L’été arrive, c’est le moment de revêtir vos tenues en wax et de les porter en toute connaissance de cause ! D’où vient ce textile aux couleurs flamboyantes ? Quelle en est son histoire ? Pourquoi est-il symbolique de la mode africaine et quels enjeux porte-t-il ? Pour en savoir plus, Radio Nova s’installe ce samedi 17 mai de 15h à 16h au cœur du Musée de l’Homme qui propose, jusqu’au 7 septembre, l’exposition Wax à travers le parcours historique passionnant de ce tissu imprimé double face.
Présentée en deux volets, l’exposition Wax décline les différentes étapes de la fabrication et de la diffusion de ce textile associé au continent africain et porté aujourd’hui dans le monde entier. « Le but de ce parcours historique, c’est de remonter à la genèse de ce textile, comprendre ses origines asiatiques et comprendre aussi quelque part comment il s’est africanisé avec le temps. » nous dit Soloba Diakité, historienne de l’art, spécialiste du patrimoine textile africain et co–commissaire de l’exposition.
L’actualité du wax sur la scène de la mode, du design et de l’art contemporain vous est par ailleurs montrée grâce à la sélection de robes, photographies, peintures et installation présentées au Premier niveau de l’exposition.
De sa fabrication européenne inspirée du procédé indonésien du batik, à son exportation et au succès de son implantation sur les marchés africains et de la diaspora, ce tissu wax, faussement typiquement africain, l’est devenu notamment grâce au dynamisme des commerçantes « Nana Benz » (adeptes d’une célèbre marque d’automobile !) et au choix de couleurs et motifs riches de symboles adaptés à la vie quotidienne et aux cérémonies politiques et familiales. Ces symboles sont racontés et montrés à travers de nombreux exemples, intégrant portraits, textes et dessins devenus des classiques.
Aux origines de cette migration textile, le marchand écossais Ebenezer Brown Fleming a su séduire les élites africaines de la Gold Coast (Ghana actuel) en bénéficiant des évolutions industrielles de fabrication de ces tissus d’Asie (sous le régime colonial hollandais) au 19ème siècle et en profitant de l’invention de la machine à coudre. Ses designers textiles réalisèrent alors des dessins inspirés de diverses cultures d’Afrique, évoquant l’histoire, les proverbes, la faune, la flore et les contextes socio-politiques de leur création.
C’est ainsi que les rivalités amoureuses, les célébrations familiales, les événements royaux et nationaux sont apparus sur les pagnes au fil des décennies, devenant des étoffes pleines de significations selon l’imagination de leur clientèle et des commerçantes togolaises qui s’en firent le relais de diffusion à partir des années 30, engendrant un commerce florissant au fil des décennies, en relation avec la société néerlandais Vlisco et la britannique ABC.
« C’est une démarche de communication. On est dans cette pudeur où l’on va communiquer ; je ne vais pas le dire verbalement, mais tu vas le comprendre. » nous précise Soloba Diakité.
En témoignent les célèbres pagnes Mon mari est capable, Ton pied mon pied, L’oeil de ma rivale, L’union fait la force, l’abécédaire, fleur de mariage ou encore les tissus à l’effigie du pape Jean Paul 2, du président ivoirien Houphouët Boigny ou plus récemment, du médecin congolais Denis Mukwege, montrés dans l’exposition WAX du Musée de l’Homme à Paris.
La prééminence d’entreprises européennes dans la fabrication du wax a suscité de nombreuses critiques tant sur le plan esthétique, qu’économique. A l’heure de la mondialisation, c’est d’une importante production chinoise dont il est question. C’est ainsi que de nombreuses voix s’élèvent pour revaloriser les tissus traditionnels, porteurs de culture et de créativité africaine. Ndop au Cameroun, Kente* et Kita au Ghana et en Côte d’Ivoire, Faso dan fani au Burkina Faso, Bogolan au Mali, Léppi* en Guinée, Pagne Mandjak au Sénégal constituent un précieux patrimoine que certains créateurs de mode s’emploient à mettre en valeur comme le démontre l’exposition.
Comment leur donner encore plus de visibilité, quels sont les freins à leur diffusion, comment s’exerce la transmission des savoir-faire et pour quel marché ? Et quid d’une appropriation culturelle qui s’opère sans citer ses sources d’inspiration voire ses copies conformes ?
Pour en parler et nous les montrer, lors de cette table ronde modérée par Bintou Simporé en compagnie d’Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme en introduction de cette rencontre, interviendront Soloba Diakité, co-commissaire de l’exposition Wax, enseignante et historienne des Arts africains, Marie-Jeanne Serbin-Thomas, fondatrice et directrice du magazine féminin panafricain Brune, consultante internationale en matière de tendance des marchés émergents Afrique, Caraïbes, diaspora secteur mode,… et Lamine Badian Kouyaté, créateur de mode, fondateur de la ligne de vêtements Xuly Bët Funkin’Fashion Factory (en vidéo dans l’exposition).
Retrouvez la playlist concoctée par Bintou Simporé en lien avec l’exposition Wax.
Pour en savoir plus sur l’exposition, cliquez sur le lien juste ici. L’accès à la table ronde se fait sur présentation d’un billet de l’exposition – gagnez des places grâce à notre jeu concours en fin d’article.
* En 2024, le Kente, textile traditionnel du Ghana, a été ajouté à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco et le Léppi (pagne indigo) de Guinée a obtenu l’Indication Géographique Protégée délivrée par l’OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle).
Pour en voir et lire plus :
Anne Grosfilley, Wax & Co – Anthologie des tissus imprimés d’Afrique (Editions la Martinière, 2017)
Justine Sow, Wax Paradoxe (Bayard Graphic, 2025)
Helen Elands, Brown Fleming And The Haarlem Collection – The European production of Dutch wax prints for West Africa (Silvana Editoriale, 2025)
Ly Dumas, Ndop – Etoffes des cours royales et sociétés secrètes du Cameroun (éditeur Gourcuff Graden)
Jeu concours terminé.