de cellule, criminels parmi les plus endurcis se prennent d’affection pour lui et vont tout faire, alors qu’il a été condamné à mort, pour que sa petite fille puisse lui rendre visite.
Disponible sur outbuster.com
Visuel © Affiche « Miracle in Cell No. 7 » de Lee Hwan-gyeong
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
28 mai 2020
2:52
« Phase IV » de Saul Bass
Dans un coin reculé de l’Arizona, deux scientifiques découvrent de mystérieux piliers. Ils sont crées par des fourmis en plein plan pour terrasser l’humanité. La lutte pour la survie démarre...
→ Coffret DVD/BR chez Carlotta
Visuel © Affiche « Phase IV » de Saul Bass
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
22 mai 2020
4:07
« La Rupture » de Philippe Barassat
Marie-Louise vient déclarer à Jean, l’écrivain avec qui elle a eu une longue liaison qu’elle le quitte. Mais avec l’amour, les choses ne sont jamais si simples que ça. Lors de leur explication, l’auteur lui dit rapidement que tout ceci « n’a pas de sens ». Philippe Barassat en donne deux à La rupture en le dédoublant en deux versions (celle-ci, et une seconde, reprenant précisément les mêmes déroulés et dialogues, mais en faisant de Jean, une romancière).
Un très beau geste gracieux de cinéma, doublé lui aussi : ces deux films sont disponibles en accès libre sur YouTube. Ça se passe ici et ici.
Visuel © Capture d'écran
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 mai 2020
3:32
Bas les masques ! - « Massacre à la tronçonneuse » de Tobe Hooper
Ce n’est pas parce que le croque-mitaine ultime du cinéma indé US des années 70 était issu d’un fils à maman qu’il était (littéralement) à fleur de peau...
Visuel © Amazon / Masque Leather Face
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
07 mai 2020
3:59
Bas les masques ! - « Star Wars : La Guerre des étoiles » de George Lucas
Dark Vador n’est pas né dans l’espace mais bien sur Terre, accouché par des samouraïs et des plongeurs...
Visuel © Getty Images / Archive Photos
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
06 mai 2020
4:09
Bas les masques ! - « Scream » de Wes Craven
Comment un tableau plus que célèbre et une pochette d’album de Pink Floyd, participèrent au renouvellement méta du slasher pour adolescents ? La réponse est sous le masque de Ghostface.
Visuel © Capture d'écran « Scream » de Wes Craven
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 mai 2020
3:52
Bas les masques ! - « Fantômas » d'André Hunebelle
Initialement, cruel maître du crime portant un loup, le génie du mal crée par Souvestre et Allain s’est adouci dans les comédies cultes avec Louis de Funès et Jean Marais. Mais qui était vraiment sous le masque bleu métallisé ?
Visuel © Capture d'écran « Fantômas » d'André Hunebelle
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
04 mai 2020
3:45
« La Traque » de Yoon Sung-hyun
Quand Jun-Seok sort de prison c’est pour découvrir que la Corée du Sud est tombée en ruine depuis le régime d’austérité mis en place par le FMI. Avec ses deux amis d’enfance, ils n’ont plus qu’un rêve : s’exiler à Taïwan, encore épargné par la crise. Pour trouver de quoi organiser cette fuite, ils décident de braquer un casino clandestin. Bilan de l’opération, un copieux butin mais surtout un tueur sans pitié désormais à leurs trousses.
Disponible sur Netflix.
Visuel © Union Investment Partners, Littlebig Pictures, Sidus
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 avril 2020
2:32
« Microhabitat » de Jeon Go-Woon
A tout juste la trentaine, Miso, une sud-coréenne se laisse porter par la vie au gré des plaisirs qu’elle s’accorde : les cigarettes, le whisky et son mec. Lorsque les deux premiers subissent une phénoménale augmentation, il lui faut choisir entre eux et payer le loyer de son minuscule appartement. Elle n’hésite pas longtemps et se met à squatter chez divers anciens amis de collège…
Disponible sur Outbuster.
