À l’origine, une start-up créée… par une lycéenne.
Lundi 23 juillet, une pétition récoltait 3 500 signatures. Elle demande au lycée parisien Rocroy-Saint-Vincent-de-Paul de retirer un paragraphe de son règlement, en prévision de la rentrée 2018. Celui-ci stipule que « les élèves reçoivent en début d’année un porte-clés connecté (Bluetooth) qu’ils doivent avoir en permanence sur eux. Celui-ci sera désormais une aide afin de s’assurer de la présence de chacun d’eux en classe, sur les installations sportives, au CDI et lors des sorties mais aussi au cours des exercices de sécurité (incendie, plan particulier de mise en sûreté). »
Sans aucune procédure d’information auprès des parents ou des élèves, le lycée a donc décidé de mettre en place un système informatique, collectant les données de lycéens pour la plupart mineurs. La pétition a depuis été retirée, et, comme le signale Le Monde, le lycée a publié un article sur son site, précisant l’utilité du dispositif, développé par une start-up nommé « New School ».
« New School », c’est d’ailleurs l’oeuvre de Philippine Dolbeau, 19 ans. Elle a développé ce projet alors qu’elle en avait 16, lycéenne agacée par l’absentéisme. L’application « New School » repère les porte-clés des élèves par un signal bluetooth et procède ainsi à l’appel à chaque entrée en classe, de manière automatique, sur le téléphone de l’enseignant. Au bout de dix minutes, un SMS est envoyé sur le téléphone des parents de chaque absent en classe.
Encensée par BFM Business et par le maire de Bordeaux Alain Juppé au moment de la création de « New School », récompensée à de nombreuses reprises, Philippine Dolbeau assure révolutionner l’utilisation du numérique à l’école. Sur Twitter, elle s’insurge par exemple de l’interdiction du téléphone en milieu scolaire, récemment votée. Suite à la polémique, elle plaide la bonne foi : « On ne peut pas tracer les déplacements d’un élève, ce n’est pas un “mouchard”.»
Pourtant, ce système, qui n’a pas dû réjouir tous ses petits camarades à l’époque, pose de nombreuses problématiques. Notamment lorsqu’on envisage la possibilité qu’il puisse être détourné de son usage initial, sans parler de ses implications morales en termes de surveillance automatisée. Raison pour laquelle la grogne monte parmi enfants et parents d’élèves, qui réclament non seulement un droit à être informé, mais également à consentir. « Le consentement des élèves n’a pas été demandé », regrette Louise, une élève du lycée Rocroy Saint-Vincent-de-Paul interviewée par Franceinfo, « aucune information n’est vraiment en sécurité, surtout avec un système comme celui-ci ».
Visuel (c) Capture d’écran du site de New School