Une dystopie entre passé (colonial) et futur (inquiétant) appelle à sérieusement s’interroger sur notre présent.
Ca veut dire quoi résister aujourd’hui ? Peut-être faire du cinéma comme le fait Rabah Ameur-Zaïmeche. Des films économiquement de contrebande, qui vont à contre-courant pour mieux essayer de sentir le sens du vent. Il souffle fort dans Terminal Sud : un pouvoir plus qu’autoritaire s’est emparé d’un pays (l’Algérie des années G.I.A ? Une future France sous domination Rassemblement National ?) pour une mise sous cloche de la population. Le cadre est flou, le propos est limpide, entre résurgence d’un colonialisme avec lequel on n’a toujours pas rompu et porte ouverte sur une oppression d’état.
Comment vit-on dans un tel contexte ? Peut-être fatigué comme ce médecin sans nom, qui persiste à aller travailler à l’hôpital malgré les fouilles, les intimidations ou les morts qui s’accumulent. Fatigué mais résolu à reproduire les gestes de son quotidien d’avant. Dans une belle scène paisible, un ami lui demande, ce qu’il va faire quand plus rien ne sera autorisé. Il répond « Continuer ». Comme Ameur-Zaïmeche continue de faire un cinema guerilla, visant à comprendre l’ordre du monde. Si Terminal Sud ne donne pas d’indications précises sur sa géographie, c’est sans doute parce qu’il ne peut que résonner avec des mouvements désormais mondiaux, du Hirak dans certains pays arabes à la recrudescence des idées d’extrême-droite en Europe ou les soulèvements en Amérique du Sud. Mais aussi parce que ça lui permet d’être un vibrant appel à l’action face à des régimes politiques qui mettent les populations à la diète de leurs droits, avant qu’il ne soit trop tard.
A.M
En salles le 20 novembre
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