L’art numérique sahélien s’expose au Comptoir Général
11h sur Nova : l’heure des mutations culturelles et autres syndromes des années 10. Et la semaine dernière, on vous parlait de l’Afrique connectée et du digital art au Sahel.
Le Sahel sur la carte, c’est cette bande de terre qui borde le sud du Sahara, de l’Atlantique à la Mer Rouge. C’est notamment la région où vivent les fameux touaregs dont on entend pas mal parler ces derniers temps…
Et quand on dit touareg, je parie que ça vous évoque tout de suite une silhouette pastorale toute de bleu drapée. Ce n’est pas faux… mais ce n’est pas tout. Les touaregs sont aussi des hommes connectés !
On vous en avait déjà parlé en 2011 à l’occasion de notre nuit « Dégage » consacrée aux soulèvements démocratiques à travers le monde et aux outils numériques : depuis quelques années, on assiste à l’introduction d’outils de création numérique bon marché au Sahel. Outils qui ont servi à coordonner la rébellion touareg au Mali mais aussi engendré une déferlante d’images graphiques éphémères circulant via Facebook dans les cybercafés du désert et les puces des téléphones portables.
Des montages photo délirants et criards, très web lo-fi des nineties pour tout vous dire, en tout cas proche de l’esthétique seapunk s’il faut y apposer une étiquette fourre-tout. Mais surtout des images homemade qui traduisent autant de désirs, d’espoirs, de fantasmes collectifs mis à mal par la prise de pouvoir des fondamentalistes. Tout en mettant en avant le rôle des nouveaux médias et la démocratisation des outils de création…
Ainsi l’un des membres du groupe de blues touareg Tinariwen se retrouve sur fond jaune, la guitare électrique a remplacé le fusil (raccroché) des camps d’entraînement de Kadhafi…
Ou encore ce garçon à kalachnikov à la une de Fox News, enfin au cœur de l’attention mondiale, tandis que celui qui pourrait être son cousin détruit la Tour Eiffel à la force de ses poings – tout en arborant une montre dont même Sarkozy serait jaloux…
Enfin, sur fond rose, les contours de l’Azawad – cette région du Nord du Mali que les Touaregs rêvent indépendante – se dessinent à travers un passeport et une déclaration d’amour.
Cet art digital sahélien fait son entrée dans les galeries : une rétrospective y sera consacrée du 14 février au 14 avril 2013 au Comptoir Général à Paris.
Plus d’images et d’infos sur l’expo par ici.