La revue Mauvais Esprit en est déjà à son dixième numéro !
RAVAGES est une revue d’époque, et elle s’et donné pour mission de les traquer, les ravages. Qu’ils soient sournois ou brutaux, planétaires ou dans les cerveaux, elle utilise tous les moyens pour arriver à ses fins : artistiques, théoriques, littéraires, pamphlétaires, photographiques.
RAVAGES est une revue internationale, éclectique, théorique et littéraire, artistique, contradictoire, jubilatoire. Une vingtaine d’auteurs et de plasticiens différents interviennent dans chaque numéro. Ils viennent de pays et d’horizons différents. Car seule la diversité des intelligences, des mauvais esprits et des cœurs battants viendra à bout des ravages.
Dans ce dixième numéru il sera question du Burn Out
Edito d’Isabelle Sorente de ce dixième numéro :
« La liberté est la base du bonheur pour tout être vivant. Sans liberté, six millions de Tibétains seraient, comme une bougie dans le vent, sans direction », a écrit Jamphel Yeshi, avant de s’immoler par le feu en mars 2012, en plein centre de New Dehli, pour protester contre la venue du président chinois, Hu Jintao, dans la capitale indienne.
Quelques mois plus tard, en août 2012, un chômeur de cinquante et un ans s’est immolé devant les locaux de la caisse d’allocations familiales, en banlieue parisienne. En moins d’un an, un salarié de Michelin, un chômeur sur le site de Pôle Emploi, un salarié de France Télécom, ont accompli le même geste désespéré. Eux n’ont pas laissé de lettre comparable à celle de Jamphel Yeshi. La dimension collective est-elle pour autant absente ? Drame individuel, l’expression semble devenue banale dans le monde du travail, tandis que l’individu se réduit à la somme de ses problèmes personnels, ou à la zone de confort dont il est censé sortir.
Parler de suicide au lieu d’immolation nous protège de la vérité collective dite par les désespérés. Parler de burn-out nous protège par l’anglicisme de la violence du mot feu. L’anglais donne, même aux flammes, la couleur grise des open-space et de la rationalité. Mais l’embrasement de la détresse oblige à penser que les destins tragiques des torches humaines sont reliés entre eux, et reliés au nôtre.
Ce que nous disent les désespérés, comme les grands brûlés de la performance, c’est que l’interdiction d’énoncer la tragédie, l’interdiction de déposer son histoire individuelle dans les traces d’une histoire collective, revient à une asphyxie. Le moins que nous puissions faire est de comprendre ce qui brûle, quand le sens de la tragédie s’éteint.
Sommaire :
« Travail. Etymologie : torture. » Georges Marbeck « Burn-out. Epuisement chronique suivi de dépression » Wendy Delorme « Que brûle l’introverti dans l’enfer de l’open space » Isabelle Sorente « Je voudrais hurler » Aude Selly « Accélération aliénation » Hartmut Rosa « Trois ans après, je pourrais vomir » Odile Nizon « Je suis overload ! » Extrait du rapport du Centre d’Analyse Stratégique « Stresser stimule » Daniel Linhard « Done ! » Mathilde Serrell « Ma dignité, le respect de moi-même… brisés » Simone Weil « Femmes au bord de l’épuisement » Pascal Chabot « Evaluation, fausse solution » Angélique del Rey « Souffrance ou pathologie ? » Catherine Vidal « Gorge profonde, un travail harassant » Frédéric Joignot « Déchets » Olga Kisseleva
Et aussi… le Journal des ravages, la Joie ravageuse ; les textes littéraires, « L’entretien décalé » de Harrison Ford.
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