Les Trans, c’est un terrain d’exploration où l’on vient sans plan et on repart avec des obsessions neuves. Cette année encore, on s’est laissé perdre… et on a trouvé mieux que prévu.
Rennes en décembre, c’est toujours la même surprise. Tu arrives en grelottant, la nuit tombe à 17h, le vent pique, et pourtant… tu te retrouves dans l’un des festivals les plus chaleureux du pays. Rien de clinquant. Pas de têtes d’affiche, juste une ville qui se transforme en ruche, où des milliers de curieux viennent pour la même raison : découvrir et faire la fête.
Aux Trans, on marche beaucoup, entre deux halls, entre deux salles, entre deux moods. Le festival prend place chaque année à plusieurs endroits de la ville, mais là où l’on reste jusqu’au petit matin, c’est le Parc Expo. Un labyrinthe de hangars immenses, d’allées sombres et de lumières qui lèchent le béton. On passe d’un groupe de free jazz à un DJ set techno en 30 secondes. D’un live post-punk abrasif au Flower Power des hippies californiens ‘60s.
Cette année, plus de 55 500 festivalier·ères, 77 artistes, 30 pays et 15 premiers concerts hexagonaux. Aux Trans, tu ne viens pas voir ce que tu connais, tu viens voir ce que tu ne connais pas encore. Et évidemment, on a eu quelques coups de cœur…
Domenique Dumont
Un duo letton énigmatique, de la pop disco synthétique qui flotte comme un nuage trop léger pour choisir une direction. Sur scène, Anete Stuce chante avec à ses côtés Arturs Liepins, qui tricote des textures cotonneuses. On est dans le hall 8 mais on pourrait aussi être à Riga, à Paris ou sur l’île estonienne de Hiiumaa. C’est doux et ça a emporté tout le public rennais.
Obongjayar
Il arrive torse relevé, regard droit. Obongjayar chante ses textes qui glissent entre politique et spiritualité. Sa voix, brûlée sur les bords, porte quelque chose de presque chamanique. Son album Paradise Now était déjà un bonbon percussif, sensuel, western-érotique, sur scène, il y ajoute une énergie qu’il puise dans son afro beat teinté de soul. Si vous n’avez pas vu son interview dans nos studios en juin dernier… rattrapez-vous.
ssadcharlie
Théâtre dans le sang et punk-rap vicéral. Ssadcharlie débarque comme une lame fraîche dans la nuit de Rennes. Un pied dans le hip-hop, un autre dans le punk, un troisième (invisible) dans l’électronique la plus brute. Un live sur les nerfs, une confession publique, queer, sensible, parfois violente.
Martin Dupont
Quarante ans après leurs débuts, Martin Dupont revient. Pas une reformation nostalgique, ici on est sur un groupe qui sonne plus contemporain que les trois quarts de la scène synth actuelle. Leur cold wave n’a jamais été froide mais décalée et délicatement fiévreuse. Sur scène, les synthés analogiques brillent comme des rasoirs sous la lumière bleue et la voix d’Alain Seghir nage dans un clair-obscur élégant.
Tatyana Jane – Mind Enterprises – RHR
Trois ambiances. Trois façons de faire danser. Trois coups de cœur dans le hall 5.
Tatyana Jane : Un set qui claque, nerveux, hypnotique, bien bass, tout en montée, tout en tension. Une danse qui ressemble à un sprint qui ne s’arrête jamais pour un closing de vendredi parfait.
Mind Enterprises : Les nappes italiennes, les basslines discoïdes, les petites vrilles psyché qui attrapent le cerveau par surprise. Un plaisir sans filtre qui reprend tous les classiques italo-disco.
RHR : Plus sombre, plus tribal. Un mélange de baile funk et de bass music ultra-breakée, qui tape mais qui respire.
Quitter les Trans, c’est toujours la même chose. On sort tard. Très tard. Il fait froid, évidemment. On perd sa voix à force de parler trop loin et trop fort. Mais pourtant, on y rempile chaque année.
Rendez-vous du 2 au 6 décembre 2026 pour la 48e édition. On y sera.