Visuel © « Microhabitat » de Jeon Go-Woon
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 avril 2020
1:42
« La Vie de château » de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’limi
Orpheline, Violette, 8 ans, part vivre avec son oncle Régis, agent d’entretien au château de Versailles. Timide, Violette le déteste : elle trouve qu’il pue, elle décide alors qu’elle ne lui dira pas un mot. Dans les coulisses du Roi Soleil, la petite fille têtue et le grand ours vont se dompter et traverser ensemble leur deuil. Diffusion sur Okoo le 5 avril pendant cinq semaines puis sur France 4 le 12 avril à 18h30.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
01 avril 2020
1:59
« Yiddish » de Nurith Aviv
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
11 mars 2020
2:39
« Kongo » de Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
10 mars 2020
8:09
« Thee Wreckers Tetralogy » de Rosto
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 mars 2020
8:49
Le roman des César, copieux chapitre 45
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
04 mars 2020
3:53
« Invisible Man » de Leigh Whannell
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 février 2020
2:42
« And Soon the Darkness » de Robert Fuest et « Fright » de Peter Collinson
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 février 2020
2:56
« Queen & Slim » de Melina Matsoukas
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
12 février 2020
2:24
"Adam" de Maryam Touzani
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 février 2020
2:40
"Revenir" de Jessica Palud
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 janvier 2020
6:24
« Jojo Rabbit » de Taika Waititi
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
29 janvier 2020
3:31
« Bad Boys for Life » de Bilall Fallah et Adil El Arbi
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
22 janvier 2020
2:45
Le conte du Tsar Saltan d'Aleksandr Ptushko
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
15 janvier 2020
3:06
« Roman Porno » : une histoire érotique du Japon
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
08 janvier 2020
3:20
« Ghost Tropic » de Bas Devos
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
31 décembre 2019
6:34
« Echo » de Rúnar Rúnarsson
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 décembre 2019
6:21
« Millenium actress » & « Jésus »
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
18 décembre 2019
3:13
The Lighthouse de Robert Eggers
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
17 décembre 2019
7:31
« Lillian » d'Andreas Horvath
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
11 décembre 2019
2:04
« Jeune Juliette » de Anne Émond
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
10 décembre 2019
7:41
« Stop Making Sense » de Jonathan Demme
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
04 décembre 2019
3:11
« Made in Bangladesh » de Rubaiyat Hossain
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
03 décembre 2019
6:41
Indianara de Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
28 novembre 2019
7:45
« Freedom » de Rodd Rathjen
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
26 novembre 2019
8:26
« Terminal Sud » de Rabah Ameur-Zaïmeche
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 novembre 2019
2:36
« Vivre et chanter » de Johnny Ma
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
19 novembre 2019
7:09
« Knives and Skin » de Jennifer Reeder
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
18 novembre 2019
7:29
Histoires d’Emmanuelle
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
13 novembre 2019
3:44
« Black Journal » de Mauro Bolognini
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
06 novembre 2019
3:15
« Debout sur la montagne » de Sébastien Betbeder
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
31 octobre 2019
6:12
« Quand passent les cigognes » de Mikhaïl Kalatozov
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
30 octobre 2019
3:29
La nuit des morts vivants de George A. Romero
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
23 octobre 2019
3:08
D’après une histoire de Stephen King, de Matthieu Rostac et François Cau
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
16 octobre 2019
3:17
« Nos défaites » de Jean-Gabriel Périot
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
09 octobre 2019
3:29
« Gwen, le livre de sable » de Jean-François Laguionie
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
02 octobre 2019
2:26
« Ne croyez surtout pas que je hurle » de Frank Beauvais
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
25 septembre 2019
2:24
Un flic sur le toit
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
20 septembre 2019
2:20
« L’Insensible » d’Ivan Ivanovitch Tverdovski
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
11 septembre 2019
2:16
« Liberté » d'Albert Serra
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
05 septembre 2019
7:51
L'Étrange Festival
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
04 septembre 2019
2:41
« Perdrix » d’Erwan Le Duc
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
14 août 2019
2:15
Vous aimerez aussi
Tu veux en découvrir plus ?
Tous nos podcasts