Six ans que The Streets n’étaient pas venus donner un concert à Paris. Une mixtape, un film, un album et quelques singles plus tard, leur concert au Bataclan ce vendredi 14 juin était particulièrement attendu. Radio Nova y était !
Depuis leur entrée fracassante sur la scène indie anglaise avec Original Pirate Material (2002), The Streets poursuit une carrière exemplaire. Au cours des 7 albums studios et de multiples projets et collaborations, le groupe de Birmingham, emmené par Mike Skinner, n’a cessé d’imprimer son style : raconter le quotidien very boring et très dur de la classe moyenne anglaise avec son accent cockney sur des prods mélangeant rap, house, UK Garage et grime. Un ton singulier pour un groupe devenu culte.
Vendredi, vers 20h00, des fans de la première heure, adolescents au début des années 2000 (faites le calcul), et un public plus jeune se mélangent sur le trottoir du boulevard Voltaire – 11e arrondissement de Paris. L’air est suffocant, l’ambiance familiale. Alors que le public patiente avec éventails et ventilateurs portables dans un Bataclan rempli, le groupe arrive sur scène avec des sirènes de police (façon dub) et une lumière bleu-rouge ambiance gyrophare. Les musiciens s’installent et le public reconnaît immédiatement les premières notes de violon de Turn the Page – son d’ouverture de leur premier album. Mike Skinner débarque sur scène, acclamé. Vingt ans après, le morceau conserve toute son efficacité. Les fans ont le sourire et l’émotion est présente. À peine terminé, Mike Skinner se jette dans la fosse du Bataclan alors que retentit la rythmique très club de Who’s Got The Bag. Le chanteur pogote avec le public sur le refrain. En deux morceaux, The Streets ont donné le ton, entre les samples de violons émotifs et la prod électro aux influences dubstep. Mike Skinner a ravi d’entrée les fans avec son tube classique puis a rompu toute tentation de complaisance nostalgique.
Les morceaux se succèdent rapidement. Mike Skinner démontre l’étendue de son répertoire entre ballades lentes, classiques hip-hop et morceaux taillés pour le club. Les arrangements du groupe sur scène (claviers, guitares, basse, batterie, chœur) donnent de la profondeur aux compositions avec une mention particulière pour le choriste-backeur, qui complète bien le flow parfois monotone de Skinner. Habillé d’un simple polo noir façon monsieur-tout-le-monde, le chanteur développe une complicité avec le public. Il rafraîchit la foule suintante avec son ventilateur tout en l’exhortant à faire des pogos avant chaque drop. Il interpelle les “naked guys”, ces hommes torse nu qui prennent beaucoup de place dans la fosse, et invite les femmes dans le public à faire à leur tour du crowdsurfing. Au bout de quelques interpellations du chanteur, ce sont finalement cinq femmes qui se font simultanément porter par la foule sous les applaudissements du Bataclan. L’image est belle, l’ambiance bon enfant.
Au bout d’une heure de concert, le guitariste lance le riff de Fit But You Know It, LE tube de The Streets, issu du deuxième album encore en playlist sur Radio Nova vingt ans après. L’effet est immédiat. Hurlements du public. La fosse devient un immense pogo, les verres de bière volent, le public chante en chœur les paroles. Le groupe semble jouer à domicile, dans un pub de Birmingham à 22h – fermeture imminente. The Streets quittent la scène et laissent derrière eux un Bataclan survolté et moite, avant de revenir pour le rappel attendu. Le groupe conclut par le très efficace Take Me As I Am, aux influences club drum & bass avec un final instrumental épique, reflet de la richesse musicale du groupe. The Streets ont prouvé qu’ils n’avaient rien perdu de leur efficacité, espérons simplement que l’attente soit moins longue avant la prochaine fois.